Ça jazze fort

Festival / Installé au Fort du Bruissin à Francheville, Fort en Jazz est parvenu à forger sa propre identité dans un pays jazz régional pourtant touffu. Cette année, le festival fête brillamment ses 20 ans. Stéphane Duchêne

Depuis vingt ans, Fort en Jazz réussit a priori l’impensable : célébrer le jazz dans une ancienne fortification militaire. En transformant un fort du XIXe siècle, sevré de boulets, en centre d’art contemporain perdu en pleine nature, la commune de Francheville est parvenue avec originalité à mettre en valeur son patrimoine (fut-il militaire, il n’en reste pas moins historique). Et c’est ce cadre «fort» qui a permis à Fort en jazz d’asseoir son identité face à des événements jazz voisins (Vaulx, Vienne) qui pourraient lui prendre de la lumière. Ainsi qu’une programmation plutôt bien vue. L’événement cette année est sans conteste la venue du Christian Vander Quartet. À la différence des fondus de jazz tordu, le grand public ignore probablement qui est Christian Vander. Impossible en revanche qu’il n’ait jamais entendu parler de Magma, la formation mythique formée par Vander à la fin des années 60 et qui a vu défiler des dizaines de membres, parmi lesquelles quelques futures légendes du jazz. Quand il n’est pas aux commandes de ce monstre musical qui en appelle autant à Coltrane (son idole) qu’à Stravinsky (idem), Vander évolue avec cette formation plus légère, très prisée des connaisseurs. Black Voices
L’autre événement à suivre sera la venue d’une voix exceptionnelle : l’Américaine Robin McKelle. Certes, dans le domaine du jazz, quand on nous annonce une grande-voix-dans-un-petit-corps-charmant-signé-par-le-mythique-label-Blue-Note, on est tenté de se dire «oui, bon, une de plus»… Mais c’est un fait que la voix de Robin est impressionnante. Sa spécialité : les tubes vintage et swing des années 40. On peut d’ailleurs regretter qu’avec un organe pareil, la chanteuse ne soit pas tentée de prendre davantage de risques et d’adjoindre une touche de modernité à ce répertoire néanmoins propre à enchanter les puristes. Le reste de la programmation ne sera lui pas dénué d’une teinte world : jazz manouche hollandais avec le Trio Rosenberg qui fête lui aussi ses vingt ans, soirée «jazz et musique du monde» avec l’Amrat Hussain Trio et DJ Click, et soirée brésilienne avec notamment Orquestro do fuba. Sans oublier les Black Voices, de Birmingham, cinq jeunes femmes qui, du gospel au negro spiritual, célèbrent l’art vocal a capella. À noter que le festival rendra également hommage, via les associations franchevilloises, à deux grands monsieur du jazz français : Boris Vian et Claude Nougaro. Programme fort en gueule donc.Fort en Jazz
Au Fort du Bruissin (Francheville) du 4 au 14 juin.

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