Elle greffe le rire à la nuit

Blanche Berthelier

Galerie Jean-Louis Mandon

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

La galerie Jean-Louis Mandon présente une vingtaine de dessins, comme autant de nuits énigmatiques et ouvertes à l’éclosion de jours singuliers, de la jeune artiste lyonnaise Blanche Berthelier. Une très belle rencontre avec une œuvre en devenir. Jean-Emmanuel Denave

«Travaux de liasse et de liesse, ils se délivrent selon la famine, selon l’altercation de mondes tournoyants qui s’engendrent, se détruisent… et si, de la fermentation de leurs grappes pressées surgit la foudre, elle greffe le rire à la nuit…» Citer Jacques Dupin (L’Ecoute) parce que c’est notre lecture du moment, citer Jacques Dupin parce qu’aussi nombre de ses poèmes résonnent étrangement avec les terres sombres, les mondes vibratiles, les grappes noires, les écorces et les nuits transfigurées que fait éclore puis, très vite, se refermer Blanche Berthelier dans ses dessins (au fusain ou à l’encre de Chine, sur de petits ou de grands formats).

Après avoir fait gicler à grands traits de la peinture sur de grandes feuilles, dans des gestes explosifs et spontanés, l’artiste (vivant à Lyon et née en 1982) a voulu, plus patiemment, «faire apparaître des formes et des figures. Je ne sais pas ce que cela représente exactement et j’aime qu’on ait l’impression de reconnaître quelque chose sans savoir vraiment de quoi il s’agit. D’où l’importance aussi du noir et blanc qui fait immédiatement rupture avec tout réalisme. Tout reste dans ces dessins énigmatique, même pour moi».

Traverser la nuit

Enigme du petit théâtre envahi par l’avancée de troublants et menaçants rideaux organiques. Enigme de ces corps tronqués ou de ces très nombreux volatiles mutants. Enigme de cette forme à la fois phallique et vaginale qui se tend vers le blanc de la feuille, et qui pourrait être aussi bien une grande graine ouverte et oblongue. «Il y a tout un répertoire de formes que j’aime beaucoup regarder (les coquilles, les germes, les écorces…), formes qui souvent recèlent une puissance de possibilité, évoquent le caché-fermé qui est en passe de devenir autre chose». Même la topologie de Blanche Berthelier est constamment en métamorphose, en plis et en dé-plis, en enveloppes et en «déclosions», en vagues et en ondes. Les architectures et les espaces sont vivants, les animaux, quant à eux, parfois morts ou organiques, les traits vibrent et rendent les représentations troubles, mouvantes… «Le vide qui vit, qui est dedans, qui est dehors, le cep d’où surgit le souffle, le souffle qui détruit le cep, qui traverse la nuit et nos corps» (Jacques Dupin).

Blanche Berthelier
jusqu’au 30 mars à la Galerie Jean-Louis Mandon

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