Un Noz' à ronger

| ROCK | À Lyon, si on se livre à un rapide sondage, on vous répondra qu'il y a l'andouillette, l'OL, ce bouchon sous Fourvière qu'on n'arrive pas à faire sauter, ou encore celui du bojolpif qui cède, lui, beaucoup plus facilement. Mais on oubliera quasi systématiquement de citer le Voyage de Noz'. Pourtant, depuis 25 ans, le groupe qui s'est un temps nommé Noz' fait partie intégrante du patrimoine lyonnais. D'aucuns répondront que c'est parce que leur leader et chanteur Stéphane Pétrier a composé le très pénible hymne de l'Olympique Lyonnais, mettant simplement en rock (de stade) et à l'usage des sourds, le célèbre «Qui ne saute pas n'est pas lyonnais». Mais quoi que l'on pense de la musique du groupe, c'est un peu injuste. Car en une poignée d'albums, dont certains plutôt bien vendus, le Voyage de Noz' est un peu devenu le U2 lyonnais (avec tout ce que ça implique et toutes proportions gardées), un temps élu officieusement meilleur groupe lyonnais et premier groupe local à remplir le Transbo (bon, c'était sous Mitterrand, mais quand même). Emphatique, onirique, presque d'un autre temps, souvent engagé jusqu'à la naïveté, peu porté sur la mesure musicale et poétique (écouter l'inénarrable Cheval Punk et son histoire d'anus artificiel tourné vers le ciel), a su en un quart de siècle et malgré des temps morts, conserver un public fidèle et acquérir un statut résolument (cu-)culte. La preuve : Thierry Erhmann leur a même offert son antre du démon, la Demeure du chaos (brr), pour tourner le clip de J'empire en 2005. Depuis, le groupe a fêté ses “20 ans et des poussières“ avec un DVD live d'un double concert au Rail-Théâtre et ses 25 avec le double-album concept Bonne Espérance. Du patrimoine, on vous dit. Et comme la fête de la musique c'est un peu les journées du patrimoine mélodique, l'occasion est trop belle pour les jeunes générations de découvrir l'une des rares curiosités lyonnaises qui ne se mange pas. Stéphane DuchêneSCÈNE ORAGE PROD
Avec Trigones, Sarro, Mariez Devista et Le Voyage de Noz'
Place Ambroise Courtois (Lyon 8e) Mardi 21 juin de 18h à 2h