«Il ne suffit pas d'organiser des fêtes pour faire une politique culturelle»

Municipales / Fabienne Levy, candidate UMP (Parti Radical Valoisien) à la mairie du 1er arrondissement de Lyon donne son avis sur la politique culturelle menée pendant le mandat de Gérard Collomb et présente ses projets pour le 1er arrondissement. Propos recueillis par Dorotée Aznar

Quel bilan faites-vous du mandat de Gérard Collomb au niveau culturel ?
Fabienne Levy : Beaucoup d’espoirs ont été placés dans la culture, il y a donc de grandes déceptions. Les premières années du mandat de Gérard Collomb ont été tournées vers la consolidation des grandes institutions. Bien sûr, il faut des locomotives, mais il faut aussi avoir une vision globale de ce que doit être une politique culturelle municipale. Il ne suffit pas d’organiser des fêtes pour faire une politique culturelle. Selon vous, la ville ne devrait pas se charger du financement des grandes institutions ?
Je pense que le financement des grandes institutions doit être partagé avec la Région. Je regrette que Gérard Collomb n’ait pas voulu créer un poste de vice-président en charge de la Culture à la Communauté urbaine de Lyon. Ces dernières années, le budget de la culture ne s’est pas forcément concentré sur les bons endroits… Selon moi, les municipalités devraient s’occuper des petits lieux et les communautés urbaines des grandes institutions. Dans votre programme, vous proposez «d’ouvrir les Subsistances aux artistes», qu’est-ce que cela signifie ?
Actuellement, les Subsistances ne sont pas un outil pour les artistes qui ne sont pas déjà dans des réseaux. Les Subsistances n’accueillent que des gens qui sont déjà reconnus. Selon moi, les Subsistances n’ont pas rempli leur mission de service public. Vous êtes très critique sur l’utilisation de ce lieu. Comment proposez-vous de l’utiliser ?
À Lyon, il y a un problème, c’est le manque de salles de répétition. Les artistes et les compagnies demandent des lieux afin de répéter dans de bonnes conditions et on n’a pas répondu à leur demande. Les Subsistances sont un lieu gigantesque. Moi, j’étais contre l’installation de l’École des beaux-arts, je voulais que les Subs soient un lieu d’accueil pour les musiques contemporaines électro-acoustiques, une sorte de «pôle musical», mais je n’ai pas été écoutée. Je propose donc de laisser de l’espace pour créer des lieux de répétition à destination des petites compagnies ainsi que des ateliers de peinture. L’expérience faite aux Subsistances sous la direction de Guy Walter doit servir à donner une nouvelle dimension à ce lieu pour en faire un espace d’accompagnement des jeunes artistes. Vous pensez donc pouvoir répondre à cette demande de lieux de répétition dans le 1er arrondissement ?
Trouver des lieux, cela ne peut se faire qu’en concertation avec des propriétaires, au cas par cas. Mais il y a des aberrations dans cet arrondissement, prenez la Galerie des Terreaux par exemple qui ne sert à rien. On pourrait en faire un lieu ouvert aux artisans-artistes. On leur ferait un contrat de six mois, afin d’assurer le renouvellement, et la galerie deviendrait un lieu ouvert aux habitants et aux artistes. Vous vous positionnez comme le défenseur des petites compagnies, mais un travail d’aide aux petites structures a été également mené pendant le mandat de Gérard Collomb...
Le problème, c’est que le travail a toujours été mené dans l’urgence et à courte vue. On subventionne une compagnie pendant un an et puis plus rien. Les artistes sont dans la merde quand le spectacle est fini… On n’a pourtant pas l’impression qu’il soit si compliqué à Lyon, même pour une petite compagnie, de trouver des aides, à partir du moment où elle se présente avec un projet structuré… On ne peut pas aider tous ceux qui ont la moindre velléité artistique…
Je veux aider les jeunes compagnies pour la communication et la diffusion, deux gros points faibles. La municipalité ne les aide pas sur ce point. Il ne faut pas croire, Patrice Béghain (l’adjoint à la Culture du maire de Lyon, NdlR) ne va pas dans les petits théâtres de merde… Donc, si vous êtes élue, on vous croisera fréquemment dans ces fameux «petits théâtres de merde» ?
Ne vous méprenez pas, ce n’est pas une attaque contre l’adjoint à la Culture. Je pense simplement que les petites structures sont laissées sur le bord du chemin. Personnellement, je souhaite travailler pour tisser des liens durables, des liens formalisés.