Skye is the limit

Musique / Séparé de son emblématique chanteuse Skye depuis deux albums, Morcheeba finira-t-il par trouver la formule idéale qui lui redonnera son lustre trip-hop d’antan ? Élément de réponse cette semaine. Stéphane Duchêne

La question vaut pour la plupart des formations «rock» de l’histoire : qui de la tête pensante ou de la tête chantante d’un groupe en constitue l’âme, l’élément d’identification ? Beaucoup de groupes se sont déchirés à coups d’ego sur cette question. Chez Morcheeba, trio phare du downtempo britannique des années Blair, on dira ce qu’on voudra mais la réponse était évidente : en dépit du talent et de la science musicale indéniable des deux laborantins du groupe, les frères Paul et Ross Godfrey, l’âme du groupe n’en était pas moins Skye Edwards. «Était» car pour ceux qui auraient arrêté de suivre il y a un petit moment, en 2005, les moines Godfrey ont invité la belle Skye et sa voix veloutée à aller officier sous d’autres cieux. La faute soi-disant à un succès trop difficile à gérer à trois. Le fait est surtout que les frères en avait un peu soupé qu’on ne les reconnaisse pas dans la rue. Mais la tentative d’intérim d’une nouvelle chanteuse en 2005 sur l’album The Antidote (il faut croire que la présence charismatique de Skye leur empoisonnait vraiment l’existence) se solda par un échec. Il faut dire que, comme ont pu l’expérimenter d’autres formations, ce genre de greffe prend difficilement : ainsi Archive a usé autant de chanteuses qu’il n’a écumé de genres, avant d’opter pour un… Irlandais à la voix rauque (malheureusement plus porté sur la bouteille que sur la justesse). Chanteuse barbuePour résoudre l’impossible équation du génie sans muse condamné à conserver son art en bocal, les Godfrey ont alors opté pour la jurisprudence Massive Attack : soit s’entourer d’invités provisoires. Une formule, autrement appelée featuring, qui a réussi à la formation pionnière du trip-hop, et même parfois servi les invités en question.
Sur Dive Deep sorti en début d’année, le chant est donc confié à de gentils mercenaires : Judy Tzuke, la française Manda Zamolo ou encore Thomas Dybdhal, notre «chanteuse barbue préférée» (pour paraphraser Dédé Manoukian) qui vient poser sa voix de velours sur des morceaux trip-folk.
Malheureusement, ceux-ci ne rivalisent pas avec la production personnelle du norvégien. C’est d’ailleurs bien le problème de cet album : fort agréable au demeurant mais en quête d’identité. Et, Dybdhal mis à part, les featuring de Morcheeba n’ont pas la dimension des Shara Nelson, Liz Frazer ou Horace Andy débauchés par Massive Attack, ni les morceaux la puissance d’évocation ou l’efficacité tubesque des albums précédents.
Conscient de ces difficultés liées à l’âme perdue de leur groupe, suffisamment intelligents pour comprendre qu’il n’y a pas grand intérêt à être la vedette d’un groupe en perte de vitesse, les frères Godfrey se gardent bien aujourd’hui de démentir les rumeurs qui annoncent le retour de Skye…MORCHEEBAAu Radiant (Caluire)Vendredi 16 mai

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