Cannes 2015, jours 8 et 9. Love, love, love
ECRANS le Dimanche 24 mai 2015 | par Christophe Chabert
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Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
1 -
Cannes 2015, jours 10 et 11. La dernière ligne droite…
2 - Michel Franco : "Chronic" d’une merde annoncée
3 - "Macbeth" : trop de bruit et trop de fureur
4 - "Notre petite sœur" : Kore-eda en mode mineur(e)
5 - "Marguerite et Julien" : le pot-pourri de Donzelli
6 - Un palmarès chahuté mais plutôt habile
Encore une poignée de films arrachés à l’épuisement de fin de festival. Une journée pour souffler après le Palmarès. Et nous voilà de retour derrière notre clavier pour commenter tout ça, depuis nos calmes pénates et sous un ciel grisâtre, loin des coups de soleil et du stress cannois.
La fin de la compétition — et les deux films rattrapés in extremis avant de rentrer — auront achevé de faire pencher la balance longtemps indécise du jugement global porté sur sa qualité : c’était quand même très moyen. On y reviendra à la fin de ce billet, mais il faut remonter à loin pour trouver autant de déceptions, sinon de films franchement mauvais, dans ce qui est censé être le top du festival. Et s’il y eût aussi quelques grands moments, c’est bien l’écart entre les deux extrêmes qui pose question. Mais bon, ne spoilons pas, on développera plus tard.
Ainsi du Valley of Love de Guillaume Nicloux qui, sans être le «navet» proclamé par certains, nous a quand même sérieusement laissé sur notre faim. Il faut dire que Nicloux est un drôle de cinéaste, que l’on a d’abord beaucoup aimé — grâce à sa trilogie policière Une affaire privée / Cette femme-là / La Clef — puis qu’on a lentement abandonné, jusqu’à son coup d’éclat de l’an dernier : son téléfilm Arte avec et autour de Michel Houellebecq (L’Enlèvement de Michel Houellebecq).
ECRANS le Dimanche 24 mai 2015 | par Christophe Chabert
Qui partage de nombreuses similitudes avec Valley of Love, à commencer par l’idée de mélanger réalité et fiction en faisant de ses personnages des acteurs connus interprétant leur propre rôle à l’écran. Pas n’importe quels acteurs : Gérard Depardieu et Isabelle Huppert. Le film n’est pas avare en transparences entre ce que l’on sait de leur vie et ce que l’on en dit à l’écran, notamment concernant cet ogre de Gégé.
C’est sans doute la meilleure idée de Valley of Love : aujourd’hui, Depardieu est un personnage bigger than life, bigger en tout cas que tous ceux qu’on pourrait lui inventer à l’écran. Big d’abord par sa corpulence, qu’il étale et réfléchit tout au long du film ; big aussi par le romanesque qui l’entoure. Comme le personnage du film, lui aussi vit dans le deuil d’un fils, et de ce drame-là découle sans doute sa misanthropie actuelle, son désir de fuite permanente.
Justement, le voilà au beau milieu de nulle part, dans la Vallée de la mort, avec son ancienne compagne (Huppert, qui tient la dragée haute à son monstrueux partenaire), réunis par deux lettres posthumes que leur a envoyées Michael avant son suicide. Il était homosexuel, un peu artiste, et il vivait aux États-Unis avec son compagnon. Le reste de sa vie est un mystère pour ses parents et, comme mus par une culpabilité de ne l’avoir pas assez connu — et de n’avoir pu conjurer son geste fatal — les voilà qui accomplissent sa dernière volonté : qu’ils se retrouvent dans le désert, guettant un signe qui les réunira furtivement tous les trois une dernière fois.
ECRANS le Jeudi 21 mai 2015 | par Christophe Chabert
Nicloux avance ainsi dans un drôle de mixte entre Gerry, M. Night Shyamalan et Picnic à Hanging Rock, entre stases contemplatives, fantastique en sourdine et quotidienneté triviale. On ne sait d’ailleurs jamais vraiment dans quelle direction Valley of Love va pencher : comédie, tragédie, conte mystique ? Un peu de tout cela, et c’est finalement ce refus de choisir une voie plutôt qu’une autre qui handicape le film et nous laisse sur notre faim.
Si la première partie tient beaucoup à la puissance des deux acteurs et à quelques séquences assez drôles où Depardieu se révèle vachard comme on sait qu’il peut l’être, le film négocie mal son virage vers la gravité et encore plus vers le mystère. Trop long et en même temps un peu court — il manque un bon quart d’heure final pour vraiment faire ressentir le trouble qui s’empare du couple à mesure qu’il approche de la vérité — le film se résume à un beau projet, globalement inabouti.
Encore une poignée de films arrachés à l’épuisement de fin de festival. Une journée pour souffler après le Palmarès. Et nous voilà de retour derrière notre clavier pour commenter tout ça, depuis nos calmes pénates et sous un ciel grisâtre, loin des coups de soleil et du stress cannois.
La fin de la compétition — et les deux films rattrapés in extremis avant de rentrer — auront achevé de faire pencher la balance longtemps indécise du jugement global porté sur sa qualité : c’était quand même très moyen. On y reviendra à la fin de ce billet, mais il faut remonter à loin pour trouver autant de déceptions, sinon de films franchement mauvais, dans ce qui est censé être le top du festival. Et s’il y eût aussi quelques grands moments, c’est bien l’écart entre les deux extrêmes qui pose question. Mais bon, ne spoilons pas, on développera plus tard.
Ainsi du Valley of Love de Guillaume Nicloux qui, sans être le «navet» proclamé par certains, nous a quand même sérieusement laissé sur notre faim. Il faut dire que Nicloux est un drôle de cinéaste, que l’on a d’abord beaucoup aimé — grâce à sa trilogie policière Une affaire privée / Cette femme-là / La Clef — puis qu’on a lentement abandonné, jusqu’à son coup d’éclat de l’an dernier : son téléfilm Arte avec et autour de Michel Houellebecq (L’Enlèvement de Michel Houellebecq).
ECRANS le Dimanche 24 mai 2015 | par Christophe Chabert
Qui partage de nombreuses similitudes avec Valley of Love, à commencer par l’idée de mélanger réalité et fiction en faisant de ses personnages des acteurs connus interprétant leur propre rôle à l’écran. Pas n’importe quels acteurs : Gérard Depardieu et Isabelle Huppert. Le film n’est pas avare en transparences entre ce que l’on sait de leur vie et ce que l’on en dit à l’écran, notamment concernant cet ogre de Gégé.
C’est sans doute la meilleure idée de Valley of Love : aujourd’hui, Depardieu est un personnage bigger than life, bigger en tout cas que tous ceux qu’on pourrait lui inventer à l’écran. Big d’abord par sa corpulence, qu’il étale et réfléchit tout au long du film ; big aussi par le romanesque qui l’entoure. Comme le personnage du film, lui aussi vit dans le deuil d’un fils, et de ce drame-là découle sans doute sa misanthropie actuelle, son désir de fuite permanente.
Justement, le voilà au beau milieu de nulle part, dans la Vallée de la mort, avec son ancienne compagne (Huppert, qui tient la dragée haute à son monstrueux partenaire), réunis par deux lettres posthumes que leur a envoyées Michael avant son suicide. Il était homosexuel, un peu artiste, et il vivait aux États-Unis avec son compagnon. Le reste de sa vie est un mystère pour ses parents et, comme mus par une culpabilité de ne l’avoir pas assez connu — et de n’avoir pu conjurer son geste fatal — les voilà qui accomplissent sa dernière volonté : qu’ils se retrouvent dans le désert, guettant un signe qui les réunira furtivement tous les trois une dernière fois.
Nicloux avance ainsi dans un drôle de mixte entre Gerry, M. Night Shyamalan et Picnic à Hanging Rock, entre stases contemplatives, fantastique en sourdine et quotidienneté triviale. On ne sait d’ailleurs jamais vraiment dans quelle direction Valley of Love va pencher : comédie, tragédie, conte mystique ? Un peu de tout cela, et c’est finalement ce refus de choisir une voie plutôt qu’une autre qui handicape le film et nous laisse sur notre faim.
ECRANS le Jeudi 21 mai 2015 | par Christophe Chabert
Si la première partie tient beaucoup à la puissance des deux acteurs et à quelques séquences assez drôles où Depardieu se révèle vachard comme on sait qu’il peut l’être, le film négocie mal son virage vers la gravité et encore plus vers le mystère. Trop long et en même temps un peu court — il manque un bon quart d’heure final pour vraiment faire ressentir le trouble qui s’empare du couple à mesure qu’il approche de la vérité — le film se résume à un beau projet, globalement inabouti.
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