Analyse / La Biennale 2007 s'était pris une belle claque critique par l'ensemble, quasi unanime, de la presse française. L'édition 2009 est donc attendue au tournant et soumise à quelques pressions.
Analyse / La Biennale 2007 s'était pris une belle claque critique par l'ensemble, quasi unanime, de la presse française. L'édition 2009 est donc attendue au tournant et soumise à quelques pressions. Et ce d'autant plus qu'une première commissaire invitée, Catherine David, a dû jeter l'éponge en cours de route (trop sollicitée par d'autres tâches dit-on), pour refiler le bébé à Hou Hanru, jeune critique et commissaire d'exposition né en 1963 en Chine, vivant entre San Francisco et Paris. En sept mois à peine, l'homme a mis en place un projet d'exposition autour de la thématique du «spectacle du quotidien» et rassemblé une soixantaine d'artistes de tous horizons géographiques, souvent peu connus du grand public (à l'exception notable d'Agnès Varda, Sarkis, Adel Abdessemed, Jimmie Durham...). À la lecture de l'interview qu'Hou Hanru nous a accordée, on comprendra très vite que cette Biennale 2009 s'intéresse bien davantage aux notions d'action, d'interaction, de performance, de réalisations en lien avec d'autres sphères (politique, économique, sociale, écologique...), plutôt qu'à celles de jeu formel, de délectation esthétique, d'art pour l'art... À l'heure des flonflons décoratifs des grandes galeries, du kitch chic, du tout design, de l'art contemporain atteint d'autisme (avec auto-citations ou mises en abîmes potaches), on ne s'en plaindra pas ! Que l'art reprenne du service «public» sans tomber dans le panneau du socio-culturel, qu'il vienne réinventer un quotidien pétrifié dans l'individualisme et le profit, qu'il rajoute un peu de friction et de tensions parmi nos modes de vie disciplinés et nos habitudes de pensée, tant mieux ! Reste à savoir si les 60 artistes conviés tiendront ces alléchantes promesses, que l'on pourrait résumer par la célèbre formule de Robert Filliou : "l'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art..." JED
