Rock'n'roll Hannimal

Né de père palestinien et de mère philippine, le Californien Hanni El Khatib, dernière bombe à guitare venu d'Outre-atlantique, a le rock 'n roll dans le sang et du goudron sur les cheveux. À moins que ce ne soit l'inverse. Stéphane Duchêne

En 1958, Johnny Cash chantait Don't take your guns to town : l'histoire d'un jeune cow-boy trop sûr de lui, rêvant d'en découdre l'arme au poing et que sa mère tentait d'empêcher d'aller se faire tuer en ville, en vain. Si Cash avait débuté dans les années 2010, il grognerait à la manière d'Hanni El Khatib sur le premier titre de son album éponyme  : «Will the guns come out ?». La réponse est évidemment dans la question. Sauf qu'aujourd'hui elle est d'une toute autre actualité dans un monde au bord du précipice, que les origines arabo-asiatique d'Hanni, comme sa culture über-américaine réunissent en unique point-spatio-temporel : San Francisco, ce grand pot culturel en montagnes russes qui jette des ponts vers le continent, une baie sur l'océan et une route, la Route 1, vers Babylone-LA, où il vit aujourd'hui. Élevé aux codes américains, entre Elvis, skate et grosses bagnoles, Hanni a le blues dépenaillé, le swing branlant dans le manche, des taches sur le tee-shirt, la mèche gominée, pendante comme une plume de mouette mal mazoutée.

Heartbreak Hotel

Assis sur un capot, El(vis) Khatib est, comme le King, le genre de camionneur qui vous tire des larmes d'huile de moteur : qu'il reprenne Heartbreak Hotel désossé au vocoder et au banjo, ou qu'il gémisse sur Wait. Wait. Wait. éreinté de trop de routes, et de trop de doutes – un titre à la tripaille, à décourager mille carrières de folkeux et qui laisse présager d'un grand songwriter dont on jurerait qu'il s'ignore dans le vacarme. Car le reste du temps, comme le figure les pochettes de Will the guns come out et du single Dead Wrong, Hanni El Khatib est un adepte du crash (croisement Jayne Mansfield, Sailor & Lula et Cronenberg), de la musique accidentée, rêche comme une pierre à briquet. S'il rend hommage à une musique qu'on pourrait dire d'un autre temps – le Rock'n roll, avec un grand W – le tatoué a les mains fixées sur le volant – d'une Rambler 64, certes –, le pied collé au plancher, «toujours sur la ligne blanche», comme disait Bashung. Et il va droit dans le mur. Du son mais pas que. Ca tombe bien, puisque dans le mur, on y va tout droit, comme n'arrêtent pas de le psalmodier les pythies des prophéties économiques auto-réalisatrices, autant y aller avec quelqu'un qui sait conduire, en reprenant en chœurs à la portière You Rascal YouI'll be glad when you're dead you rascal you» ; «je serai content quand tu seras mort, vieille canaille», en VF). «Will the guns come out ?». On le saura bien assez tôt, mais ça se pourrait bien.

 

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