«Il y a toujours une lutte»

Entretien / Philippe Cognée expose à la Bibliothèque de la Part-Dieu et à la galerie Domi Nostrae. Propos recueillis par JED

Délitement des formesPhilippe Cognée : Dans les années 1990, j'ai peint des châteaux de sable, peu à peu liquidés par la mer. J'étais dans cette problématique : est-ce que je construis ou est-ce que je détruis ? Mon néo-cubisme dans mes représentations de Hong Kong renforce le potentiel d'effondrement des tours. Là-bas, on a l'impression que la ville respire au rythme de ses constructions et de ses destructions, comme un cycle des saisons... Je cherche des techniques pour aller presque contre le matériau, l'exagérer, le mettre en danger ; toujours en écho à ce rapport constructiondestruction. La matière témoigne de cette agressivité ou de ce désarroi. Il y a toujours une lutte qui se confond avec la vie. Peau de peinture et images contemporainesLa matière picturale c'est un peu comme la peau, la chair, la chaleur, la sensation, c'est mon côté africain. Elle s'oppose aux nouveaux procédés de captation du monde qui sont froids (papier glacé de la photographie, écrans...) et qui mettent à distance. La matière, c'est ce que l'on sort de nous-mêmes : j'admire par exemple Cy Twombly, c'est presque de l'ordre de l'excrément, de l'essentiel, de ce que l'homme produit comme consistance et comme résistance. Ce travail artisanal, ce «faire» malhabile apportent de l'humanité, une résistance à une modernité glaciale.Retour au corps à la galerie Domi NostraeQuand je suis trop distancié, j'ai besoin de me retrouver, de tirer à l'opposé, ailleurs, vers l'intime. Cette dimension de la chair est aussi ce qu'il y a de plus fascinant dans l'histoire de la peinture. Toute la peinture traverse la représentation du corps. Et toujours aussi, on y voit cette lutte avec la matière, cette opposition entre construction et destruction. Pour mes aquarelles présentées à la galerie Domi Nostrae, j'ai travaillé dans une sorte de violence, accélérant le séchage, créant des accidents... Le sexe, le corps, le portrait : c'est la vie, la mort, dans une approche toujours violente. Le travail est très physique : il faut aller vite, presque comme pour une danse ou une transe, sans distance, en impliquant mon propre corps.

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