The Visit

The visit
De M. Night Shyamalan (ÉU, 1h34) avec Olivia DeJonge, Ed Oxenbould...

Après s’être embourbé dans de dispendieuses superproductions, M. Night Shyamalan renoue avec un cinéma plus contraint, tant du point de vue économique que narratif. Un retour aux sources bénéfique pour celui qui avait été bien trop tôt intronisé successeur de Spielberg.

Leur mère prenant du bon temps en croisière, Becca et son frère Tyler partent une semaine dans la ferme isolée de leurs grands-parents, qu’ils n’ont jamais rencontrés. Toujours vissée à sa caméra, l’adolescente compte profiter de l’aubaine pour tourner un documentaire sur la brouille familiale à l’origine de cette mise à l’écart. Le comportement des aïeux va la faire déchanter…

Shyamalan aurait-il compris l’inanité de sa stratégie inflationniste, le conduisant à signer des blockbusters de plus en plus boursouflés… et de moins en moins efficaces ? Reposant sur des martingales d’écriture éprouvées, son cinéma ne pouvait qu’y perdre au change — les grosses ficelles scénaristiques se transformant en cordes énormes sous l’effet de l’homothétie budgétaire.

Avec The Visit, il semble enfin assumer son statut de bon auteur de séries B, se satisfaisant d’un cahier des charges raide comme un coup de trique : un dispositif minimal du genre found footage (façon Blair Witch Project), un décor confinant au huis clos, une distribution réduite et le pari de revenir à l’essence de l’épouvante — misant sur le physiologique effet de surprise, plutôt que sur le psychologique effet de suspense.

S’il s’autorise quelques fioritures de-ci, de-là, (comme un sample de B.O. de film romantique devenant, à force d’écoute, aussi angoissant qu’un thème de slasher composé par Carpenter), Shyamalan se préoccupe avant tout de rythmer sa progression horrifique. Même son inévitable twist scénaristique se met au service du crescendo, catalysant le dénouement au lieu d’en constituer l’alpha et l’oméga !

Sales gosses !

Le réalisateur opère un autre glissement intéressant, en se départant de cette naïveté sirupeuse affectant en général ses films et préservant ses héros enfantins de la vilénie du monde — un idéal de pureté contraire à l’esprit des contes de fées, du gothique et des films d’horreur. Ici, il les "salit" franchement (au sens "propre", c’est-à-dire qu’il les couvre d’immondices), il atomise une famille en instillant une dose de vice maléfique, le tout dans un lieu unique peuplé de vieillards inquiétants — Friedkin, Zulawski ou Polanski apprécieraient.

Il faut vraiment chercher la petite bête pour objecter que la crédibilité de The Visit est ontologiquement entachée par un détail insignifiant : le fait qu’une ado d’aujourd’hui utilise des caméras plutôt que son smartphone pour cadrer. D’accord, on s’en moque totalement, mais l’outil aurait pu influer sur l’esthétique du film…

The Visit
De M. Night Shyamalan (ÉU, 1h34) avec Kathryn Hahn, Deanna Dunagan, Peter McRobbie…

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