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Grâce à Dieu

Melvil Poupaud : « j'ai toujours visé le long terme plutôt que le succès immédiat »

Dans le film d’Ozon, il incarne celui grâce auquel le scandale éclate enfin. Riche d’une carrière de plus de trente ans dans le cinéma (mais pas seulement), Melvil Poupaud enchaîne les partitions exigeantes et variées sans jamais se diluer. Conversation avec un comédien si précieux qu’il en devient indispensable…

Grâce à Dieu

Melvil Poupaud : « j'ai toujours visé le long terme plutôt que le succès immédiat »

Dans le film d’Ozon, il incarne celui grâce auquel le scandale éclate enfin. Riche d’une carrière de plus de trente ans dans le cinéma (mais pas seulement), Melvil Poupaud enchaîne les partitions exigeantes et variées sans jamais se diluer. Conversation avec un comédien si précieux qu’il en devient indispensable…

Melvil Poupaud : « j'ai toujours visé le long terme plutôt que le succès immédiat »

par Vincent Raymond

Lundi 11 février 2019
4256
LECTURES

par Vincent Raymond

Lundi 11 février 2019
4256
LECTURES

Dans Grâce à Dieu, François Ozon a fait appel à vous pour la troisième fois. À chaque fois,  c’est dans ses drames les plus réalistes. Est-ce le fait du hasard, ou bien discutez-vous ensemble de la manière dont il vous emploie ?
Melvil Poupaud
: Je ne sais pas, je serais effectivement curieux de savoir pourquoi il pense à moi pour des rôles toujours assez dramatiques. Dans ma carrière, je n’ai pas fait énormément de franches comédies — plutôt des comédies romantiques. Peut-être qu’il sent en moi un potentiel de tragédien. Mais je ne peux pas me plaindre : ce sont des rôles qui ont toujours marqué. Le Refuge était plus petit, mais Le Temps qui reste ou celui-ci marquent ma filmographie et mon expérience d’acteur. Je ne vais pas lui demander de changer de registre (sourire), ça me réussit plutôt pas mal. À tous les deux, d’ailleurs.

Votre liberté dans le cinéma français est très singulière : vous épousez des rôles forts (prêtre suborneur chez Ramos, victime combative chez Ozon, personne intergenre en quête d’identité chez Nolan, dandy décadent chez Eva Ionesco, etc.) mais aucun ne vous vitrifie dans un emploi…
Cela fait partie de mon métier de continuer à inspirer des metteurs en scène dans différents registres pour différents types de personnages. Je ne l’ai pas cherché, ce n’est pas une démarche volontaire de ma part, mais je suis assez content de constater que des metteurs en scène variés font appel à moi pour des rôles très différents les uns des autres. C’est ma façon de pratiquer le métier d’acteur, de ne pas de donner une image trop forte dans le réel, ou trop typée, parce que j’aime bien rester un peu vierge, plus mystérieux dans un sens, pour laisser les metteurs en scène projeter différentes incarnations sur moi.

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La voix est libre :

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Le Film de la Semaine le Lundi 11 février 2019 | par Vincent Raymond


Faut-il une part d’effacement dans son jeu, rester en retrait ?
Pas forcément dans le jeu. Dans Grâce à Dieu, j’y vais franco. Il n’y a pas de retenue. C’est plus dans la vie entre les rôles, disons. J’aime mieux rester discret ou insaisissable. Je me rends compte que les gens connaissent mes films maintenant, et que certains n’ayant pas eu énormément de succès à leur sortie — ceux de Rohmer, de Dolan, ou même Le Temps qui reste d’Ozon — sont un peu entrés dans le patrimoine. Sur le moment, ce ne sont pas forcément d’énormes succès mais des années plus tard, les gens ne les ont pas oubliés.

J’ai toujours visé le long terme plutôt que le succès immédiat.

Et que dire des films de Ruiz, qui sont un continent en soi…
Alors Ruiz c’est l’exemple parfait : le premier film que j’ai fait avec lui, quand il est sorti, il intéressait les cinéphiles de l’époque et les ruiziens. Mais ses films aujourd’hui ont été vus dans le monde entier, continuent à être projetés. Il y a des rétrospectives de ses films que j’accompagne avec plaisir dans le monde entier. Et pas une semaine sans qu’un journaliste ou un essayiste ne m’appelle pour parler du travail de Raoul. Je suis fier aussi de cette espèce de patrimoine-là. De cet héritage.

Justement, Grâce à Dieu est structuré autour de l’idée d’une transmission, d’un passage de témoin entre chacun des protagonistes. Le vôtre, Alexandre, étant au centre du premier acte…
Absolument. Je crois que cela s’est passé comme cela dans la réalité. Ozon raconte qu’au début, il ne voulait faire un film que sur le personnage d’Alexandre, mais il s’est rendu compte que celui-ci avait arrêté ses démarches et passé le relai à un enquêteur, lequel avait trouvé une autre victime, laquelle avait trouvé une autre victime et à son tour avait pris les choses en main pour fonder cette association ; puis un troisième personnage très important arrivé à la fin, non prescrit. Dans la réalité, cette aventure s’est passée aussi par relai. Quand j’ai lu le scénario, c’était une des qualités du film : l’originalité de sa structure narrative.

Lorsque vous devez construire un personnage ayant des échos aussi tangibles avec la réalité, est-ce que ça modifie votre approche dans la préparation et l’interprétation ?
À vrai dire non, parce que je n’ai pas cherché à faire trop de recherches dans le cas de ces personnes réelles. D’abord parce que je n’avais pas envie de jouer mon personnage avec quelqu’un en tête. Essayer de l’imiter aurait été un piège pour moi.

C’est déjà un rôle de composition, parce que je me suis coltiné le côté tradi, très bourgeois lyonnais, à la limite de la caricature dans sa façon de s’habiller, avec le petit pull sur les épaules… 

Et j’avais  envie que ce soit mes émotions : le sujet était assez fort et bien écrit pour que n’importe qui puisse être touché, et même bouleversé par ce qui se disait pendant ces scènes. Ça s’est senti pendant le tournage chez les acteurs, au sein de l’équipe et même chez Ozon : il y avait des scènes qui remuaient. 

Je n’ai donc pas fait un énorme travail d’investigation parce que Ozon avait déjà passé beaucoup de temps avec les victimes et s’était beaucoup documenté… J’ai lui son scénario, j’ai senti qu’il avait pris un grand soin au respect des victimes et de leurs paroles… Je lui ai fait confiance et je me suis approprié les émotions des personnages. 

Un tel rôle doit interroger la conscience, peut-être la foi et renvoyer à l’enfance, puisqu'Alexandre est confronté à la sienne…
Ah oui ! Les personnages d’enfants me touchent très facilement dans un film ou un roman — j’en ai fait quand j’étais petit avec Ruiz. Dans le film d’Ozon Le Temps qui reste, la figure de l’enfant qui revient et avec laquelle il faut se réconcilier est très touchante. Là a fortiori ça ne parle quasiment que de cela et de ce drame de la pédophilie, de la corruption de l’innocence.

Je sais qu’Ozon en l’écrivant a pensé à moi parce qu’il savait que c’était des thèmes qui, autant que la foi et le pardon dont on avait déjà parlé, sont des choses fondamentales pour moi. C’est pour cela aussi que je n’ai pas eu trop besoin de me plonger dans le réel : ces choses étaient déjà en moi. 

Ce film reste toujours clinique, sans outrance…
Je pense qu’il est resté très fidèle par rapport à la vérité, à ses personnages, qu’il s’agisse des victimes ou de l’Église, Barbarin et même Preynat. On ne les voit pas comme des super vilains ou des diables, il y a quelque chose d’humain, même chez le père Preynat — je trouve ça beau parce que Bernard Verley est un immense acteur et par moment on a presque pitié de ce vieux bonhomme qui joue très bien la victime et se fait passer par son discours pour quelqu’un qui a sonné l’alarme et qu’on n’a pas écouté. 

C’est plus l’institution qui est mise en cause dans le film que les personnes. Tout ce qui concerne l’intime et la vie privée est du côté des victimes. Du côté des prêtres, du cardinal et de personnages du côté de l’Église, il n’y a pas de révélation, ce sont des choses qui ont déjà été publiées, ce sont des archives… Les seules libertés qu’Ozon a prises sont par rapport à l’intimité des victimes pour préserver ou aller plus loin, voire pour gommer certains traits qui auraient été peu crédibles dans un film mais qui pourtant étaient vrais. Tout le reste est très fidèle.

Ce qui est beau, c’est la distance avec laquelle il filme ses personnages et ses situations : on aurait pu avoir peur au début parce que Ozon a un côté un peu sulfureux, et n’hésite pas parfois à manier une espèce de provocation dans ses films. C’est son côté qui lorgne parfois vers Chabrol, Buñuel. Là, il y a toujours beaucoup de facettes et de complexité dans chaque scène. Le film touche aussi parce que ce n’est pas manichéen et que l’on est avec les personnages. On comprend presque les motivations de chacun.

Le jour de la sortie du film, vous achèverez votre tournée Songbook avec Benjamin Biolay à l’Olympia. Sur quel corpus musical vous êtes vous retrouvés ? Dylan fait-il partie de votre structuration commune ?
(sourires) Dylan est un peu spécial pour moi parce que je suis quasiment spécialiste. Benjamin est fan de Dylan, mais ce n’est pas la même passion. Il est presque plus éclectique que moi dans ses goûts musicaux. Il écoute aussi bien de la cumbia colombienne que du rap français : ça fait partie de sa culture et de sa façon de travailler d’être au courant de tout ce qui se produit aujourd’hui. Moi, c’est un peu plus rétro. 

Ce qui nous a réunis en préparant le spectacle, c’est que ni lui ni moi n’étions spécialistes de chanson française. C’était un territoire que nous n’avions pas vraiment exploré. Ça m’a surpris chez lui, qui est vraiment un grand chansonnier, qui a un savoir et un talent particulier pour écrire des chansons : j’ai découvert qu’il n’était pas un expert du patrimoine de la chanson française. Ensemble, on s’est lancé là-dedans — c’était très agréable de s’échanger des morceaux, de se faire découvrir des choses, d’en découvrir ensemble, de demander autour de nous des idées, des tuyaux… Tous les soirs on ajoute une chanson, on en enlève une autre, une qu’on n’aurait pas pu jouer il y a deux mois convient aujourd’hui… C’est resté très évolutif comme spectacle, avec pas mal d’improvisation, de liberté, sans rien de préparé ni d’écrit. Ça n’est pas figé : ce qui nous intéressait depuis le début c’était de partir sur les routes entre copains et on a réussi notre coup ; on s’est bien marré.

Si ce n’est pas figé, ça peut donc revenir…
C’est ce qu’on se dit. Un jour ou l’autre, peut-être que l’on remettra cela…


Melvil Poupaud, repères

1973 : Naissance à Paris le 26 janvier    

1984 : Première apparition chez Agnès Varda et premier film avec Raoul Ruiz, La Ville des Pirates. Première réalisation de court-métrage, Qui es-tu Johnny Mac ?

1995 : Premier disque au sein du groupe Mud

1996 : Conte d’été d’Éric Rohmer lui donne l’occasion de chanter à l’écran

2005 : Le Temps qui reste, premier rendez-vous avec François Ozon

2006 : Première réalisation de long-métrage, Melvil

2011 : Premier livre, Quel est Mon noM

Dans Grâce à Dieu, François Ozon a fait appel à vous pour la troisième fois. À chaque fois,  c’est dans ses drames les plus réalistes. Est-ce le fait du hasard, ou bien discutez-vous ensemble de la manière dont il vous emploie ?
Melvil Poupaud
: Je ne sais pas, je serais effectivement curieux de savoir pourquoi il pense à moi pour des rôles toujours assez dramatiques. Dans ma carrière, je n’ai pas fait énormément de franches comédies — plutôt des comédies romantiques. Peut-être qu’il sent en moi un potentiel de tragédien. Mais je ne peux pas me plaindre : ce sont des rôles qui ont toujours marqué. Le Refuge était plus petit, mais Le Temps qui reste ou celui-ci marquent ma filmographie et mon expérience d’acteur. Je ne vais pas lui demander de changer de registre (sourire), ça me réussit plutôt pas mal. À tous les deux, d’ailleurs.

Votre liberté dans le cinéma français est très singulière : vous épousez des rôles forts (prêtre suborneur chez Ramos, victime combative chez Ozon, personne intergenre en quête d’identité chez Nolan, dandy décadent chez Eva Ionesco, etc.) mais aucun ne vous vitrifie dans un emploi…
Cela fait partie de mon métier de continuer à inspirer des metteurs en scène dans différents registres pour différents types de personnages. Je ne l’ai pas cherché, ce n’est pas une démarche volontaire de ma part, mais je suis assez content de constater que des metteurs en scène variés font appel à moi pour des rôles très différents les uns des autres. C’est ma façon de pratiquer le métier d’acteur, de ne pas de donner une image trop forte dans le réel, ou trop typée, parce que j’aime bien rester un peu vierge, plus mystérieux dans un sens, pour laisser les metteurs en scène projeter différentes incarnations sur moi.

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Faut-il une part d’effacement dans son jeu, rester en retrait ?
Pas forcément dans le jeu. Dans Grâce à Dieu, j’y vais franco. Il n’y a pas de retenue. C’est plus dans la vie entre les rôles, disons. J’aime mieux rester discret ou insaisissable. Je me rends compte que les gens connaissent mes films maintenant, et que certains n’ayant pas eu énormément de succès à leur sortie — ceux de Rohmer, de Dolan, ou même Le Temps qui reste d’Ozon — sont un peu entrés dans le patrimoine. Sur le moment, ce ne sont pas forcément d’énormes succès mais des années plus tard, les gens ne les ont pas oubliés.

J’ai toujours visé le long terme plutôt que le succès immédiat.

Et que dire des films de Ruiz, qui sont un continent en soi…
Alors Ruiz c’est l’exemple parfait : le premier film que j’ai fait avec lui, quand il est sorti, il intéressait les cinéphiles de l’époque et les ruiziens. Mais ses films aujourd’hui ont été vus dans le monde entier, continuent à être projetés. Il y a des rétrospectives de ses films que j’accompagne avec plaisir dans le monde entier. Et pas une semaine sans qu’un journaliste ou un essayiste ne m’appelle pour parler du travail de Raoul. Je suis fier aussi de cette espèce de patrimoine-là. De cet héritage.

Justement, Grâce à Dieu est structuré autour de l’idée d’une transmission, d’un passage de témoin entre chacun des protagonistes. Le vôtre, Alexandre, étant au centre du premier acte…
Absolument. Je crois que cela s’est passé comme cela dans la réalité. Ozon raconte qu’au début, il ne voulait faire un film que sur le personnage d’Alexandre, mais il s’est rendu compte que celui-ci avait arrêté ses démarches et passé le relai à un enquêteur, lequel avait trouvé une autre victime, laquelle avait trouvé une autre victime et à son tour avait pris les choses en main pour fonder cette association ; puis un troisième personnage très important arrivé à la fin, non prescrit. Dans la réalité, cette aventure s’est passée aussi par relai. Quand j’ai lu le scénario, c’était une des qualités du film : l’originalité de sa structure narrative.

Lorsque vous devez construire un personnage ayant des échos aussi tangibles avec la réalité, est-ce que ça modifie votre approche dans la préparation et l’interprétation ?
À vrai dire non, parce que je n’ai pas cherché à faire trop de recherches dans le cas de ces personnes réelles. D’abord parce que je n’avais pas envie de jouer mon personnage avec quelqu’un en tête. Essayer de l’imiter aurait été un piège pour moi.

C’est déjà un rôle de composition, parce que je me suis coltiné le côté tradi, très bourgeois lyonnais, à la limite de la caricature dans sa façon de s’habiller, avec le petit pull sur les épaules… 

Et j’avais  envie que ce soit mes émotions : le sujet était assez fort et bien écrit pour que n’importe qui puisse être touché, et même bouleversé par ce qui se disait pendant ces scènes. Ça s’est senti pendant le tournage chez les acteurs, au sein de l’équipe et même chez Ozon : il y avait des scènes qui remuaient. 

Je n’ai donc pas fait un énorme travail d’investigation parce que Ozon avait déjà passé beaucoup de temps avec les victimes et s’était beaucoup documenté… J’ai lui son scénario, j’ai senti qu’il avait pris un grand soin au respect des victimes et de leurs paroles… Je lui ai fait confiance et je me suis approprié les émotions des personnages. 

Un tel rôle doit interroger la conscience, peut-être la foi et renvoyer à l’enfance, puisqu'Alexandre est confronté à la sienne…
Ah oui ! Les personnages d’enfants me touchent très facilement dans un film ou un roman — j’en ai fait quand j’étais petit avec Ruiz. Dans le film d’Ozon Le Temps qui reste, la figure de l’enfant qui revient et avec laquelle il faut se réconcilier est très touchante. Là a fortiori ça ne parle quasiment que de cela et de ce drame de la pédophilie, de la corruption de l’innocence.

Je sais qu’Ozon en l’écrivant a pensé à moi parce qu’il savait que c’était des thèmes qui, autant que la foi et le pardon dont on avait déjà parlé, sont des choses fondamentales pour moi. C’est pour cela aussi que je n’ai pas eu trop besoin de me plonger dans le réel : ces choses étaient déjà en moi. 

Ce film reste toujours clinique, sans outrance…
Je pense qu’il est resté très fidèle par rapport à la vérité, à ses personnages, qu’il s’agisse des victimes ou de l’Église, Barbarin et même Preynat. On ne les voit pas comme des super vilains ou des diables, il y a quelque chose d’humain, même chez le père Preynat — je trouve ça beau parce que Bernard Verley est un immense acteur et par moment on a presque pitié de ce vieux bonhomme qui joue très bien la victime et se fait passer par son discours pour quelqu’un qui a sonné l’alarme et qu’on n’a pas écouté. 

C’est plus l’institution qui est mise en cause dans le film que les personnes. Tout ce qui concerne l’intime et la vie privée est du côté des victimes. Du côté des prêtres, du cardinal et de personnages du côté de l’Église, il n’y a pas de révélation, ce sont des choses qui ont déjà été publiées, ce sont des archives… Les seules libertés qu’Ozon a prises sont par rapport à l’intimité des victimes pour préserver ou aller plus loin, voire pour gommer certains traits qui auraient été peu crédibles dans un film mais qui pourtant étaient vrais. Tout le reste est très fidèle.

Ce qui est beau, c’est la distance avec laquelle il filme ses personnages et ses situations : on aurait pu avoir peur au début parce que Ozon a un côté un peu sulfureux, et n’hésite pas parfois à manier une espèce de provocation dans ses films. C’est son côté qui lorgne parfois vers Chabrol, Buñuel. Là, il y a toujours beaucoup de facettes et de complexité dans chaque scène. Le film touche aussi parce que ce n’est pas manichéen et que l’on est avec les personnages. On comprend presque les motivations de chacun.

Le jour de la sortie du film, vous achèverez votre tournée Songbook avec Benjamin Biolay à l’Olympia. Sur quel corpus musical vous êtes vous retrouvés ? Dylan fait-il partie de votre structuration commune ?
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Ce qui nous a réunis en préparant le spectacle, c’est que ni lui ni moi n’étions spécialistes de chanson française. C’était un territoire que nous n’avions pas vraiment exploré. Ça m’a surpris chez lui, qui est vraiment un grand chansonnier, qui a un savoir et un talent particulier pour écrire des chansons : j’ai découvert qu’il n’était pas un expert du patrimoine de la chanson française. Ensemble, on s’est lancé là-dedans — c’était très agréable de s’échanger des morceaux, de se faire découvrir des choses, d’en découvrir ensemble, de demander autour de nous des idées, des tuyaux… Tous les soirs on ajoute une chanson, on en enlève une autre, une qu’on n’aurait pas pu jouer il y a deux mois convient aujourd’hui… C’est resté très évolutif comme spectacle, avec pas mal d’improvisation, de liberté, sans rien de préparé ni d’écrit. Ça n’est pas figé : ce qui nous intéressait depuis le début c’était de partir sur les routes entre copains et on a réussi notre coup ; on s’est bien marré.

Si ce n’est pas figé, ça peut donc revenir…
C’est ce qu’on se dit. Un jour ou l’autre, peut-être que l’on remettra cela…


Melvil Poupaud, repères

1973 : Naissance à Paris le 26 janvier    

1984 : Première apparition chez Agnès Varda et premier film avec Raoul Ruiz, La Ville des Pirates. Première réalisation de court-métrage, Qui es-tu Johnny Mac ?

1995 : Premier disque au sein du groupe Mud

1996 : Conte d’été d’Éric Rohmer lui donne l’occasion de chanter à l’écran

2005 : Le Temps qui reste, premier rendez-vous avec François Ozon

2006 : Première réalisation de long-métrage, Melvil

2011 : Premier livre, Quel est Mon noM

Crédit Photo : © Mars Films


Grâce à Dieu Grâce à Dieu

Grâce à Dieu

De François Ozon (Fr, 2h17) avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet...

De François Ozon (Fr, 2h17) avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet...

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Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour « libérer leur parole » sur ce qu’ils ont subi.

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Sous les étoiles de Paris

De Claus Drexel (Fr, 1h30) avec Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Jean-Henri Compère

Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. A travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.

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