Entre chien et loup

Album / C'est sur scène que Bonnie 'Prince' Billy a rodé les dix chansons qui composent Wolfroy goes to town, à classer parmi ses œuvres en demie-teinte, et ce à tous points de vue. Entouré d'une poignée de musiciens, ceux-là même qui l'accompagnaient alors en concert, il opère en effet un retour à des fondamentaux plus minimalistes et plus dépouillés après le très arrangé The Letting Go ou le précédent Beware. Frôlant parfois le crooning sur le morceau d'ouverture, No Match, pleurnicherie hawaïïsante à mi-chemin entre Roy Orbison et le vieux beau à paillettes Porter Wagoner, Bonnie 'Prince' Billy y trouve d'emblée sa Joan Baez ou sa Dolly Parton, c'est au choix, bref la part féminine qui va l'accompagner tout au long de l'album à grands renforts de vibrato country, donnant quelques couleurs à l'ensemble. On note d'ailleurs, album après album, la présence de plus en plus importante de voix féminines chez Will Oldham, ancien vieux garçon congénital, de plus rendu à l'ouverture. Par moments, il abandonne la country pour un folk plus enfumé et hanté, limite médiéviste, comme sur New Whaling ou Cows et sa drôle d'apogée en canon vocal. Quand il ne s'adonne pas carrément à la mandoline rehaussée de roucoulade à l'italienne sur Time to be clear. Ici, le morceau le plus enlevé est le single Quail & Dumplings, manière de surf music pour surfer obèse échoué sur une mer de rhum (avec clip à l'avenant). Mais comme chaque livraison du chanteur de Louisville, Wolfroy goes to town contient ses moments de grâce à la troublante nudité, qu'il s'agisse de New Tibet et de ses soudains emportements. Ou à cette berceuse sous laudanum, voix très en avant, d'une mélancolie affolante et trop sobrement, quoique sans doute ironiquement, baptisée We are unhappy. Preuve que malgré ses efforts ponctuels pour nous persuader du contraire et ses expositions au soleil, Will Oldham/Bonnie 'Prince' Billy est toujours sujet à des accès de cette noirceur indélébile qui continue d'en faire un personnage ambivalent, unique et fascinant. SD

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