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Les Affamés

Léa Frédeval : « ma génération doit s'enlever de l'individualisme »

Léa Frédeval raconte la genèse du film adapté de son livre qu’elle avait présenté en primeur au Rencontres du Sud d’Avignon. Elle confie également ses futurs projets…

Les Affamés

Léa Frédeval : « ma génération doit s'enlever de l'individualisme »

Léa Frédeval raconte la genèse du film adapté de son livre qu’elle avait présenté en primeur au Rencontres du Sud d’Avignon. Elle confie également ses futurs projets…

Léa Frédeval : « ma génération doit s'enlever de l'individualisme »

par Vincent Raymond

Mardi 26 juin 2018
1555
LECTURES

par Vincent Raymond

Mardi 26 juin 2018
1555
LECTURES

Votre aventure est partie d’un roman ? 
Léa Frédeval :
Oui, Les Affamés a été publié en 2014. Ce sont les édition Bayard qui m’ont commandé le livre… Je n’avais pas prévu d’écrire du tout. J’en étais à ma troisième année de fac dans mon troisième établissement, moi-même en errance, je n’avais aucune piste. J’essayais des choses en faisant de grands écarts universitaires assez fous. Et à la fin de ma troisième année, frustrée par un mauvais résultat, je lance un blog. Pas pour être connue : il y a quinze ans j’aurais ouvert un journal intime. J’ai pris mon ordi et trois semaines plus tard, j’ai reçu un email des éditions Bayard me disant être tombées sur mon blog par hasard et me demandant de faire dans un livre le constat de ma génération. Je l’ai fait, il n’y avait rien de plus sympa. Un an et demi après, on m’a appelé pour l’adapter au cinéma.

Comment avez-vous abordé cette première expérience cinématographique ? 
Il n’y a rien de plus cool à faire dans la vie ; je ne vois pas ce que je pourrai faire de plus enrichissant et beau — où je me sens utile, ça c’est important. Ça fait Miss France mais le fait d’être jeune et d’être une femme est assez intéressant. Quand j’ai recruté l’équipe, des stagiaires aux figurants, au-delà du talent des uns et des autres, je ne voulais pas de “demie-molle“ : tout le monde devait savoir de quoi on parlait et vouloir porter ce propos. 

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Si jeunesse pouvait ! :

Si jeunesse pouvait ! : "Les Affamés"

Comédie le Mardi 26 juin 2018 | de Léa Frédeval (Fr, 1h35) avec Louane Emera, François Deblock, Nina Melo…
par Vincent Raymond


D’un point de vue technique et visuel, j’ai tout appris — je ne savais pas ce que c’était qu’un cadre. Et puis que « je ne sais pas » n’est pas une réponse, car c’est à moi qu’on demande tout.

Or, ça faisait dix ans que j’étais celle à qui on ne demandait rien, à qui on donnait des ordres. J’ai fait tous les boulots ; j’ai toujours été celle qui amenait les cafés, qui nettoyait les chiottes… celle qui faisait des trucs pas cool, et tout d’un coup quand on demande mon avis sur chaque couleur, le cadre, tout, c’est très étonnant et très intéressant en terme de valorisation.

Au niveau cinématographique, j’ai eu la chance d’avoir un chef-opérateur de 60 ans, c’était très important pour moi d’avoir une collaboration avec un homme qui aurait pu être mon père et qui avait l’expérience cinématographique et professionnelle de toute une vie. Il m’a fait confiance. La première fois qu’il a lu le scénario, il m’a montré un photographe qu’il suit sur Instagram et que je suis moi-même depuis des années. Il a vu des couleurs, un cadre. Ensemble, on a beaucoup parlé du dernier film fait sur les jeunes, c’est-à-dire Le Péril jeune il y a 216 ans  — comment ça se fait qu’il n’y en ait pas eu avec cette fougue et cette envie depuis ? 

Vous vous êtes plus inspirée de séries que de films ? 
Oui, globalement. De Friends, beaucoup. Après visuellement ce qui m’intéressait beaucoup c’était un mélange, avoir une sorte d’intemporalité. Il y a plein de choses qui se mélangent esthétiquement et musicalement dans cette génération et c’est quelque chose que j’ai beaucoup dit dans la prépa du film, mais voilà y a du Joe Dassin, du Rihanna… On a mélangé la caméra avec de très vieux objectifs pour avoir des couleurs, un grain, des choses qui ne soient pas d’avant ou d’après, qui soient dans une espèce de mélange du temps.

Votre film débute avec un rêve de monde dépourvu de jeunes, qui fait comme un écho inversé à la nouvelle de Buzzati Chasseur de vieux où des jeunes éliminent tous les vieux. Avez-vous eu le fantasme de l’un ou de l’autre de ces mondes dystopiques ?
Non, on s’ennuierait trop ! L’objectif, c’est l’inverse. On a besoin de toutes les générations, de toutes les classes sociales, de toutes les couleurs, toutes les langues ; hors de question de supprimer ou d’effacer les uns ou les autres. Déjà qu’un jour je serai vieille : si j’avais eu cet âge-là, j’aurais pu écrire les ruptures côté seniors, car ils ont aussi des problèmes dans notre pays. En l’occurrence, je fais partie d’une autre tranche d’âge, donc je parle de ce que je connais.

Les initiatives prises par les jeunes pour se faire écouter dans le film sont-elles fantasmées ou s’inspirent-elles de la réalité ?
Elles ont été écrites par mon coproducteur et moi-même, l’objectif étant de déranger le système mis en place, de montrer qu’on existe, sans pour autant empêcher ceux qui travaillent. Je pense que ça peut exister : il y a encore 1000 initiatives à écrire et à mettre en place : je suis assez étonnée par le calme de cette génération, au vu de ce qu’elle vit. Comme si on nous avait bien éduqué pour filer tout droit et surtout ne rien dire. Alors, m’exprimer sur le le sujet, c’était comme un besoin : comment ça se fait que tout reste toujours bouché alors que l’on fait tout ce que l’on nous demande de faire, que l’on en donne encore d’avantage pour le même résultat ? À quoi bon avoir vingt ans ? La perspective d’avenir n’est pas folle. Je voulais que cette génération tape du poing sur la table et s’impose ; qu’elle montre qu’elle mérite d’être considérée comme les autres classes sociales.

Vous dénoncez le système mis en place, mais vous êtes aussi critique vis à vis des jeunes…
Il le fallait. Dans le film, on parle de nuances. C’est quelque chose que l’on apprend et surtout que l’on comprend en grandissant. Mon problème, c’est qu’on nous voit qu’en utilisateurs d’Instragram.

Je suis pas en train de dire qu’on est tous des combattants, tous conscients, je dis juste qu’on pourrait l’être et qu’on nous apprend à ne pas l’être, et qu’on finit par tuer dans l’œuf tout ce qui pourrait créer et participer au bon développement de cette société.

On met la tête sous l’eau à cette jeunesse qui sera adulte demain. Et on ne parle jamais de la joie, du plaisir de se faire du bien ! À l’âge de Zoé, je ne voulais surtout pas avoir la tête de certains adultes dans la rue, dont je voyais la résignation. On a la chance d’être dans la 5e puissance mondiale, une démocratie, un pays qui a fabriqué des super choses, on a acquis des droits et là on abime la base de tout ça. Je ne vois pas l’intérêt d’abimer le futur avant même qu’il arrive. Ça me dépasse.

Était-ce important pour vous que vos héros ne soient pas militants ? 
Le militantisme est un peu comme la religion : à l’intérieur. Je n’ai jamais été encartée nulle part ; dans ma famille, on ne vote pas FN, ni à droite parce que mes parents font un métier qui fait qu’on vote à gauche.

Pour Zoé, c’est une prise de conscience politique : elle se rend compte que tout d’un coup nous sommes des individus au sein d’un tout : je souffre, mon voisin souffre, mais est-ce pour les mêmes raisons ?

Ma génération doit complètement s’enlever de cet individualisme dans lequel elle a été éduquée. Sinon, elle court à sa perte.

Mais pour cela, elle doit lutter contre tout un système au dessus et autour d’elle. 

Certains adultes m’ont dit qu’avant aussi c’était dur, je n’ai jamais renié ça, je n’oppose pas les générations entre elles ; je dis juste qu’aujourd’hui tout est amplifié par la société dans laquelle on vit, par Internet. Pas pour nous victimiser : car c’est ensemble avec toutes les générations qu’on fabriquera quelque chose de meilleur. J’y pense déjà pour mes mes enfants — que je n’ai pas encore.

Est-ce vous avez pris la température auprès d’un échantillon de jeunes pour restituer le plus fidèlement leurs états d’esprit et d’âme ?
Il n’y a pas besoin de prendre la température quand on est dedans. Il suffit de parler avec ses potes  — « Ta semaine était comment ? » — Celui qui vient de passer un an à chercher un appart et à qui on refuse la location parce qu’il n’a pas de salaires, parce qu’il est étudiant, qu’il est au chômage alors qu’il a fait huit ans d’études et parle cinq langues enfin… Quand on tourne la tête, on se rend compte qu’on est pas tout seul.

Vous parlez de culture assez éclectique. En revanche, il y a peu de diversité dans ce qu’ils regardent à la télé…
Il y a de la télé réalité, la guerre et un documentaire animalier. Quand j’étais stagiaire ou baby-sitter et que je rentrais chez moi de quoi est-ce que j’avais envie ? Soit je m’accrochais et je pouvais m’intéresser à un reportage sur Daesh ça va m’intéresser, soit je n’ai pas le courage et là Les Anges de la télé-réalité était le gouffre de rien qui me convenait parce que j’en avais besoin. Je n’allais pas m’interdire une demi-heure de merde parce que je méritais mieux que ça, non, au bout d’un moment je faisais ce que je voulais… 

Certains regardent des pornos, d’autres fument des joints. D’autres lisent — ceux-là sont les plus incroyables. Je suis hyper admirative : il faut être encore intelligent pour la lecture, alors que ce genre de programme ne réclame pas “d’être“ quelque chose. On peut arrêter de se battre. 

Après, je me suis fait disputer par mes comédiens, parce qu’eux ne regardent pas Les Anges… Il y aurait pu avoir un abonnement Netflix dans la coloc. Mais je connais peu de jeunes qui, après une longue journée, regardent un grand film, ou quelque chose de “pertinent“.

Comment avez-vous décidé Louane à participer au projet ? 
C’était une rencontre de filles presque, de jeunes femmes. Je ne m’attendais pas du tout à la rencontrer. Beaucoup des choses me bouleversent chez elle : une solidarité, son physique, sa manière de se déplacer, sa voix… Le premier truc qu’elle m’a dit, c’est qu'elle avait tellement envie de parler de ce sujet. Elle a beaucoup d’amis qui connaissent cette précarité. Alors, avoir une jeune femme avec une notoriété pareille, une vie pareille, qui ait envie de parler de ça alors qu’elle ne le vit pas au quotidien, j’ai trouvé ça hyper touchant. Tout ça a été très évident : on a fumé une cigarette et c’était bon. Aujourd’hui, je ne vois pas qui d’autre aurait pu jouer Zoé.

Les autres comédiens étaient-ils aussi concernés ?
Ah oui, c’était obligé ! J’ai rencontré des comédiens qui disaient : « Pourquoi faire un film sur les jeunes ? Ça va, on est en France ! » S’ils ne voyaient pas pourquoi, je n’allais pas les convaincre. Il faut être d’accord pour construire quelque chose ensemble. Chaque comédien a été assez facile à trouver, j’avais des idées précises, et en même temps on voulait une diversité, d’approche, de culture… Mais j’ai eu des discussions, je les rencontrais dans des cafés et on parlait de tout. J’ai eu 1h30 de discussion sur Mélenchon avec l’un, j’ai parlé féminisme avec un autre… Et là je savais qu’on était d’accord, on était plus que des gens qui allaient travailler ensemble.

C’était comme si vous créiez une colocation…
Exactement. Et on est même parti ensemble. Je ne voulais pas qu’au premier jour de tournage tout le monde se serre la main en se disant bonjour. On est parti en amont dans la Sarthe. On a répété pendant cinq jours, mangé ensemble, dormi ensemble… On a créé une coloc’. Avec des soirées : on a regardé les Anges ensemble, j’ai dû expliquer qui était qui… — ils étaient dépités. On a regardé le débat Le Pen-Macron. On s’est retrouvé dans ce mélange tout aussi paradoxal proposé par la télé. C’était magique.

Est ce que l’individualisme de l’époque n’est pas lié aux questions de survie ? Dans les années 1970, les situations étaient plus stables…
J’étais pas là dans les années 1970, je ne peux vous dire… J’avais onze ans quand le Loft est arrivé,

je suis un pur produit de l’arrivée de la télé réalité, de l’Internet, du téléchargement … Et puis de la crise.

Je ne sais pas si c’est un instinct de survie ou si c’est ce que l’on nous a répété. Mais il faut avoir une grande confiance en soi pour refuser le modèle. Pour vouloir être marionnettiste par exemple, il faut quand même avoir une estime assez solide, que la société dans sa globalité ne permet pas d’obtenir.

Qu’allez-vous faire à présent ? Écrire ou réaliser ?
Tout est possible, je fais les deux actuellement. C’est toujours assez fou d’être payée pour mettre des mots les uns à côté des autres. Mais après avoir fait tellement de choses qui m’ont paru humiliantes où je me disais que j’étais payée aussi peu pour des choses aussi nulles, je me disais que ce n’était pas possible, ma vie ça ne pouvait pas être ça. 

Si vous continuez, vous allez rester sur la jeunesse ?
Je sais pas si je peux en parler tout de suite… J’ai découvert il y a  trois/quatre ans ce que c’est que d’être une femme — c’est dire le chemin. C’est un bon marronnier en ce moment, donc y a un gros dossier à ouvrir sur le fait d’être une femme dans cette génération : on est confronté à des problématiques assez complexes avec les jeunes hommes… Nous avons été élevées dans l’indépendance, mais en face, on n’a pas du tout expliqué aux jeunes mecs comment se comporter avec nous. Personne ne se penche sur ces pauvres garçons qui sont complètement perdus qui, pour la majorité, sont respectueux et ne veulent pas être associés aux gros cons. Où est leur place d’homme dans ce monde où maintenant les femmes ont tout autant de courage et de force qu’eux ? Où est leur “virilité“ ? On leur a appris qu’il fallait nous protéger, etc. Sauf que nous, on n’a plus besoin de ça.

Votre aventure est partie d’un roman ? 
Léa Frédeval :
Oui, Les Affamés a été publié en 2014. Ce sont les édition Bayard qui m’ont commandé le livre… Je n’avais pas prévu d’écrire du tout. J’en étais à ma troisième année de fac dans mon troisième établissement, moi-même en errance, je n’avais aucune piste. J’essayais des choses en faisant de grands écarts universitaires assez fous. Et à la fin de ma troisième année, frustrée par un mauvais résultat, je lance un blog. Pas pour être connue : il y a quinze ans j’aurais ouvert un journal intime. J’ai pris mon ordi et trois semaines plus tard, j’ai reçu un email des éditions Bayard me disant être tombées sur mon blog par hasard et me demandant de faire dans un livre le constat de ma génération. Je l’ai fait, il n’y avait rien de plus sympa. Un an et demi après, on m’a appelé pour l’adapter au cinéma.

Comment avez-vous abordé cette première expérience cinématographique ? 
Il n’y a rien de plus cool à faire dans la vie ; je ne vois pas ce que je pourrai faire de plus enrichissant et beau — où je me sens utile, ça c’est important. Ça fait Miss France mais le fait d’être jeune et d’être une femme est assez intéressant. Quand j’ai recruté l’équipe, des stagiaires aux figurants, au-delà du talent des uns et des autres, je ne voulais pas de “demie-molle“ : tout le monde devait savoir de quoi on parlait et vouloir porter ce propos. 

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Si jeunesse pouvait ! : "Les Affamés"

Comédie le Mardi 26 juin 2018 | de Léa Frédeval (Fr, 1h35) avec Louane Emera, François Deblock, Nina Melo…
par Vincent Raymond


D’un point de vue technique et visuel, j’ai tout appris — je ne savais pas ce que c’était qu’un cadre. Et puis que « je ne sais pas » n’est pas une réponse, car c’est à moi qu’on demande tout.

Or, ça faisait dix ans que j’étais celle à qui on ne demandait rien, à qui on donnait des ordres. J’ai fait tous les boulots ; j’ai toujours été celle qui amenait les cafés, qui nettoyait les chiottes… celle qui faisait des trucs pas cool, et tout d’un coup quand on demande mon avis sur chaque couleur, le cadre, tout, c’est très étonnant et très intéressant en terme de valorisation.

Au niveau cinématographique, j’ai eu la chance d’avoir un chef-opérateur de 60 ans, c’était très important pour moi d’avoir une collaboration avec un homme qui aurait pu être mon père et qui avait l’expérience cinématographique et professionnelle de toute une vie. Il m’a fait confiance. La première fois qu’il a lu le scénario, il m’a montré un photographe qu’il suit sur Instagram et que je suis moi-même depuis des années. Il a vu des couleurs, un cadre. Ensemble, on a beaucoup parlé du dernier film fait sur les jeunes, c’est-à-dire Le Péril jeune il y a 216 ans  — comment ça se fait qu’il n’y en ait pas eu avec cette fougue et cette envie depuis ? 

Vous vous êtes plus inspirée de séries que de films ? 
Oui, globalement. De Friends, beaucoup. Après visuellement ce qui m’intéressait beaucoup c’était un mélange, avoir une sorte d’intemporalité. Il y a plein de choses qui se mélangent esthétiquement et musicalement dans cette génération et c’est quelque chose que j’ai beaucoup dit dans la prépa du film, mais voilà y a du Joe Dassin, du Rihanna… On a mélangé la caméra avec de très vieux objectifs pour avoir des couleurs, un grain, des choses qui ne soient pas d’avant ou d’après, qui soient dans une espèce de mélange du temps.

Votre film débute avec un rêve de monde dépourvu de jeunes, qui fait comme un écho inversé à la nouvelle de Buzzati Chasseur de vieux où des jeunes éliminent tous les vieux. Avez-vous eu le fantasme de l’un ou de l’autre de ces mondes dystopiques ?
Non, on s’ennuierait trop ! L’objectif, c’est l’inverse. On a besoin de toutes les générations, de toutes les classes sociales, de toutes les couleurs, toutes les langues ; hors de question de supprimer ou d’effacer les uns ou les autres. Déjà qu’un jour je serai vieille : si j’avais eu cet âge-là, j’aurais pu écrire les ruptures côté seniors, car ils ont aussi des problèmes dans notre pays. En l’occurrence, je fais partie d’une autre tranche d’âge, donc je parle de ce que je connais.

Les initiatives prises par les jeunes pour se faire écouter dans le film sont-elles fantasmées ou s’inspirent-elles de la réalité ?
Elles ont été écrites par mon coproducteur et moi-même, l’objectif étant de déranger le système mis en place, de montrer qu’on existe, sans pour autant empêcher ceux qui travaillent. Je pense que ça peut exister : il y a encore 1000 initiatives à écrire et à mettre en place : je suis assez étonnée par le calme de cette génération, au vu de ce qu’elle vit. Comme si on nous avait bien éduqué pour filer tout droit et surtout ne rien dire. Alors, m’exprimer sur le le sujet, c’était comme un besoin : comment ça se fait que tout reste toujours bouché alors que l’on fait tout ce que l’on nous demande de faire, que l’on en donne encore d’avantage pour le même résultat ? À quoi bon avoir vingt ans ? La perspective d’avenir n’est pas folle. Je voulais que cette génération tape du poing sur la table et s’impose ; qu’elle montre qu’elle mérite d’être considérée comme les autres classes sociales.

Vous dénoncez le système mis en place, mais vous êtes aussi critique vis à vis des jeunes…
Il le fallait. Dans le film, on parle de nuances. C’est quelque chose que l’on apprend et surtout que l’on comprend en grandissant. Mon problème, c’est qu’on nous voit qu’en utilisateurs d’Instragram.

Je suis pas en train de dire qu’on est tous des combattants, tous conscients, je dis juste qu’on pourrait l’être et qu’on nous apprend à ne pas l’être, et qu’on finit par tuer dans l’œuf tout ce qui pourrait créer et participer au bon développement de cette société.

On met la tête sous l’eau à cette jeunesse qui sera adulte demain. Et on ne parle jamais de la joie, du plaisir de se faire du bien ! À l’âge de Zoé, je ne voulais surtout pas avoir la tête de certains adultes dans la rue, dont je voyais la résignation. On a la chance d’être dans la 5e puissance mondiale, une démocratie, un pays qui a fabriqué des super choses, on a acquis des droits et là on abime la base de tout ça. Je ne vois pas l’intérêt d’abimer le futur avant même qu’il arrive. Ça me dépasse.

Était-ce important pour vous que vos héros ne soient pas militants ? 
Le militantisme est un peu comme la religion : à l’intérieur. Je n’ai jamais été encartée nulle part ; dans ma famille, on ne vote pas FN, ni à droite parce que mes parents font un métier qui fait qu’on vote à gauche.

Pour Zoé, c’est une prise de conscience politique : elle se rend compte que tout d’un coup nous sommes des individus au sein d’un tout : je souffre, mon voisin souffre, mais est-ce pour les mêmes raisons ?

Ma génération doit complètement s’enlever de cet individualisme dans lequel elle a été éduquée. Sinon, elle court à sa perte.

Mais pour cela, elle doit lutter contre tout un système au dessus et autour d’elle. 

Certains adultes m’ont dit qu’avant aussi c’était dur, je n’ai jamais renié ça, je n’oppose pas les générations entre elles ; je dis juste qu’aujourd’hui tout est amplifié par la société dans laquelle on vit, par Internet. Pas pour nous victimiser : car c’est ensemble avec toutes les générations qu’on fabriquera quelque chose de meilleur. J’y pense déjà pour mes mes enfants — que je n’ai pas encore.

Est-ce vous avez pris la température auprès d’un échantillon de jeunes pour restituer le plus fidèlement leurs états d’esprit et d’âme ?
Il n’y a pas besoin de prendre la température quand on est dedans. Il suffit de parler avec ses potes  — « Ta semaine était comment ? » — Celui qui vient de passer un an à chercher un appart et à qui on refuse la location parce qu’il n’a pas de salaires, parce qu’il est étudiant, qu’il est au chômage alors qu’il a fait huit ans d’études et parle cinq langues enfin… Quand on tourne la tête, on se rend compte qu’on est pas tout seul.

Vous parlez de culture assez éclectique. En revanche, il y a peu de diversité dans ce qu’ils regardent à la télé…
Il y a de la télé réalité, la guerre et un documentaire animalier. Quand j’étais stagiaire ou baby-sitter et que je rentrais chez moi de quoi est-ce que j’avais envie ? Soit je m’accrochais et je pouvais m’intéresser à un reportage sur Daesh ça va m’intéresser, soit je n’ai pas le courage et là Les Anges de la télé-réalité était le gouffre de rien qui me convenait parce que j’en avais besoin. Je n’allais pas m’interdire une demi-heure de merde parce que je méritais mieux que ça, non, au bout d’un moment je faisais ce que je voulais… 

Certains regardent des pornos, d’autres fument des joints. D’autres lisent — ceux-là sont les plus incroyables. Je suis hyper admirative : il faut être encore intelligent pour la lecture, alors que ce genre de programme ne réclame pas “d’être“ quelque chose. On peut arrêter de se battre. 

Après, je me suis fait disputer par mes comédiens, parce qu’eux ne regardent pas Les Anges… Il y aurait pu avoir un abonnement Netflix dans la coloc. Mais je connais peu de jeunes qui, après une longue journée, regardent un grand film, ou quelque chose de “pertinent“.

Comment avez-vous décidé Louane à participer au projet ? 
C’était une rencontre de filles presque, de jeunes femmes. Je ne m’attendais pas du tout à la rencontrer. Beaucoup des choses me bouleversent chez elle : une solidarité, son physique, sa manière de se déplacer, sa voix… Le premier truc qu’elle m’a dit, c’est qu'elle avait tellement envie de parler de ce sujet. Elle a beaucoup d’amis qui connaissent cette précarité. Alors, avoir une jeune femme avec une notoriété pareille, une vie pareille, qui ait envie de parler de ça alors qu’elle ne le vit pas au quotidien, j’ai trouvé ça hyper touchant. Tout ça a été très évident : on a fumé une cigarette et c’était bon. Aujourd’hui, je ne vois pas qui d’autre aurait pu jouer Zoé.

Les autres comédiens étaient-ils aussi concernés ?
Ah oui, c’était obligé ! J’ai rencontré des comédiens qui disaient : « Pourquoi faire un film sur les jeunes ? Ça va, on est en France ! » S’ils ne voyaient pas pourquoi, je n’allais pas les convaincre. Il faut être d’accord pour construire quelque chose ensemble. Chaque comédien a été assez facile à trouver, j’avais des idées précises, et en même temps on voulait une diversité, d’approche, de culture… Mais j’ai eu des discussions, je les rencontrais dans des cafés et on parlait de tout. J’ai eu 1h30 de discussion sur Mélenchon avec l’un, j’ai parlé féminisme avec un autre… Et là je savais qu’on était d’accord, on était plus que des gens qui allaient travailler ensemble.

C’était comme si vous créiez une colocation…
Exactement. Et on est même parti ensemble. Je ne voulais pas qu’au premier jour de tournage tout le monde se serre la main en se disant bonjour. On est parti en amont dans la Sarthe. On a répété pendant cinq jours, mangé ensemble, dormi ensemble… On a créé une coloc’. Avec des soirées : on a regardé les Anges ensemble, j’ai dû expliquer qui était qui… — ils étaient dépités. On a regardé le débat Le Pen-Macron. On s’est retrouvé dans ce mélange tout aussi paradoxal proposé par la télé. C’était magique.

Est ce que l’individualisme de l’époque n’est pas lié aux questions de survie ? Dans les années 1970, les situations étaient plus stables…
J’étais pas là dans les années 1970, je ne peux vous dire… J’avais onze ans quand le Loft est arrivé,

je suis un pur produit de l’arrivée de la télé réalité, de l’Internet, du téléchargement … Et puis de la crise.

Je ne sais pas si c’est un instinct de survie ou si c’est ce que l’on nous a répété. Mais il faut avoir une grande confiance en soi pour refuser le modèle. Pour vouloir être marionnettiste par exemple, il faut quand même avoir une estime assez solide, que la société dans sa globalité ne permet pas d’obtenir.

Qu’allez-vous faire à présent ? Écrire ou réaliser ?
Tout est possible, je fais les deux actuellement. C’est toujours assez fou d’être payée pour mettre des mots les uns à côté des autres. Mais après avoir fait tellement de choses qui m’ont paru humiliantes où je me disais que j’étais payée aussi peu pour des choses aussi nulles, je me disais que ce n’était pas possible, ma vie ça ne pouvait pas être ça. 

Si vous continuez, vous allez rester sur la jeunesse ?
Je sais pas si je peux en parler tout de suite… J’ai découvert il y a  trois/quatre ans ce que c’est que d’être une femme — c’est dire le chemin. C’est un bon marronnier en ce moment, donc y a un gros dossier à ouvrir sur le fait d’être une femme dans cette génération : on est confronté à des problématiques assez complexes avec les jeunes hommes… Nous avons été élevées dans l’indépendance, mais en face, on n’a pas du tout expliqué aux jeunes mecs comment se comporter avec nous. Personne ne se penche sur ces pauvres garçons qui sont complètement perdus qui, pour la majorité, sont respectueux et ne veulent pas être associés aux gros cons. Où est leur place d’homme dans ce monde où maintenant les femmes ont tout autant de courage et de force qu’eux ? Où est leur “virilité“ ? On leur a appris qu’il fallait nous protéger, etc. Sauf que nous, on n’a plus besoin de ça.

Crédit Photo : © Jean Picon


Les Affamés Les Affamés

Les Affamés

De Léa Frédeval (Fr, 1h37) avec Louane Emera, François Deblock...

De Léa Frédeval (Fr, 1h37) avec Louane Emera, François Deblock...

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Zoé a 21 ans. Et Zoé en a sa claque d'entendre « c'est normal, t'es jeune ! ». Alors qu’elle emménage en colocation, elle prend conscience qu’elle n’est pas seule à se débattre entre cours, stages et petits boulots mal payés. Déterminée à bouleverser le complot qui se trame, elle unit autour d'elle une génération d'affamés. Ensemble, ils sont bien décidés à changer les choses et à faire entendre leur voix !

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