Le vagabond des limbes : "Soul", un Pixar privé de salles
Sur Disney+ le Mardi 22 décembre 2020 | par Vincent Raymond
Newsletter Lyon
Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
En quoi votre approche a-t-elle changée de Monstres & Cie à Soul ?
Pete Docter : Quand j’ai commencé sur Monstres & Cie, je n’avais aucune idée de ce que je faisais — d’ailleurs ça n’a pas changé : je ne sais toujours pas ce que je fais ! Je me jette à l’eau. Faire un film, c’est un peu être bloqué jusqu’au moment où vous sentez que quelque chose prend : un personnage, un thème, un sentiment… Dans le cas de ce film, c’était plus un sentiment ou une circonstance de la vie. Chaque film est différent, et il faut avoir confiance dans le chaos inhérent, dans le processus créatif et ne pas arriver avec une idée préconçue : laissez aller et gardez en tête que personne ne sait ce que vous faites ; il faut simplement y aller.
Comment avez-vous décidé d’amener le jazz dans ce film ?
Au départ, c’était un choix esthétique : nous cherchions quelque chose de sympa à regarder. Depuis que le son existe dans un film d’animation, le jazz en a fait partie : si on pense à Betty Boop et nombre des premiers films de Disney, il y avait du jazz. L’énergie, l’esprit du jazz colle bien. Il y avait aussi cette histoire de Herbie Hancock racontant comment, au cours d’une tournée en Europe avec Miles Davis, il a joué une note tellement fausse qu’il était inquiet d’avoir anéanti tout le concert. Miles a juste pris son souffle, joué quelques notes et rectifié la note de Herbie. Cela lui a pris des années pour comprendre ce que Miles avait fait : il n’avait pas jugé ce qui était arrivé, il l’avait juste pris comme une nouvelle chose qui arrivait et en avait fait ce que tout grand musicien de jazz devrait essayer de faire ; le transformer en quelque chose de bien. Lorsqu’on a entendu cette histoire, on s’est dit que c’était exactement notre thème : nous sommes en train d’improviser notre vie, on ne suit pas un scénario. C’est exactement ce que le jazz raconte : vous ne jouez pas des notes, vous les improvisez tout en jouant. On sentait que le jazz avait beaucoup à nous apprendre sur l’histoire que nous racontions.
Sur Disney+ le Mardi 22 décembre 2020 | par Vincent Raymond
Vous avez aussi fait appel pour la musique à Trent Reznor et Atticus Ross, en particulier pour les scènes du “Grand-Avant“. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Nous avions entendu dire que Trent Reznor et Atticus Ross aimaient proposer des sketches au fur et à mesure. Donc nous leur avons donné certaines parties du film presque terminée pour qu’ils composent la musique qui accompagnerait ces images ; en retour, ils nous ont donné de petits sketches de démonstration. Par exemple, à la fin, quand Joe joue en direct, c’étaient cinq propositions complètement différentes, pour voir si l’une d’entre elles nous convenait. Tout en faisant la scène, nous prenions ces bouts de musique, on les copiait-collait, on prenait des idées qu’ils avaient pour cette partie du film… C’était très organique, une manière différente de travailler. Ensuite bien sûr, ils les reprenaient pour améliorer le son de nos montages. Mais la musique faisait partie du récit d’une manière qui était nouvelle pour nous, c’était très cool. Dès le début, ils semblaient avoir vraiment connecté avec le thème du film, essayant de raconter une histoire qui faisait vraiment écho à ce que nous voulions. Et c’est fondamental quand vous travaillez avec des artistes de vous assurer qu’ils sont sur la même longueur d’ondes que vous.
En quoi votre approche a-t-elle changée de Monstres & Cie à Soul ?
Pete Docter : Quand j’ai commencé sur Monstres & Cie, je n’avais aucune idée de ce que je faisais — d’ailleurs ça n’a pas changé : je ne sais toujours pas ce que je fais ! Je me jette à l’eau. Faire un film, c’est un peu être bloqué jusqu’au moment où vous sentez que quelque chose prend : un personnage, un thème, un sentiment… Dans le cas de ce film, c’était plus un sentiment ou une circonstance de la vie. Chaque film est différent, et il faut avoir confiance dans le chaos inhérent, dans le processus créatif et ne pas arriver avec une idée préconçue : laissez aller et gardez en tête que personne ne sait ce que vous faites ; il faut simplement y aller.
Comment avez-vous décidé d’amener le jazz dans ce film ?
Au départ, c’était un choix esthétique : nous cherchions quelque chose de sympa à regarder. Depuis que le son existe dans un film d’animation, le jazz en a fait partie : si on pense à Betty Boop et nombre des premiers films de Disney, il y avait du jazz. L’énergie, l’esprit du jazz colle bien. Il y avait aussi cette histoire de Herbie Hancock racontant comment, au cours d’une tournée en Europe avec Miles Davis, il a joué une note tellement fausse qu’il était inquiet d’avoir anéanti tout le concert. Miles a juste pris son souffle, joué quelques notes et rectifié la note de Herbie. Cela lui a pris des années pour comprendre ce que Miles avait fait : il n’avait pas jugé ce qui était arrivé, il l’avait juste pris comme une nouvelle chose qui arrivait et en avait fait ce que tout grand musicien de jazz devrait essayer de faire ; le transformer en quelque chose de bien. Lorsqu’on a entendu cette histoire, on s’est dit que c’était exactement notre thème : nous sommes en train d’improviser notre vie, on ne suit pas un scénario. C’est exactement ce que le jazz raconte : vous ne jouez pas des notes, vous les improvisez tout en jouant. On sentait que le jazz avait beaucoup à nous apprendre sur l’histoire que nous racontions.
Sur Disney+ le Mardi 22 décembre 2020 | par Vincent Raymond
Vous avez aussi fait appel pour la musique à Trent Reznor et Atticus Ross, en particulier pour les scènes du “Grand-Avant“. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Nous avions entendu dire que Trent Reznor et Atticus Ross aimaient proposer des sketches au fur et à mesure. Donc nous leur avons donné certaines parties du film presque terminée pour qu’ils composent la musique qui accompagnerait ces images ; en retour, ils nous ont donné de petits sketches de démonstration. Par exemple, à la fin, quand Joe joue en direct, c’étaient cinq propositions complètement différentes, pour voir si l’une d’entre elles nous convenait. Tout en faisant la scène, nous prenions ces bouts de musique, on les copiait-collait, on prenait des idées qu’ils avaient pour cette partie du film… C’était très organique, une manière différente de travailler. Ensuite bien sûr, ils les reprenaient pour améliorer le son de nos montages. Mais la musique faisait partie du récit d’une manière qui était nouvelle pour nous, c’était très cool. Dès le début, ils semblaient avoir vraiment connecté avec le thème du film, essayant de raconter une histoire qui faisait vraiment écho à ce que nous voulions. Et c’est fondamental quand vous travaillez avec des artistes de vous assurer qu’ils sont sur la même longueur d’ondes que vous.
Crédit Photo : Pete Docter © Pixar
Sur Disney+ par Vincent Raymond le Mardi 22 décembre 2020 | Narrant les tourments d’une âme cherchant à regagner son corps terrestre, le nouveau Pixar résonne étrangement avec la situation du monde du cinéma actuellement (...)
Story par Sébastien Broquet le Mardi 24 mars 2020 | Manu Dibango est décédé le mardi 24 mars 2020, des suites du Covid-19. Le saxophoniste est l'auteur de "Soul Makossa" : voici l’histoire de la face B d’un (...)
Portrait par Vincent Raymond le Mardi 11 février 2020 | Arts graphique et chorégraphique ne font qu’un pour Jean-Charles Mbotti Malolo, réalisateur de l’effervescent Make it soul, sublime évocation d’un duel (...)
Art Contemporain par Jean-Emmanuel Denave le Mardi 12 novembre 2019 | Volet à part entière de la Biennale d'Art Contemporain, l'exposition Jeune création internationale réunit dix artistes internationaux dans les espaces de (...)
Bons Plans par Jean-Emmanuel Denave le Lundi 9 septembre 2019 | De l'art brut, une friche industrielle, des galeries et deux musées qui s'accouplent : voici cinq expositions à découvrir en cette (...)
Art Contemporain par Jean-Emmanuel Denave le Mardi 3 septembre 2019 | Le Musée des Beaux-Arts et le Musée d'Art Contemporain nous invitent à une expérience artistique tout en sensations et en perceptions. Une exposition (...)
Pixar par Vincent Raymond le Mercredi 26 juin 2019 | Quand Fourchette, la nouvelle arrivée dans la tribu des jouets de Bonnie, se fait la malle, Woody part aussitôt à sa recherche. Sa quête lui fera découvrir de (...)
House Music par Sébastien Broquet le Mardi 29 janvier 2019 | Joe Claussell, grand nom de la house nation, s'arrête au Petit Salon ce week-end pour quatre heures de set : communion conseillée. (...)
Art Religieux par Jean-Emmanuel Denave le Mardi 30 octobre 2018 | Au Couvent de la Tourette conçu par Le Corbusier, une très belle exposition est consacrée au vitrail contemporain. Avec une trentaine d'artistes d'obédiences (...)
Courts-métrages par Vincent Raymond le Mardi 19 juin 2018 | Temple du court-métrage pour toute la Métropole lyonnaise, le Zola accueille à l’initiative du Bureau des Auteurs un rendez-vous régulier offrant la (...)
Sono Mondiale par Sébastien Broquet le Mardi 20 février 2018 | Le succès d'Omar Souleyman est aussi improbable que réjouissant. Quelle probabilité qu'un musicien de mariage syrien finisse par conquérir le monde en (...)