La rentrée de l'Institut Lumière

Frappé par la perte de son historien maison Raymond Chirat fin août, l'institut Lumière trompe son deuil en s'investissant sur tous les fronts. La frénésie scorsesienne semble contagieuse…

La rentrée s’est déjà effectuée rue du Premier-Film. Tristement, d'abord, avec la disparition de l'une des mémoires des lieux ; l'un de ceux qui, avec Bernard Chardère, avaient milité pour que Lyon se dote, à l'endroit où le 7e art était né, d'une institution cinématographique digne de ce nom. Cruelle ironie du sort : Raymond Chirat est mort la veille de la soirée de reprise de saison. Une saison ne célébrant plus d'énigmatique chiffre moyennement rond (les 120 ans de l'invention du Cinématographe, à l'instar de la Maison Gaumont), mais qui s'annonce conquérante sur le site historique, comme hors les murs.

Dans la ligne de mire, le Festival Lumière (du 12 au 18 octobre) avec un hommage à Pixar, une Nuit de la Peur et le Prix Lumière décerné au cinéaste Martin Scorsese. Pour réviser son œuvre récente, les quatre films qu’il a tournés avec sa nouvelle muse Leonardo DiCaprio (Aviator, Les Infiltrés, Shutter Island et Le Loup de Wall Street) seront projetés en septembre. La salle du Hangar accueillera également Costa-Gavras à l’occasion d’une jolie rétrospective (le grand Constantin présentera des copies restaurées de Z et de État de siège les 15 et 16 septembre), complétée par une exposition de ses photographies personnelles dans la galerie de la rue de l’Arbre-sec. Et puis l’on croisera Denis Robert pour un salut à Cavanna avec Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai (24 septembre) ou Luc Jacquet pour son beau (quoique lisse) portrait du glaciologue Claude Lorius La Glace et le Ciel (30 octobre). Ultime nouveauté : une programmation le week-end de «classiques éclectiques» (de Ascenseur pour l’échafaud à Jurassic Park en passant par Amadeus et Sorcerer), projetés samedi ET dimanche.

Hors les murs

C’est toutefois en débordant largement au-delà du 8e arrondissement que l’Institut va faire parler de lui dans les prochaines semaines. D’abord avec la réouverture imminente (le 9 septembre) et très attendue du cinéma La Fourmi (Lyon 3e), dont la programmation «épousera la ligne éditoriale historique du lieu : sorties, continuations, reprises». Cédé par François Keuroghlian, le petit complexe de 3 salles (34, 39 et 63 places) a été rénové et ses destinées confiées à Sylvie Da Rocha, qui devrait chapeauter également les CNP. Du flou et des d’interrogations demeurent sur le sort des salles ex-Moravioff : a priori, le site de Bellecour, encore en réfection, devrait s’ouvrir pour le Festival Lumière et poursuivre son exploitation dans la foulée. À voir.

Plus sûre, la sortie du coffret DVD et Blu-ray de 114 films Lumière restaurés en 4K numérique, qui donnera lieu à une soirée événementielle : la projection de Lumière, le film ! à l’Auditorium le 29 septembre. On finira par une note sucrée : la bûche de Noël — non, on n'a pas bifurqué vers l'institut Paul Bocuse. Cette déclinaison est à mettre au crédit du chocolatier Sève qui, l’an passé, s’était pâtissièrement penché sur le cas du Musée des Confluences pour célébrer son ouverture. Amateurs de Lumière, préparez-vous à déguster !

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