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Hijacking

Hijacking
De Tobias Lindholm (Dan, 1h39) avec Pilou Asbæk, Søren Malling...

Récit d’une piraterie racontée du point de vue des otages et du patron de l’entreprise qui affrète le bateau, le deuxième film de Tobias Lindholm, coscénariste de Thomas Vinterberg, crée le suspens grâce à un dispositif de mise en scène puissant et implacable. Christophe Chabert

On peut tout à fait imaginer ce que l’argument d’Hijacking aurait pu devenir s’il avait été laissé entre des mains, sinon mauvaises, du moins uniquement soucieuses d’efficacité : un thriller en haute mer façon Steven Seagal, où un cuistot téméraire réussirait à sauver son équipage d’une prise d’otages orchestrée par des pirates somaliens. Or, Tobias Lindholm, coscénariste des derniers Vinterberg mais aussi de la série Borgen, a choisi le réalisme dans le traitement des événements et, c’est sa plus grande force, un dispositif de mise en scène duquel il ne déroge pas et qui donne une dimension purement cinématographique au récit.

Les deux premières séquences en posent le principe : d’abord, la vie sur ce bateau danois, avant l’assaut ; puis une négociation dans les locaux de l’entreprise qui l’affrète entre le patron, son second et des Japonais, autour d’un marché de plus de dix millions de dollars. Au terme de cette scène, l’assaut a eu lieu, hors champ, et une autre négociation démarre, qui durera beaucoup plus longtemps — l’humain ayant à la fois moins de valeur économique et plus de valeur symbolique qu’une simple transaction financière.

Jeu d’échecs à l’aveugle

Lindholm orchestre ainsi des allers-retours entre le lieu du drame, où les conditions de survie des otages se dégradent et où ils tentent de nouer sans cesse le dialogue avec leurs geôliers, et l’endroit où les décisions se prennent, bureaux froids peuplés de costards cravates dont le mot d’ordre est : «pas d’émotions». Mais jamais le réalisateur ne crée de simultanéités entre ces deux champs : les séquences sont alternativement racontées d’un seul point de vue, laissant dans l’ombre ce qui se passe réellement de l’autre côté. Les ambiguïtés se multiplient alors et le film ressemble à un jeu d’échecs où l’on n’aurait accès qu’à une partie de la stratégie des adversaires.

Le plus fort reste la personnalité trouble d’Omar, qui se présente comme un simple «traducteur» au service des pirates, mais dont les réactions un peu trop franches laissent penser, sans qu’on puisse jamais l’affirmer, qu’il est le vrai cerveau de l’opération. Ni héroïsme, ni suspens facile ici : la tension naît des angles morts que Lindholm glisse en permanence dans sa narration des événements, elle surgit d’une ellipse, d’un silence radio, d’un malentendu linguistique… La tragédie n’en est que plus terrible : pour sauver des vies, combien doit-on en broyer, irréversiblement ?

Hijacking
De Tobias Lindholm (Danemark, 1h39) avec Pilou Absaek, Soren Malling…

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