Quand l'art s'invite chez vous

Ouverte depuis 1983, l’artothèque de Saint-Priest, qui permet d’emprunter des œuvres d’art contemporain, a déménagé en plein centre-ville, le 7 février dernier. L’occasion de revenir sur des institutions encore méconnues du grand public : les artothèques. Simon Deculty

Un jeune couple regarde le mur vide au-dessus du canapé.
Lui : «Il est blanc ce mur»
Elle : «Oui»
Lui : «Il faudrait mettre un tableau»
Elle : «On n’a pas les moyens»
Lui : «Non»
Elle : «Mais on peut en emprunter un !»
Lui : «À qui ?»
Elle : «À l’artothèque»
Lui : «Larto quoi ?»

Vous connaissez sans doute les médiathèques, les bibliothèques, et autres vidéothèques. Trois termes, trois services aujourd’hui ancrés dans le langage et la vie de tous les jours. Mais il n’en est pas de même pour les artothèques. Sur le même principe, elles permettent d’emprunter non pas des livres, ni des dvd mais des œuvres d’art contemporain. Des tableaux, des estampes, des photographies d’une valeur parfois inestimable dont l’acquisition est souvent réservée à une élite. Afin de faciliter l’accès à l’art pour tous les artothèques se sont développées (dans une certaine mesure) en France depuis le milieu des années 80. L’objectif étant de créer un lien entre l’art contemporain et le plus grand nombre. De l’amateur au néophyte, de la collectivité à l’entreprise, de la maternelle à l’université, chacun doit pouvoir trouver son rapport à l’art. 

Comment ça marche ?

Souvent regroupées dans les centres d’art ou les médiathèques, les artothèques proposent un service inédit, l’emprunt d’œuvres d’art. Étonnant ? Pas vraiment, puisqu’il suffit, pour cela de prendre un abonnement à l’année dont le prix varie selon les établissements (10€ à Saint-Priest par exemple).

Une fois abonné, le particulier peut choisir n’importe quelle œuvre disponible dans la collection : un Ben, un Viallat ou un Soulage par exemple. Il lui est tout à fait possible d’emprunter plusieurs œuvres, mais toujours pour la même durée, entre deux et trois mois.

Et parce que les artothèques ne sont pas des musées, leur mission n’est pas de conserver les œuvres mais bien de les faire circuler. Si l’œuvre venait à disparaître, la responsabilité civile de l’emprunteur serait engagée, mais sans trop risque (l’assurance couvre les frais).

Les artothèques prêtent également aux collectivités, aux écoles et aux entreprises. «Le but est de désacraliser l’art contemporain», précise Valérie Sandoz, l’artothècaire de Villeurbanne.

Pour enrichir leurs collections, les artothèques disposent toutes d’un budget d’acquisition. Les œuvres sont achetées dans les galeries d’art, chez les éditeurs ou directement auprès de l’artiste et deviennent la propriété de la ville, donc de ses habitants.

En plus du prêt, les artothèques proposent également des expositions, des conférences ou encore des ateliers (ateliers d’arts plastiques à Saint-Priest ou Villeurbanne).  

Du «propriétaire» au «collectionneur»

Pour le particulier, «c’est principalement la curiosité qui le pousse à franchir les portes d’une artothèque», souligne Nathalie Genest, responsable de l’artothèque de Saint-Fons. Cette curiosité qui, justement, force une rencontre un peu au hasard avec l’art contemporain. Le public ne sait jamais réellement ce qu’il va trouver, ce qu’il va choisir. «Dans un premier temps c’est le feeling qui parle, puis les gens se rendent compte qu’il y a des arguments derrière leur préférence», poursuit Nathalie Genest.

Et quand il rentre chez lui, qu’il accroche son tableau au mur (ou ailleurs), l’emprunteur se sent comme «propriétaire» de l’œuvre, du moins pour deux ou trois mois. Puis il revient, emprunte un autre tableau, et du propriétaire, il passe au «collectionneur».  C’est une histoire, un rapport presque intime qui se crée avec l’art. «L’idée, explique Françoise Lonardoni, directrice de l’artothèque de Lyon, c’est que le visiteur soit aussi acteur de l’œuvre».

Et si certains se sentent gênés de ne pas connaître l’art contemporain ou le nom des artistes, qu’importe. Pas besoin d’être un expert pour apprécier ou non, une œuvre. Les artothècaires essayent de faire comprendre, avec toute la passion qui les anime, que l’art est à la portée de tous. Ils ont un rôle de médiation. «Il faut combler ce fossé qui existe entre le grand public et l’art contemporain», résume Françoise Lonardoni. Un pari audacieux mais qui tend petit à petit à se concrétiser. 

 

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