Alice au pays des merveilles
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert
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Dépositaire des histoires de son grand-père qui vient d’être assassiné et énucléé par un monstre, un ado part à la recherche d’une boucle temporelle où vit depuis le 3 septembre 1943 Miss Peregrine et son orphelinat pour enfants doués de pouvoirs surnaturels. Son but ? Vraisemblablement les protéger, venger son aïeul et plus si affinités…
Comme un enfant pour grandir doit se résoudre à abandonner ses antiques doudous chéris, fallait-il que Tim Burton se défasse de tous ses collaborateurs de longue date pour arrêter de tourner en rond — ou en vain ? Au rebut, Johnny “mono-expression figée” Depp, Helena “harpie transformiste” Bonham-Carter, Danny “boîte à musique” Elfman, pareils à des objets transitionnels le raccrochant à ses vieux pots éventés desquels il ne sortait plus que de vilaines soupes depuis des années.
Il lui a sans doute fallu se faire violence pour aller chercher des talents compatibles avec son univers — certains, comme Eva Green, Terrence Stamp ou Bruno Delbonnel avaient déjà fait un round d’observation chez lui. Mais le résultat vaut le “sacrifice” : Miss Peregrine… est empli d’une vigueur nouvelle, tout en demeurant une œuvre burtonniennne grâce à ses invariants — c'est-à-dire peuplée de monstres freaksiens reclus dans un manoir, hantée par la culture gothique. Elle fait simplement le deuil du second degré grimaçant, du clownesque puéril aussi collant et inutile que cette patine visqueuse dont il imprégnait chacune de ses images.
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert
Burton, en fait, effectue ici la démarche inverse de ses personnages : lui s’est extrait de la boucle temporelle dans laquelle il s’était claquemuré pendant des lustres obscurs pour accepter de mûrir. Se remettre en phase avec l’époque contemporaine (comme le vampire du sinistre Dark Shadows) sans renoncer à ce qu’il est foncièrement ni à ce qu’il aime.
Pour lui, le risque de cette mue tardive aurait été de livrer un succédané de ces films de fantasy pour post-pubères fleurissant par poignées sur les écrans ; il n’en est heureusement rien : on est ici plus proche de la tradition macabre façon Harryhausen que du merveilleux-gentil à la Harry Potter. Il ne se brime ni ne se bride, compose des images effrayantes sans les désamorcer par un gag, rejoue Titanic mais à l’envers, manipule les rêves ; semble prendre du plaisir et, pour la première fois depuis bien longtemps, nous en donne.
Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton (E.-U.-Bel.-G.-B., 2h07) avec Eva Green, Asa Butterfield, Samuel L. Jackson, Terrence Stamp…
Dépositaire des histoires de son grand-père qui vient d’être assassiné et énucléé par un monstre, un ado part à la recherche d’une boucle temporelle où vit depuis le 3 septembre 1943 Miss Peregrine et son orphelinat pour enfants doués de pouvoirs surnaturels. Son but ? Vraisemblablement les protéger, venger son aïeul et plus si affinités…
Comme un enfant pour grandir doit se résoudre à abandonner ses antiques doudous chéris, fallait-il que Tim Burton se défasse de tous ses collaborateurs de longue date pour arrêter de tourner en rond — ou en vain ? Au rebut, Johnny “mono-expression figée” Depp, Helena “harpie transformiste” Bonham-Carter, Danny “boîte à musique” Elfman, pareils à des objets transitionnels le raccrochant à ses vieux pots éventés desquels il ne sortait plus que de vilaines soupes depuis des années.
Il lui a sans doute fallu se faire violence pour aller chercher des talents compatibles avec son univers — certains, comme Eva Green, Terrence Stamp ou Bruno Delbonnel avaient déjà fait un round d’observation chez lui. Mais le résultat vaut le “sacrifice” : Miss Peregrine… est empli d’une vigueur nouvelle, tout en demeurant une œuvre burtonniennne grâce à ses invariants — c'est-à-dire peuplée de monstres freaksiens reclus dans un manoir, hantée par la culture gothique. Elle fait simplement le deuil du second degré grimaçant, du clownesque puéril aussi collant et inutile que cette patine visqueuse dont il imprégnait chacune de ses images.
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Christophe Chabert
Burton, en fait, effectue ici la démarche inverse de ses personnages : lui s’est extrait de la boucle temporelle dans laquelle il s’était claquemuré pendant des lustres obscurs pour accepter de mûrir. Se remettre en phase avec l’époque contemporaine (comme le vampire du sinistre Dark Shadows) sans renoncer à ce qu’il est foncièrement ni à ce qu’il aime.
Pour lui, le risque de cette mue tardive aurait été de livrer un succédané de ces films de fantasy pour post-pubères fleurissant par poignées sur les écrans ; il n’en est heureusement rien : on est ici plus proche de la tradition macabre façon Harryhausen que du merveilleux-gentil à la Harry Potter. Il ne se brime ni ne se bride, compose des images effrayantes sans les désamorcer par un gag, rejoue Titanic mais à l’envers, manipule les rêves ; semble prendre du plaisir et, pour la première fois depuis bien longtemps, nous en donne.
Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton (E.-U.-Bel.-G.-B., 2h07) avec Eva Green, Asa Butterfield, Samuel L. Jackson, Terrence Stamp…
Crédit Photo : © DR
De Tim Burton (ÉU, 2h07) avec Eva Green, Asa Butterfield...
De Tim Burton (ÉU, 2h07) avec Eva Green, Asa Butterfield...
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À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs … et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre "particularité" peut sauver ses nouveaux amis.
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