VinylesMania : Vinyle, Vidi, Vici au Musée de l'Imprimerie

Vinyles Mania

Musée de l'Imprimerie et de la communication graphique

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Graphisme / Au long d'une exposition sacrément futée et fureteuse, le Musée de l'Imprimerie et de la Communication Graphique célèbre le retour aussi triomphal et paradoxal du vinyle ces dernières années, remonte à sa genèse et en explore les singularités. À voir les oreilles grandes ouvertes. Et prolongée jusqu'au 29 août.

On pourrait appeler "paradoxe du vinyle" le fait qu'un objet symbole du matérialisme moderne ayant connu une extinction de masse se mette à revivre sur le marché alors même que la dématérialisation a triomphé de tous les supports. On a longtemps pensé que le CD, cette invention sonore si révolutionnaire et si pratique, avait définitivement supplanté le disque vinyle. Puis la dématérialisation a fait son œuvre avec l'arrivée du téléchargement (ah, cette époque où il fallait une journée pour télécharger un fichier mp3), puis des plateformes de streaming, et l'industrie du disque a plongé, ringardisant définitivement la forme évoluée du disque. Au final, c'est le dinosaure vinyle qu'on a ressorti des glaces de l'oubli et du grenier de papy pour repeupler les rayons des disquaires et les salons domestiques. Tout cela parce que la dématérialisation, grande pourvoyeuse de nostalgie et de paradoxal désir de possession, a fait du 33t répudié un fétiche, un totem d'appartenance à une caste de (plus ou moins) passionnés. Et si l'on veut comprendre (ou pas) pourquoi, il faut se rendre à l'exposition VinylesMania sise au Musée de l'imprimerie et de la communication graphique (commissionnée par son directeur Joseph Belletante), tout à la fois historique, graphique et surtout curieuse, à tous les sens du terme.

Passons sur le seul bémol d'une exposition dédiée au mythique graphiste du label anglais 4AD Vaughan Oliver et qui n'évoque que sommairement son travail. Car l'on peut y apprendre comment on transfère le son sur des microsillons, une plaque de cuivre puis deux faces de polychlorure de vinyle chauffé (pour schématiser) ou l'histoire de la genèse des logos de labels (en vedette celle du plus célèbre d'entre-eux : "La Voix de son maître" de Pathé-Marconi). Plus loin : qui sont les pionniers du graphisme des pochettes (Alex Steinweiss notamment, au début des années 40, Hipgnosis...). L'expo propose également, outre un accrochage thématique en pointillé, des portraits de diggers (Christian Biral, Black Girls Love Vinyl, Sofa Records...) et leurs sélections. Et dans le cadre de l'année de la BD un mur entier dédié à d'illustres illustrateurs invités à imaginer ou reproduire leur pochette de disque idéale, parmi lesquels Pénélope Bagieu, Lewis Trondheim, Cécile Becq, Lou Lubie, Alfred (notre coup de cœur à Georges Brassens chante les Sex Pistols — entièrement en alexandrins).

Le cas K-Pop

Et puis il y a les thématiques plus surprenantes comme cette Disco Demolition Night : un soir de l'été 1979 à Comiskey Park (le stade des Chicago White Sox) l'animateur radio-rock un rien réactionnaire Steve Dahl appela la jeunesse — essentiellement blanche et raciste — à un autodafé de galettes disco qui mit le stade à sac. Ou encore ce focus sur « Ce pays où le vinyle n'existe pas » (la Corée du Sud) qui cultive ce paradoxe d'être l'un des plus gros producteurs mondiaux de pop (la fameuse K-pop) et de n'être jamais revenu au support vinyle. On peut également citer les très touchantes approches du travail de la religieuse et musicienne éthiopienne Emahoy Tségué-Maryam, presqu'aussi vieille (elle a 96 ans) que le vinyle et ce film de la photographe américaine Zoe Timmers sur son père, mis en scène au milieu de son invraisemblable collection de vinyles.

Autres immanquables curiosités : les travaux du réalisateur Bastian Dreyer sur le vinyle (partie de ses Mémoires sur les objets anciens) et du graffeur Kesa, les disques phonotropiques dont les dessins géométriques s'animent lorsque tourne la galette ou ce vinyle hologramme de la BO de Star Wars (signé Tristan Duke) dont la rotation laisse apparaître au-dessus de la platine l'hologramme d'un vaisseau TIE-Fighter (!). Au-delà des gadgets et clins d'œil, si l'une des grandes questions posées ici est « quel est le sens d'inscrire des informations sur un objet physique ? », VinylesMania nous met sous les yeux (et un peu les oreilles) quelque chose comme un début de réponse : parce que c'est tout simplement beau, émouvant, organique.

VinylesMania – Le tour du monde en images et en sons d'une passion circulaire
Au Musée de l'Imprimerie et de la Communication Graphique jusqu'au dimanche 29 août

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