Hallucinations Collectives : écran noir, série rose & carte blanche

Le programme / Elle claque ! Par son graphisme, sa symbolique, autant que par ce qu’elle promet de la programmation, l’affiche du festival de l’Autre cinéma est — comme toujours — une réussite. À l’image de ce que devrait être cette édition. Petit tour d’horizon du menu…

Subversive, l’image d’une Lady Liberty noire l’était certainement dans les années 1970 ; il se peut hélas qu’elle le soit redevenue aujourd’hui, alors que les suprémacistes blancs affichent de manière décomplexée leurs haines multicolores. Si l’époque voit les mentalités régresser, autant lui rafraîchir la mémoire. Avec leur rétrospective “Unexploited“, les Hallus rappellent que le cinéma a contribué à inscrire les Afro-Américains dans la société US et à leur donner une visibilité au-delà des clichés hollywoodiens, à les faire exister comme personnages et non comme “types sociaux“ ou alibis. En complément de l’iconique Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971) de Melvin Van Peebles, on découvrira Ganja & Hess (1973) de William Gunn, Top of the Heap (1972) de Christopher St. John et une œuvre parfaitement méconnue de Jules Dassin, Point Noir (1968). À ce sujet, si vous êtes en quête de films inclassables ou ayant totalement disparu des radars, des écrans et des écrans-radars, la section “Cabinet de Curiosités“ saura sans nul doute étancher votre soif d’insolite.

Le Q RST !

Réservé à un public “averti“ — c’est-à-dire de plus de 16 ans —, cinéma de genre par excellence, le cinéma érotique (au sens le plus large) a toujours son rond de serviette aux Hallus. Il bénéficie même cette année d’une section spéciale : la rétrospective “Roman Porno - littérature vénéneuse“. En dépit de titres puant le soufre torride et le sexe lubrique, il convient de préciser que cette spécialité nippone inventée par les studios Nikkatsu à l’orée des années 1970 se cantonne à un érotisme soft qui ne ferait même pas pâlir des salles de bains. À vérifier avec Yumeno Kyusaku’s Girl Hell, Woods are Wet : Woman’s Hell et La Maison des Perversités. Que les (a)mateurs d’ébats du bas se rassurent toutefois : pour ne pas manquer à sa tradition, le festival proposera en sus un classique français signé Claude Mulot, Le Sexe qui parle (1975), au titre aussi explicite que ses images. Et il faudra ajouter la soirée Bobbypills consacrée au studio homonyme vendredi 19 avril qui, entre les intégrales de Vermin et de Crisis Jung alignera une farandole d’épisodes de Peepoodo & The Super Fuck Friends, la série animée aux allures enfantines signée Balak (en sa présence) où les personnages s’initient aux joies du sexe.

Freaks, c’est chic

Autre gros morceau des Hallus, la compétition longs-métrages — un bouquet de fleurs sauvages plus ou moins vénéneuses poussant en marge des autoroutes de la production cinématographiques, dans des sentiers souvent bien fréquentés. Comme souvent, quelques belles plantes ont été repérées au PIFFF (le rendez-vous fantastique parisien) avant d’être repiquées à Lyon. C’est le cas de Freaks de Adam Stein & Zach Lipovsky, choisi pour ouvrir les festivités. On attend avec une impatience mêlé de curiosité Tous les dieux du ciel que Quarxx viendra présenter, version longue de Un ciel bleu presque parfait qui avait écumé les festivals, ains que Luz, premier long de l’Allemand Tilman Singer. Hors compétition, c’est son compatriote Fatih Akin qui effectuera la clôture avec The Golden Glove une incursion dans un nouveau registre — mais vu sa polyvalence, il devrait relever le gant sans problème. Enfin, on ne saurait conclure sans rappeler qu’une compétition de courts-métrages a lieu le samedi 20 à 11h, ni que le duo choc Cattet & Forzani a composé une Carte Blanche. Mais ils en parlent mieux…

Hallucinations collectives
Au Comœdia du 16 au 22 avril

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