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La surface des choses selon Jean-Pierre Schneider

Jean-Pierre Schneider

Galerie Pome Turbil

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

La galerie Pome Turbil présente des œuvres récentes de Jean-Pierre Schneider. Un peintre qui ramène la diversité des perceptions et la profondeur des choses à leur surface subtile. Jean-Emmanuel Denave

Jean-Pierre Schneider a d'abord été un artiste abstrait inspiré par Tal Coat, Nicolas de Staël, Mark Rothko.

Á partir du milieu des années 1990, des motifs discrets viennent s'entremêler à une matière picturale épaisse, vibrante, longuement travaillée (via la superposition de nombreuses couches). La silhouette d'un nageur, par exemple, fend la peinture ou y plonge carrément. Un trapèze vide se balance, absurde et émouvant, d'un côté à l'autre du tableau. Un visage laisse apparaître la trace vague de son contour défiguré par le temps...

Une tension, une lutte semble s'engager entre la figure et la matière qui menace de l'absorber, de la dissoudre. L'artiste dit, dans un entretien, être revenu à la figuration parce qu'il était arrivé

à la sensation de na pas ouvrir les choses. J'avais peur d'être dans une musique intérieure, de la développer et d'y rester. Au contraire, aller puiser un sujet à l'extérieur de soi et essayer de l'intégrer à ce qu'on attend soi-même de la peinture me paraît encore aujourd'hui être le problème du peintre.

On comprend dès lors qu'au-delà d'une première impression de lutte ou de conflit, les toiles de Schneider représentent un entre-deux, la surface de rencontre d'un espace perceptif extérieur et d'un espace perceptif intérieur fait d'affects subjectifs.

Un tiers entre encore en jeu : la matière, les qualités propres de la peinture, sa vie autonome pourrait-on presque dire...

Surfaces

Á la galerie Pome Turbil, on pourra découvrir deux séries récentes : de petites jattes et de plus grands tableaux opérant des variations à partir de La Maîtresse de Baudelaire d'Edouard Manet.

Mon admiration pour Édouard Manet, et un ami très cher, m’ont fait porter le regard sur "La Maîtresse de Baudelaire", somptueux tableau. Là, plus question de verticale et de hauteur mais d’ampleur, de rondeur, de bouffant, de largesse. Je cherche à les peindre comme d’un seul geste, rond, entier, une demi-sphère, demi-lune, hémisphère nord, feu d’artifice aux retombées de dentelles, la flèche (noir-Manet) de l’éventail planté dans la blancheur de la soie, le vent sous l’aveuglement blanc, vol de l’oiseau rond, celui peut-être de la danseuse en tutu.

Il n'y a guère de profondeur dans les tableaux de Jean-Pierre Schneider, tout y est pris d'un seul geste sûr, "dans" une même surface. Cette surface est un espace plat mais dense (dansé même parfois !), animé de mouvements de vie ou de luttes avec le temps et l'oubli, de pulsions et d'émotions variées. L'artiste compare ces surfaces à une peau :

«Quelque chose pousse sous la peau mais ne dépasse pas la peau. Car si l'on écorche, cela saigne. Je ne veux pas écorcher, juste m'arrêter au point où cela résiste encore.»

Jean-Pierre Schneider
A la galerie Pome Turbil jusqu'au 9 mai

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