Les Asphodèles se redressent

Théâtre / Placé en redressement judiciaire depuis presque un an, le théâtre des Asphodèles semble retrouver un peu de sérénité. Thierry Auzer, son directeur, revient pour nous sur ces mois délicats.

« On est tous responsables » confie Thierry Auzer, qui en tant que directeur du théâtre niché dans un quartier résidentiel de la Part-Dieu, prend sa part dans l'espèce de burn out qui a affecté un proche collaborateur de longue date en charge de la gestion et a mené à ce que le Tribunal de Grande Instance de Lyon place l'association en redressement judiciaire en novembre dernier. Lui-même, directeur, ne l'apprend que le 20 décembre et en informe les tutelles au tout début de l'année. Dès lors, c'est une situation de crise qui s'ouvre. Il dispose de six mois pour montrer « qu'on est capable de vivre ».

Pas de placement sous administrateur, il garde la main sur sa gestion, mais elle se fera, dès lors, sans le versement des subventions des tutelles suspendues jusqu’au renouvellement de la période d’observation en mai 2019 (la Ville de Lyon versant 20 000€, la DRAC 15 000€ pour le lieu + 6000 € pour les actions spécifiques, et la Région 7000€ pour le lieu et 5000€ pour la compagnie).

En mai, le défi est relevé. Sur un compte vierge, dans une nouvelle banque, où pas le moindre euro de découvert n'est toléré, le Théâtre des Asphodèles est toujours à flot. Les salaires ont été versés (trois salariés et une vingtaine d’artistes et techniciens au régime de l’intermittence) et le théâtre n’est pas fermé. Il y a même eu une recrudescence d'activité durant cette période pour engranger quelques recettes supplémentaires.

Prouver sa solidité

Tout au long de l'année, quinze ateliers de théâtre sont dispensés chaque semaine à différents groupes, un projet de réinsertion se fait en partenariat avec Pôle Emploi (Théâtre en Je), des activités artistiques se déploient en milieu scolaire et les productions de spectacle dépassent largement l'enceinte de ce théâtre. En effet, l’adaptation qu'a faite Thierry Auzer du Quatrième mur de Sorj Chalandon compte 123 dates en tournée et à Avignon où elle est passée cet été, au Capitole, un lieu dédié au café-théâtre, faute d'avoir pu retenir la confiance des salles qui l'ont accueilli précédemment et dont il n'était pas en mesure de payer la location dès l'hiver dernier.

Avec L'Oiseau vert et Les Irrévérencieux, ce sont trois spectacles de la compagnie qui ont été présents au festival et, si les 200 places du Capitole ont toujours trouvé preneurs, les gains ont été de 54 000€ « ce qui laisse une misère pour payer les salaires une fois la location du théâtre, la SACD et le logement réglés » précise le directeur, qui pointe du doigt cette foire pourtant passionnante mais de plus en plus débridée qu'est le Off.

Ce sont ces efforts que va observer le TGI le mardi 10 septembre ainsi que le plan de redressement que Thierry Auzer proposera à l'issue d'une année ardue (en mai, il a demandé que six mois supplémentaires lui soient accordés pour prouver sa capacité à mener une activité « saine »).

Si c'est validé, en novembre le théâtre ne sera plus en redressement judiciaire

dit-il et alors le remboursement de dettes, très essentiellement dues à des organismes de contribution sociale (Urssaf, Audiens...) pourra s’échelonner sur quelques années. Jusque-là, les tutelles comme le TGI « ont été stupéfaits » par sa capacité à tenir la barre contre vents et marées, rapporte-t-il. Et de regarder désormais vers l'avenir pour ne pas achever là une aventure lancée en 1992.

Objectif 2022

« Beaucoup de mes proches m'ont conseillé de déposer le bilan l'an dernier et je sais que j'aurais eu du soutien pour redémarrer autre chose » mais celui qui a fondé la Caravane des dix mots, qui défend la francophonie (dans son accentuation de plurilinguisme, pas franco-centrée) a souhaité mener plus loin encore l'aventure des Asphodèles qui aura occupé un lieu avenue Félix Faure (de 1999 à 2007) puis les anciens laboratoires Merck face à la friche RVI (de 2007 à 2011) et enfin cet ancien garage transformé grâce à l'aide de la Ville de Lyon.

Thierry Auzer vise maintenant 2022 pour célébrer les trente ans de cette compagnie qui fait la part belle à la commedia dell'arte.

Je vais lancer une contribution participative pour faire un feu d'artifice (sic) en jouant tous les spectacles de la compagnie au répertoire ainsi qu’une nouvelle création.

Et il aimerait que la Ville puisse faire des travaux d’agrandissement de la salle car la jauge, qui n'est pas aux dimensions du plateau (dix mètres d'ouverture, ce qui dépasse largement celles des Scènes découverte) est trop petite pour optimiser la viabilité économique du théâtre. Actuellement de 104 places, le gradinage pourrait passer à 200-250 en se posant au-dessus de la salle de cours pour un ratio économique plus équilibré. À suivre.

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