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ECRANS

Berlinale 2015, jour 4. Malick, évidemment…

« Knight of cups » de Terrence Malick.

ECRANS

Berlinale 2015, jour 4. Malick, évidemment…

« Knight of cups » de Terrence Malick.

Berlinale 2015, jour 4. Malick, évidemment…

par Christophe Chabert

Lundi 9 février 2015
8536
LECTURES

par Christophe Chabert

Lundi 9 février 2015
8536
LECTURES

Bien sûr, on a vu d’autres films aujourd’hui à Berlin… Bien sûr, monopoliser un billet entier pour un seul film, dans un festival, ce n’est pas forcément le contrat… Mais un nouveau film de Terrence Malick est un événement qui mérite qu’on lui accorde une place particulière. Et ce d’autant plus que Knight of cups est absolument admirable, surprenant pour ceux qui ne considèrent pas le cinéma de Malick seulement comme une suite d’images accompagnée de voix-off méditatives.

Depuis ce sommet indépassable qu’était Tree of life, il semble que Malick se plaise à déplier les motifs qu’il avait synthétisés dans son œuvre phare, tout en ramenant son cinéma vers des sujets profondément actuels. Déjà, dans À la merveille, il évoquait à sa manière singulière la crise des subprimes ou l’extraction du gaz de schiste. Dans Knight of cups, c’est l’écart monstrueux entre le monde du divertissement californien avec ses fêtes et ses excès, et les miséreux qui jonchent les trottoirs de Los Angeles où qui hantent les ateliers de fabrication clandestine. Un monde divisé, où les fossés se creusent comme des brèches causées par un séisme. C’est d’ailleurs un tremblement de terre qui fait sortir pour la première fois Rick, le protagoniste de Knight of cups, de son apathie. La scène est saisissante, la caméra enregistrant les murs qui tremblent et les passants qui se couchent par terre, alors qu’elle semble ne pas accuser les secousses, conservant cette apesanteur qui constitue un des aspects les plus saillants du style Malick — une fois encore, le travail d’Emmanuel Lubezki à l’image est prodigieux.

Divisé, Rick l’est aussi. Le film s’ouvre sur une parabole — dite par la voix grave de Charles Laughton, étonnante résurrection de l’acteur en narrateur fantôme — expliquant comment un prince part à la recherche d’un trésor, trouve une perle, puis boit une eau qui lui fait oublier son statut royal. Rick est ce prince, ce «chevalier des coupes» qui s’est perdu en chemin, un fils prodigue soumis à une amnésie le conduisant à chercher sans relâche son destin. Il est acteur, organise des soirées décadentes et sans fin dans sa villa hollywoodienne, et la voix-off le présente comme un «womanizer», un séducteur invétéré. Mais tout cela semble l’ennuyer, le couper un peu plus de l’essentiel et le plonger dans la culpabilité. Christian Bale rejoint ainsi la galerie des héros malickiens — Jim Caviezel dans La Ligne rouge, Sean Penn dans Tree of life, Ben Affleck dans À la merveille — tous égarés, errants, mais aussi doués de cette capacité d’émerveillement qui est, pour le cinéaste, le seul moyen de retrouver son être au monde.

Rick se perd dans le désert, comme s’il devait faire le point sur sa vie, et défilent alors les épisodes de son existence, tous résumés par une figure du jeu de tarot en guise de chapitre — une nouveauté dans la grammaire malickienne. Il y a d’abord ce père qui ne s’est jamais remis de la mort d’un de ses enfants et qui sombre dans une folie shakespearienne — une image bouleversante le montre sur une scène de théâtre devant un public clairsemé, Roi Lear contemporain déchu et désespéré. Il y a ensuite ce frère qui est comme l’antithèse de Rick : violent, imprévisible, explosif, associable. Malick offre ici un prolongement de ce qui était déjà au cœur de Tree of life : la fratrie amputée d’un de ses membres, provoquant un schisme impossible à combler. C’est aussi une bonne entrée dans ce qui deviendra le cœur de Knight of cups : le portrait de cette surface blanche qu’est Rick se dessine au contact de ceux qui le côtoient, d’abord sa famille, puis les femmes qu’il a aimées, convoitées, désirées, possédées.

Si chacune "représente" une voie possible dans la destinée sentimentale de Rick, Malick a l’intelligence de leur donner une vie propre à l’écran. Plus que la rockeuse sexy, l’étrangère inatteignable, l’épouse délaissée, la go-go danseuse affranchie ou l’amante adultère, ce sont avant tout de magnifiques portraits de femmes libres qu’il choisit de mettre en scène. C’était déjà sensible dans À la merveille, ça l’est puissance dix dans Knight of cups : Malick est un poète de la féminité, magnifiant ses actrices en leur offrant la possibilité d’une expressivité totale, jamais bridée ou canalisée. Même quand il filme une naïade anonyme dans une piscine ou sur un balcon, il le fait comme un peintre réaliserait un nu. Le nu a d’ailleurs remplacé chez Malick la nature (morte), beaucoup moins présente que d’habitude, même si on voit dans le film deux passages sublimes où des chiens plongent au ralenti pour attraper, la gueule ouverte, des balles en mousse et un pélican égaré qui déambule en pleine rue de Los Angeles…

En fin de compte, Knight of cups interroge avant tout la question de la «liberté», point de fuite du récit qui vient l’éclairer et le rendre d’un seul coup limpide. Malick délaisse ici Heidegger pour s’approcher des philosophes existentialistes, mais c’est à Bergson que l’on pense. En effet, Rick parvient à la liberté une fois synthétisées ses diverses expériences vitales, celles qui ont constitué son moi d’être libre qui s’exprimera ensuite dans tous ses choix futurs. Plus encore, cette idée de la liberté bergsonienne conçue comme un continuum, un flux d’événements qui s’interpénètrent dans la durée, est peut-être la meilleure définition du style Malick tel qu’il le pratique aujourd’hui : dans Knight of cups, comme dans À la merveille, tout semble couler comme dans un torrent de souvenirs ou un rêve arraché directement au subconscient de son auteur — cette idée du «rêve» est d’ailleurs très tôt évoquée dans le film, notamment à travers quelques images cosmiques encore plus belles que celles de Tree of life.

La générosité avec laquelle Malick prodigue ses visions est, même pour le plus grand connaisseur de son œuvre, une source infinie de surprises et d’enchantement. Regarder le monde à travers les yeux du cinéaste, c’est littéralement le redécouvrir. Lorsqu’on était sorti d’Adieu au langage à Cannes, on n’avait pas hésité à comparer ce Godard-là à Malick ; et il est vrai qu’on ne voit aucun autre cinéaste aujourd’hui possédant un désir aussi impérieux de montrer la puissance picturale du cinéma, mais aussi sa portée politique et métaphysique. On en revient à cette idée de liberté : là où tant de réalisateurs n’ont même plus besoin d’un producteur pour formater leurs films et revoir à la baisse leurs ambitions, Malick croit encore que le cinéma peut tout montrer, tout exprimer, tout faire ressentir, à partir du moment où il est un geste libre, une proposition unique que chaque spectateur — à condition qu’il ne soit pas lui-même formaté par les images interchangeables qu’il avale en permanence — pourra s’approprier, méditer et rêver, encore et encore.

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Depuis ce sommet indépassable qu’était Tree of life, il semble que Malick se plaise à déplier les motifs qu’il avait synthétisés dans son œuvre phare, tout en ramenant son cinéma vers des sujets profondément actuels. Déjà, dans À la merveille, il évoquait à sa manière singulière la crise des subprimes ou l’extraction du gaz de schiste. Dans Knight of cups, c’est l’écart monstrueux entre le monde du divertissement californien avec ses fêtes et ses excès, et les miséreux qui jonchent les trottoirs de Los Angeles où qui hantent les ateliers de fabrication clandestine. Un monde divisé, où les fossés se creusent comme des brèches causées par un séisme. C’est d’ailleurs un tremblement de terre qui fait sortir pour la première fois Rick, le protagoniste de Knight of cups, de son apathie. La scène est saisissante, la caméra enregistrant les murs qui tremblent et les passants qui se couchent par terre, alors qu’elle semble ne pas accuser les secousses, conservant cette apesanteur qui constitue un des aspects les plus saillants du style Malick — une fois encore, le travail d’Emmanuel Lubezki à l’image est prodigieux.

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