Mardi 28 mai 2019 Juin étant à la fois le mois de la Fête de la Musique et celui de la Fête du Cinéma, les salles du réseau du Grac ont fait coup double avec leur dernière (...)
"Mort d'un cycliste", le franquisme dans la roue
Par Christophe Chabert
Publié Vendredi 4 octobre 2013 - 4772 lectures
Mort d'un cycliste
De Juan Antonio Bardem (1952, Esp, 1h28) avec Lucia Bose, Bruna Corra...
Alors que le caudillo Franco tenait d’une main de fer le cinéma espagnol et ne laissait entrer que d’anodins divertissements américains sur les écrans, ils furent rares ceux qui tentèrent une critique, même masquée, du régime. Juan Antonio Bardem y parvint, et ce n’est pas pour rien qu’il fût ensuite célébré comme le plus grand réalisateur espagnol de la période.
Mort d’un cycliste, qu’il tourne en 1955, est son chef-d’œuvre ; il emprunte au film noir et au mélodrame dans son ton, à Welles et Hitchcock dans son esthétique, pour un résultat qui annonce avec cinq ans d’avance les premiers Chabrol ! L’épouse adultère d’un riche industriel renverse un cycliste un soir de promenade automobile avec son amant prof d’université et le laisse pour mort. Tandis que le professeur est pris dans un tourbillon de culpabilité, la grande bourgeoise se préoccupe surtout de sauver les apparences et sa situation.
Le noir et blanc superbe et inquiétant, digne des meilleurs Clouzot, et l’usage du grand angle pour créer des cadres expressionnistes et menaçants, donnent au film son climat de paranoïa, qui culmine lors d’une scène de repas où l’épouse doit faire face à un maître chanteur suant et répugnant. La lâcheté est partout dans Mort d’un cycliste, ce qui pourrait suffire à en pointer le courage politique ; mais en arrière-plan, Bardem désigne aussi la jeunesse de son pays comme une source d’espoir, prête à demander justice, étanche à la corruption ambiante.
Mort d’un cycliste
De Juan Antonio Bardem (1955, Esp, 1h28) avec Lucia Bosé, Alberto Closas…
Dans les salles du GRAC dans le cadre de Ciné-Collection, jusqu’au 4 novembre
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Lundi 24 septembre 2018 C’est une semaine faste pour les publics des salles du réseau GRAC projetant les films Ciné-Collection, car deux programmations se chevauchent : deux (...)
Mardi 9 mai 2017 Dans son Voyage à travers le cinéma français, Bertrand Tavernier révèle que son premier souvenir de cinéma se rattache à la vision de Dernier Atout (1942) de (...)
Mardi 2 septembre 2014 La rentrée cinéma, c’est aussi celle du cinéma de patrimoine. Et il y en a partout : à l’Institut Lumière, chez UGC, dans les salles du GRAC… Du rare, du classique, des incontournables : que du bon !
Christophe Chabert
Mardi 4 février 2014 Un coffret DVD regroupant l’intégrale de son œuvre, une biographie, la réédition de ses nouvelles inédites et la ressortie en salles d’une partie de ses (...)
Vendredi 23 août 2013 Le cinéma de patrimoine, par-delà le festival Lumière, va-t-il devenir le prochain enjeu de l’exploitation lyonnaise ? En attendant d’aller voir de plus près ce qui se passe en la matière, revue des classiques à l’affiche dans les mois à venir et...