Expo / Partant du principe que la biographie de Juliette Récamier (Lyon 1777-Paris 1849) est largement connue du public, le Musée des Beaux-Arts se propose d'explorer l'influence de cette grande figure féminine du début du XIXe siècle sur les arts de son temps. Car si Récamier n'a jamais été elle-même une artiste, elle fut à la fois un modèle, une commanditaire, une collectionneuse et une muse pour nombre de peintres et sculpteurs, et marqua aussi de son empreinte les domaines de la littérature, du spectacle, du mobilier et de la mode. On pourrait même entrapercevoir chez elle une sorte d'icône pré-Warholienne dont le Salon célèbre serait la Factory, et l'aptitude à contrôler son image l'équivalent du génie moderne de la manipulation des médias et de la communication... L'exposition offre donc un programme réjouissant a priori, sauf que la belle et très libre Juliette Récamier a eu la mauvaise idée de vivre à une époque artistique assez ennuyeuse et que l'on pourrait résumer rapidement sous le terme de «néo-classicisme». Soit un art virtuose à la beauté un peu vide de sens et figée. De plus, les seuls tableaux historiques et émouvants liés à Récamier, les portraits de David et de François Gérard, sont restés bien au chaud dans leurs musées d'origine et n'apparaissent ici que sous forme de reproductions ou d'esquisses préparatoires... On se rattrapera certes avec quelques jolis bustes de Chinard ou de Canova, avec quelques toiles de peintres moins connus, mais aussi et paradoxalement avec deux œuvres de Magritte, une sculpture et une toile, singeant le célèbre portrait de David. L'espiègle artiste surréaliste belge y a remplacé le corps de Récamier par... un cercueil articulé ! Jean-Emmanuel Denave
Juliette Récamier muse et mécèneAu Musée des Beaux-Arts jusqu'au 29 juin.
