La nuit de l'oracle

Swans + Jamie Xiu Xiu

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Pour la deuxième fois en trois ans, Michael Gira et ses Swans investissent la scène de l'Epicerie Moderne. Passés du post-punk inclassable à un post-rock beau comme la fin d'un monde, ces mauvais cygnes débarquent avec "The Seer", un album splendide qui ne dit rien qui vaille et tire un trait sur tout. Stéphane Duchêne.

Si le rock est mort (officiellement), puis ressuscité, puis à nouveau mort avec la parution du dernier single des Strokes, si le punk n'aura été qu'un puissant et marquant feu de Bengale, le post-punk lui se porte à merveille. Sans doute parce que c'est une musique née des cendres et qu'elle est vouée à ne jamais finir d'expirer.

Il ne se passe en effet pas une semaine ou presque sans que l'on assiste au passage d'un monument, petit ou grand, du genre : James Chance, Young Marble Giants, Lydia Lunch bientôt, et cette semaine Michael Gira et ses Swans, du moins ce qu'il en reste – le groupe ayant toujours été à géométrie très variable.

Comme Chance et Lunch, Gira est l'une des rares figures encore vaillantes d'une no wave new-yorkaise qui refusait le diktat punk imposé par l'étiquette post-punk. Ce, même s'il y a longtemps que Gira a bifurqué vers d'autres univers. Au moins depuis la première séparation des Swans en 1996 après 14 ans de bruits et de fureur.

Post

Quand il n'était pas occupé avec l'insaisissable collectif Angels of Light et qu'il ne découvrait pas de nouveaux talents (Devendra Banhart, The Akron/Family) via son label Young Gods, Gira donna plutôt ainsi assidûment dans le folk. Mais pas ce genre de folk pastoral sur lequel poussent les fleurs que l'on se met dans les cheveux. Plutôt le folk sous lequel pousse ces fleurs : terreux, grouillant de vers, cadavre grattant la porte d'un cercueil mal fermé. Un peu comme si Ian Curtis, dont Gira est l'un des grands héritiers vocaux – les Swans livrèrent d'ailleurs deux version mémorables, l'une masculine, l'autre féminine, du Love Will Tear Us Apart de Joy Division. Cmme si Ian Curtis, donc, avait choisi le chapeau de cow-boy plutôt que le lasso. On ne se refait pas.

La reformation des Swans en 2010 après 14 ans (encore) de silence en est la preuve. Esthétique différente mais esprit intact. Deux disques : le premier My Father Will Guide Me Up a Rode to the Sky, dont le titre à rallonge annonce la couleur du virage post-rock puis le monstrueux The Seer (L'Oracle ou L'Augure) et son morceau-titre de plus de 30 minutes. Cet oracle-là nous montre d'une manière effroyable que du post-punk au post-rock, voire au post-folk sur certains morceaux plus acoustiques, seul compte le préfixe "post" comme constat d'une conception du monde où il est toujours trop tard, où il fait toujours nuit et où même les voyants ne voient pas à deux mètres.

Swans
A l'Epicerie Moderne, mercredi 27 Mars

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