Y a plus de saisons !

Qu’on se le dise : les quatre prochains mois dans les salles obscures vont être riches de films attendus, de cinéastes majeurs et de découvertes passionnantes. En gros, il va falloir trouver de la place dans ses emplois du temps. Christophe Chabert

Avant, l’année d’un cinéphile était simple à organiser : de janvier à février, reprise des hostilités après les agapes familiales avec flopée de films à oscars ; en mars et avril, petit coup de mou avant Cannes, qui occupe ensuite les esprits jusqu’à fin juin ; en été, c’est la saison des blockbusters puis les auteurs reviennent faire l’événement à la rentrée de septembre. Mais en 2013, il y a comme un dérèglement climatique qui fait ressembler le calendrier cinéma à un continuum ininterrompu de films qui font saliver et de cinéastes dont on ne raterait pour rien au monde le nouvel opus. Juste pour le mois de janvier : les nouveaux Paul Thomas Anderson, Quentin Tarantino, Kathryn Bigelow (Zero dark thirty, sur la traque de Ben Laden) et Steven Spielberg, tous à une semaine d’intervalle ; en février, ce sera au tour de Zemeckis, De Palma (Passion, remake du Crime d’amour de Corneau) et Walter Hill (Du plomb dans la tête, avec Stallone !) ; et pour le seul 6 mars, Terrence Malick, Bryan Singer, Harmony Korine et le fabuleux No de Pablo Larraín, outsider qui pourrait créer la surprise. Même les habitués cannois devancent l’appel : le dernier Almodovar, Les Amants passagers, sera sur les écrans dès le 27 mars (et quelques jours auparavant aux Reflets du cinéma ibérique et latino-américain du Zola, qui s’offre ainsi un joli coup !) et Wong Kar-Wai dévoilera enfin The Grandmasters, son film sur IP Man, le maître de Bruce Lee, le 17 avril, le même jour que Mud de Jeff Nichols, un des plus beaux films vus à Cannes en… 2012. Michel Gondry, dont L’Écume des jours semblait un parfait concurrent pour le festival, n’y sera pas puisque le film sortira finalement le 24 avril. Bref, on a rarement vu maillage aussi serré d’événements en tout genre.

Django vs Lincoln

Reprenons les choses en diagonale. À commencer par le Django unchained de Quentin Tarantino. Le film sort la semaine prochaine, et on y consacrera une très large place tant ce western assoit son auteur au sommet du cinéma contemporain. Sous couvert d’un hommage fun et cinéphile aux westerns (spaghetti, mais pas seulement), Tarantino livre en fait son œuvre la plus grave, et sans doute le film le plus frontal jamais réalisé sur l’esclavage des noirs aux Etats-Unis. Une claque énorme ! Alors qu’il avait un peu loupé son propre film sur le sujet (Amistad), Steven Spielberg revient lui aussi sur la question à travers un biopic du Président Lincoln interprété par Daniel Day Lewis, qui paya de sa vie ses tentatives pour faire abolir l’esclavage. C’est le retour du Spielberg "sérieux", celui de La Liste de Schindler, du Soldat Ryan et de Munich, même si tout cela ne veut plus dire grand chose depuis ce chef-d’œuvre doux-amer qu’était Cheval de guerre. À l’inverse, c’est une toute autre facette de Terrence Malick que l’on découvrira dans À la merveille ; méditatif toujours, poétique encore, mais résolument contemporain et tourné vers le tourment amoureux autant que vers le tourment spirituel. À Venise, le film a divisé plus encore que Tree of life ; osons le dire, pour nous, Malick est génial, et il y a fort à parier que l’on penche du côté des laudateurs de cette œuvre intrigante. On dit souvent de Malick qu’il est un «visionnaire». On ne sait pas vraiment ce que ça veut dire, mais l’étiquette est aussi utilisée pour Robert Zemeckis et les frères (ou le frère et la sœur, on ne sait plus) Wachowski. Le premier délaisse la motion capture pour retrouver le cinéma en prises de vues réelles avec Flight (13 février), récit d’un pilote salué comme un héros avant que l’on découvre ses penchants pour l’alcool ; les seconds se sont associés à l’excellent Tom Tykwer pour accoucher d’un monstre de 2h45, Cloud Atlas (13 mars), récit fantastique foisonnant qui traverse les époques et repousse les limites de la figuration cinématographique.

So sexy !

Parmi les auteurs à suivre de près, il faudra compter sur Pablo Trapero, dont le Elefante blanco (20 février) offre un parfait prolongement à son déjà remarquable Carancho, à la fois lyrique, tendu et virtuose. Choc en perspective avec Spring breakers d’Harmony Korine, où l’enfant terrible du cinéma US transforme quelques bimbos (Vanessa Hudgens, Selena Gomez) en passeuses de drogue — ça sent le trash ! Derek Cianfrance retrouve Ryan Gosling deux ans après Blue Valentine pour le mystérieux The Place beyond the pines (20 mars) et le prolifique Steven Soderbergh Channing Tatum — à ses côtés, Jude Law et Rooney Mara, la classe ! avec Effets secondaires (3 avril). Pas beaucoup de Français dans cette sélection, direz-vous ? Allez, on en retiendra trois : Éric Rochant, dont le Möbius (27 février)  pourrait marquer le retour au premier plan après des années d’errance entre projets foireux et série télé Canal ; Agnès Jaoui, qui renouvelle son cinéma sociologique en l’hybridant au conte de fée avec Au bout du conte (6 mars) ; et enfin, un film gore français réalisé par le fils de Jacques Villeret, Alexandre, En pays cannibale (27 mars). Dis comme ça, ça a l’air gonzo, mais on a envie de croire en l’impossible en 2013 !

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