Soleil levant sur les galeries Pallade et 48

Masayoshi Yamada

Galerie Anne-Marie et Roland Pallade

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Deux galeries lyonnaises voisines présentent actuellement des artistes japonais de même génération : le peintre et sculpteur Masayoshi Yamada et la photographe Mieko Tadokoro. Jean-Emmanuel Denave

Il est tout aussi réducteur de dire "les Japonais" que "les Américains", "les Français", tant ces généralités sont en réalité des multitudes. Néanmoins, dans le domaine artistique, relier le travail de Masayoshi Yamada (né en 1949 à Gifu au Japon, vivant actuellement à Paris) à certains concepts de la pensée japonaise contemporaine peut avoir des effets éclairants sur son œuvre. Dans une certaine philosophie japonaise, tout dans la nature, y compris le soi, est la manifestation spontanée de l'univers lui-même. Un penseur comme Bin Kimura (né en 1931) par exemple met en avant les notions de "nous", d'entre-deux (l'entre se dit aïda en Japonais), qui deviennent premiers et antérieurs à tout sujet, à toute individualité.

Pour les Japonais, l'individu ne saurait d'abord être envisagé en tant que monade isolée instaurant après-coup une relation avec les autres. Au contraire, ils considèrent que l'aïda interpersonnel est premier et qu'ensuite seulement il s'actualise sous la forme du soi-même et des autres

écrit-il.

Dans une acrylique sur ardoise, un diptyque, Yamada a représenté "Echo" : une forme humaine blanchâtre qui fait face, autant qu'elle ressemble, à une bougie. Et le spectateur de se demander qui ressemble à qui, quel est le sujet de l'objet ? Soit autant de questions qui n'ont peut-être aucun sens pour l'artiste...

Les choses parlent

Yamada présente aussi à la galerie Pallade de petites sculptures qui résonnent avec la citation de Kimura, dont une en fer intitulée justement Entre nous, où l'on voit deux petits personnages reliés entre eux par un parallélépipède oblongue. «Parfois les choses abandonnées me parlent. Ces choses deviennent matériaux de ma sculpture et rencontrent les personnes qui demeurent dans mon corps» écrit Yamada. L'ici et l'ailleurs, le visage et l'astre lointain, l'humain et l'animal ne cessent dans ses œuvres de s'échanger, de se relier, ou plutôt d'éclore à partir d'un matériau et d'un entre-deux communs.

À quelques pas de là, à la Galerie 48, c'est à partir du silence des choses que fait naître ses images la photographe japonaise Mieko Tadokoro (née en 1948 à Tokyo où elle vit actuellement). Silence qui n'est jamais aussi émouvant et poignant que dans sa série de natures mortes à l'aspect très pictural réalisées au sténopé (soit dans une économie stricte de moyens techniques). La photographe se laisse aller ici aux hasards des accidents techniques et aux incidences capricieuses de la lumière. Le résultat est souvent visuellement somptueux !

Masayoshi Yamada, L'Empire du sens
Jusqu'au 4 juillet à la Galerie Pallade.

Mieko Tadokoro, Vie silencieuse
Jusqu'au 4 juillet à la Galerie 48

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