Sa petite entreprise

Entretien / Greg a créé Elektro System en 2000. Organisateur de soirées électro mais aussi manager et bientôt label, il dirige sa «marque» d’une main de maître et ne connaît pas la crise. Propos recueillis par DA

Petit Bulletin : Comment fonctionne Elektro System ?
Greg : Avant, nous étions une association et depuis 2004, Elektro System est une société. Nous sommes donc privés à 100% et fonctionnons sans aucune subvention. Nous sommes trois à travailler, dont deux personnes à mi-temps. Parallèlement à l’entreprise, Elektro System est également un collectif d’artistes. Je m’occupe de quatre artistes que j’essaie de développer : Pedro Buccareli, Divaï, Yannis Becker et Kiko depuis peu. Qu’est-ce que les soirées Elektro System ?
Nous organisons différents types de soirées, nous travaillons avec des salles de concerts, des lieux atypiques. 70% de nos productions sont faites au Ninkasi Kao avec qui nous travaillons depuis deux ans, il s’agit des soirées Déstructuré. Et nous organisons chaque année une grosse manifestation à Eurexpo : Hypnotik. À côté de cela, nous mettons également en place des événements dans châteaux, des salles de sport… Ce sont les soirées Electro Garden, des événements assez lourds à gérer ; on essaie de trouver des lieux décalés à chaque fois. On a aussi une résidence au DV1… Ça fait déjà beaucoup de boulot !Qui est votre public ?
Les gens qui fréquentent nos soirées ont entre vingt et trente-cinq ans. Le public est éclectique, cela va du clubber au teufeur en passant par le public gay-friendly… Pendant la grosse vague tecktonik, on en a eu quelques-uns, mais cela n’a pas duré longtemps ! Le public change également en fonction des soirées ; pour James Holden on a plus de trentenaires, quand on programme Gui Boratto, on a une clientèle plus jeune. 30 à 40% des gens viennent de Lyon intra-muros, 30% de la périphérie lyonnaise et 30% hors département. Justement, le public est-il vraiment attentif à la programmation ou y a-t-il un effet «soirée» à laquelle on se rend uniquement pour faire la fête ?
50% pour gens viennent pour ce qui est programmé. L’autre moitié vient parce que c’est une soirée électro, parce que c’est organisé par Elektro System et que c’est devenu un gage de qualité. Vous organisez des soirées dans des lieux atypiques, comment cela se passe-t-il avec les administrations ?
C’est très compliqué, il est déjà arrivé qu’on nous annule une soirée quinze jours avant la date prévue... Il y a toujours autant de préjugés autour de la musique électronique, les mentalités n’évoluent pas vraiment. Même à Lyon ?
Jusqu’à maintenant, tout se passait bien, mais il semblerait que la situation devienne tendue. Le nouveau Préfet voudrait que les discothèques ferment à quatre heures à partir de début 2010. Si nous étions touchés par une telle décision, on mettrait la clé sous la porte… À nos soirées, les gens arrivent vers minuit et demi, ils paient environ quinze euros, ce n’est pas vraiment possible de les mettre dehors à quatre heures…Les établissements de nuit semblent subir la crise de plein fouet. Comment vivez-vous cette période ?
Je ne sais pas si on déroge à la règle, mais nous ne sommes pas vraiment touchés pour l’instant. Cependant, l’année n’est pas finie et selon les spécialistes, le pic de la crise devrait être atteint aux troisième et quatrième trimestres… On verra. Mais depuis le début de l’année, nous faisons très attention aux budgets, nous avons réduit toutes les dépenses non prioritaires… Mais en termes de fréquentation et de panier moyen dépensé lors d’une soirée cela n’a pas vraiment baissé. Le fait d’être ponctuel est un atout ?
Sans aucun doute, nous organisons des événements deux à trois fois par mois, ce n’est pas la même logique qu’un club. Les gens privilégient sans doute une sortie de temps en temps, et surtout ils ne sortent plus ‘pour rien’. Or, un club ne peut pas proposer quatre événements par semaine…Les artistes se vendent beaucoup plus cher. Avez-vous répercuté cette hausse sur les prix d’entrée à vos soirées ?
Depuis la crise du disque, c’est assez incroyable. Il y a quatre ou cinq ans, un artiste moyen se payait deux à trois mille euros pour une date. Aujourd’hui, il faut compter le double. Mais nous avons décidé de ne pas augmenter le prix des entrées, nous travaillons différemment : beaucoup moins de supports de communication papier (comme les flyers et les affiches) et un resserrement global des budgets. Que pensez-vous de l’idée de créer un club électro à Lyon ?
C’est le projet de Nuits Sonores… L’idée d’un club fixe pourrait donner des opportunités pour accueillir plus d’artistes, mais personnellement je reste attaché au concept de club itinérant qui permet de faire bouger les gens, d’échapper à la routine, c’est notre marque de fabrique et même si aujourd’hui nous nous sommes recentrés sur le Ninkasi, nous sommes toujours en recherche de lieux originaux.Vous n’êtes pas très nombreux à proposer des soirées électro. L’offre est-elle suffisante à Lyon ?
À Lyon, il y a Nuits Sonores, Galacticut et quelques autres… Je pense que l’offre est suffisante. La culture électro est assez sinistrée en France et très peu médiatisée. Et puis, il y a quasiment une soirée électro par semaine à Lyon ! Un point très positif est que les collectifs ne se marchent pas dessus et croisent bien leurs agendas. Il y a une bonne ambiance, chacun travaille de son côté mais en bonne intelligence avec les autres.

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