L'attrait des seuils de Mathilde Lestiboudois

Mathilde Lestiboudois

L'attrape-couleurs

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Peinture / Récemment diplômée des Beaux-Arts de Paris, Mathilde Lestiboudois présente à L'attrape-couleurs un ensemble de toiles récentes où le vide et les seuils occupent une place essentielle et énigmatique.

La nature dit-on, et beaucoup d'entre nous, ont horreur du vide. La jeune peintre Mathilde Lestiboudois, au contraire, le recherche, l'explore, l'accentue dans ses toiles. C'est par exemple un hall d'entrée sans porte, sans présence humaine, sans fonction apparente ni usage probable. C'est une salle de bain avec une baignoire comme un bloc monolithique minimaliste et atemporel. C'est une salle à manger comme un décor de théâtre un peu effrayant avec des sources de lumière d'arrière plan, et une table et des chaises un peu trop simplifiées, un peu trop blanches... « Le vide est un thème récurrent dans mon travail. Je peins des espaces qui se vident de plus en plus, dépourvus de présence humaine, les cadres sont vides et les fenêtres ne laissent transparaître presque aucun décor. Je retire les éléments peu à peu pour ne garder qu’une structure simple que je transforme et manipule tout au long de ma peinture. » écrit l'artiste dans ses notes d'intention.

Passages

Que l'émotion esthétique se confonde parfois avec un sentiment d'angoisse, la chose est courante en peinture, certaine chez Mathilde Lestiboudois. Mais cette angoisse est aussi le signe manifeste d'un désir, d'un mouvement, d'un changement à la fois psychique et plastique : l'artiste peint des seuils où (dans les deux sens) le réel bascule en fiction, l'espace quotidien en scène théâtrale, la géométrie rationnelle d'un dallage en élément onirique... Cadres, portes, embrasures, fenêtres sont autant de seuils qui font "fuir", basculer le temps, la réalité, les repères qui nous rassurent habituellement. « Rien n'est plus réel que rien » disait le philosophe grec Démocrite, et Mathilde Lestiboudois propose en effet un poignant matérialisme du vide, un atomisme intense du passage, une approche plastique de ce qui sans cesse s'éloigne à force de dépouillement. Artistiquement on pense aux peintures de Hammershoi ou de Morandi, mais les tableaux de Lestiboudois évoquent aussi, pour nous, les œuvres littéraires de Blanchot, de Beckett, et la poésie des seuils de Bonnefoy ou d'André du Bouchet.

Mathilde Lestiboudois, Les fragments du vide
À L'attrape-couleurs jusqu'au 2 mars

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