Le Sel de la terre
ECRANS le Mardi 14 octobre 2014 | par Christophe Chabert
Newsletter Lyon
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
On le croyait engoncé dans sa stature d’icône has been, contrebalançant la médiocrité de ses films de fiction par des documentaires consacrés à des "stars" culturelles (Pina Bausch, Sebastiao Salgado)… Mais Wim Wenders a encore la gnaque, et c’est ce que prouve Every Thing Will Be Fine.
Le réalisateur de Paris, Texas est allé dégotter le scénario d’un Norvégien, Bjorn Olaf Johannessen, l’a transposé dans une autre contrée enneigée mais anglophone, le Canada, l’a revêtu d’un casting international et sexy (James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel MacAdams) et, surtout, l’a réalisé en 3D. Mais pas pour lancer des objets à la figure du spectateur ; il aurait de toute façon eût du mal puisque l’histoire est du genre intimiste de chez intimiste.
On y suit sur une douzaine d’années les vicissitudes d’un écrivain (Franco) en panne et en bisbille avec sa compagne (MacAdams). Après une énième dispute, il écrase par accident l’enfant d’une jeune femme secrète (Gainsbourg) vers qui il sera attiré comme un aimant. Le récit avance à coups d’ellipses temporelles où le personnage s’accomplit à travers une série de paradoxes : la tragédie débloque son inspiration et le conduit vers le succès ; il trouve un point d’équilibre sentimental auprès d'une mère divrocée (Croze) mais cette sérénité retrouvée se transforme en engourdissement émotionnel.
ECRANS le Mardi 14 octobre 2014 | par Christophe Chabert
On le voit, le scénario ne lésine pas sur la pesanteur psychologique et cette odyssée chuchotée n’est pas exempte de quelques clichés. Par ailleurs, Wenders se montre incapable de figurer le passage du temps autrement que par des méthodes grossières. Cela dit, on est heureux de le voir délaisser les considérations vaseuses et stériles sur les images et la violence qui ont plombé son œuvre depuis Si loin, si proche.
Mais c’est bien l’utilisation inédite de la 3D qui permet à Every Thing Will Be Fine de passer du banal à l’extraordinaire. Aidé par sa stéréographe Joséphine Dérobe et par le chef opérateur Benoît Debie, Wenders repense en permanence l’appréhension de l’espace par l’image, que ce soit dans des gros plans où les visages surgissent de la pénombre ou dans des travellings qui révèlent lentement l’environnement autour des personnages. Tout ici devient une matière picturale permettant d’être au plus près des êtres et des choses, réinventant ainsi le sens du cadre et des dynamiques narratives. Dans un geste de pionnier, Wenders œuvre discrètement pour le cinéma de demain — pour tous les cinémas de demain.
Every Thing Will Be Fine
De Wim Wenders (All-Fr-Can, 1h55) avec James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze…
On le croyait engoncé dans sa stature d’icône has been, contrebalançant la médiocrité de ses films de fiction par des documentaires consacrés à des "stars" culturelles (Pina Bausch, Sebastiao Salgado)… Mais Wim Wenders a encore la gnaque, et c’est ce que prouve Every Thing Will Be Fine.
Le réalisateur de Paris, Texas est allé dégotter le scénario d’un Norvégien, Bjorn Olaf Johannessen, l’a transposé dans une autre contrée enneigée mais anglophone, le Canada, l’a revêtu d’un casting international et sexy (James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze, Rachel MacAdams) et, surtout, l’a réalisé en 3D. Mais pas pour lancer des objets à la figure du spectateur ; il aurait de toute façon eût du mal puisque l’histoire est du genre intimiste de chez intimiste.
On y suit sur une douzaine d’années les vicissitudes d’un écrivain (Franco) en panne et en bisbille avec sa compagne (MacAdams). Après une énième dispute, il écrase par accident l’enfant d’une jeune femme secrète (Gainsbourg) vers qui il sera attiré comme un aimant. Le récit avance à coups d’ellipses temporelles où le personnage s’accomplit à travers une série de paradoxes : la tragédie débloque son inspiration et le conduit vers le succès ; il trouve un point d’équilibre sentimental auprès d'une mère divrocée (Croze) mais cette sérénité retrouvée se transforme en engourdissement émotionnel.
ECRANS le Mardi 14 octobre 2014 | par Christophe Chabert
On le voit, le scénario ne lésine pas sur la pesanteur psychologique et cette odyssée chuchotée n’est pas exempte de quelques clichés. Par ailleurs, Wenders se montre incapable de figurer le passage du temps autrement que par des méthodes grossières. Cela dit, on est heureux de le voir délaisser les considérations vaseuses et stériles sur les images et la violence qui ont plombé son œuvre depuis Si loin, si proche.
Mais c’est bien l’utilisation inédite de la 3D qui permet à Every Thing Will Be Fine de passer du banal à l’extraordinaire. Aidé par sa stéréographe Joséphine Dérobe et par le chef opérateur Benoît Debie, Wenders repense en permanence l’appréhension de l’espace par l’image, que ce soit dans des gros plans où les visages surgissent de la pénombre ou dans des travellings qui révèlent lentement l’environnement autour des personnages. Tout ici devient une matière picturale permettant d’être au plus près des êtres et des choses, réinventant ainsi le sens du cadre et des dynamiques narratives. Dans un geste de pionnier, Wenders œuvre discrètement pour le cinéma de demain — pour tous les cinémas de demain.
Every Thing Will Be Fine
De Wim Wenders (All-Fr-Can, 1h55) avec James Franco, Charlotte Gainsbourg, Marie-Josée Croze…
De Wim Wenders (All-Cda-Nor-Fr-Suè, 1h55) avec James Franco, Charlotte Gainsbourg...
De Wim Wenders (All-Cda-Nor-Fr-Suè, 1h55) avec James Franco, Charlotte Gainsbourg...
voir la fiche du film
Après une dispute avec sa compagne, Tomas, un jeune écrivain en mal d’inspiration, conduit sa voiture sans but sur une route enneigée. En raison de l'épaisse couche de neige et du manque de visibilité, Tomas percute mortellement un jeune garçon qui traversait la route.
voir la fiche du filmECRANS | Avec ce portrait de la vie et de l’œuvre du photographe brésilien Sebastião Salgado, Wim Wenders signe un documentaire-musée soigné, passionnant dans son (...)
ECRANS | De Wim Wenders (All-Fr, 1h43) documentaire (...)
ECRANS | Il y a trente ans, au terme d’un festival de Cannes où il avait plu sans interruption, le jury couronnait Paris, Texas de Wim Wenders, dont personne (...)
Le Film de la Quinzaine par Vincent Raymond le Vendredi 25 septembre 2020 | À la fois “moking of” d’un film qui n’existe pas, reportage sur une mutinerie, bacchanale diabolique au sein du plus déviant des arts, vivisection (...)
Comédie par Vincent Raymond le Mardi 15 octobre 2019 | Jadis écrivain prometteur, Henri n’a rien produit de potable depuis des années. La faute en incombe, selon lui, à sa femme et ses enfants qu’il accuse de (...)
Comédie par Vincent Raymond le Mardi 29 janvier 2019 | À la fois désuète et très contemporaine, cette imbrication de sketches parlant de l’éternel jeu de chat et chien que se jouent femmes et hommes signe le (...)
Béni oui-oui par Vincent Raymond le Lundi 10 septembre 2018 | de Wim Wenders (It-Sui-Fr-All, 1h36) avec Jorge Mario Bergoglio… (...)
Reprise par Vincent Raymond le Mardi 15 mai 2018 | Selon Baudelaire, « la plus belle des ruses du diable est de vous persuader qu'il n'existe pas ». Le Malin possède, entre mille vices, un (...)
PLAY-LIST par Vincent Raymond le Lundi 9 avril 2018 | Faire une rétrospective Wenders, c’est voyager dans le juke-box d’un vieux fan du rock à tu et à toi avec ses idoles des années 1960 à 2000. Playlist again, Wim (...)
Biopic par Vincent Raymond le Mardi 6 mars 2018 | de et avec James Franco (E-U, 1h44) avec également Dave Franco, Seth Rogen… (...)
Interview par Vincent Raymond le Mardi 19 décembre 2017 | Pierre Niney enfile un nouveau costume prestigieux : celui d’un auteur ayant au moins autant vécu d’existences dans la vraie vie que dans ses romans, (...)
ECRANS par Vincent Raymond le Mardi 19 décembre 2017 | de Éric Barbier (Fr, 2h10) avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon… (...)
Le Film de la Semaine par Vincent Raymond le Mardi 16 mai 2017 | Arnaud Desplechin entraîne ses personnages dans un enchâssement de récits, les menant de l’ombre à la lumière, de l’égoïsme à la générosité dans un thriller romanesque (...)