On a pu avoir The Horrors en horreur, c'est sûr. Le groupe britannique s'est beaucoup cherché entre gothique folklorique, propre à effrayer la veuve (noire) et l'orphelin de la famille Addams, et shoegazing un peu vain (ou chiant, c'est comme on veut). Puis est arrivé, Skying, leur récent troisième album, véritable pépite de pop tordue et psychédélique faite pour la haute altitude. Là, leur leader, le sémillant Faris Badwan s'y prendrait presque un peu pour un Morrissey tombé de la gouttière, un Ian McCulloch sans culotte. Avec cet album plus auroral qu'horroral, très attendu sur scène, ne reste plus au groupe qu'à changer de nom.

English Horror Story
MUSIQUES | Littéralement métamorphosé, The Horrors est passé en quatre ans d'un gothisme primaire et lourdeau à une new-new-wave psychédélique au puissant pouvoir d'élévation. Stéphane Duchêne
Stéphane Duchêne | Vendredi 18 novembre 2011
Le fait que la visite lyonnaise de The Horrors ait lieu à distance respectable d'Halloween n'est sans pas totalement innocente. Il y a encore quelques années, au moment de la sortie de leur premier album, l'un peu trop bien nommé Strange House, The Horrors aurait animé une soirée "trick or treat" à grand renfort de toiles d'araignées en coton, de citrouilles sculptées et d'araignées en plastique. Nous sommes en 2007 et la bande de Faris Badwan fait "bouh" dans le micro. Mélange de Bauhaus à mèche et de Birthday (surprise) Party avec des Cramp(e)s, le résultat flirte avec le grand-guignol (on croit même entendre du ska) et The Horrors fait figure de zombification de Strokes passés au supplice du goudron et des plumes, avec coupe mi-Robert Smith, mi-Judith Magre.L'inquiétante étrangeté, selon la formule consacrée, ne se décrète pas. Puis, avec Primary Colours, la famille Badwan tente la sortie du caveau et prend des couleurs tandis que l'image se brouille, comme sur la pochette du disque, débarrassée de toute référence, comme s'il fallait effacer un passé