La chevauchée fantasque de The Pharcyde

Bizarre Ride II The Pharcyde

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Les Californiens de The Pharcyde fêtent les vingt ans de leur premier album. L'un des plus séminaux du hip hop US.

A l'heure où le rap bleu-blanc-rouge ne trouve plus grâce aux oreilles de nos confrères que lorsqu'il s'abîme dans la caricature égocentrique (Kaaris, le Rick Ross des HLM) ou renie ses origines anticonformistes (Orelsan, le Eminem des marchés de l'huître), il est urgent de porter le regard de l'autre côté de l'Atlantique. Pour apprécier la fougue et l'impertinence avec laquelle la génération de rappeurs au sang violet – la couleur du Purple drank, boisson à base de sirop contre la toux et de soda qui est au hip hop contemporain ce que l'ecstasy fut à la l'électro – dont nous dressions le portrait en janvier solde l'héritage de ses aînés.

Mais aussi pour contempler la longévité des dits aînés (De La Soul, A Tribe Called Quest...) qui, depuis plus de vingt ans qu'ils ont extirpé le genre des basketball courts mal éclairés, ne cessent de soutenir que «les flingues, les putes et la quincaillerie n'ont jamais fait partie des Quatre Éléments» du hip hop (le graffiti, le DJing, le MCing et le breakdancing), pour reprendre une célèbre punchline du Britannique Scroobius Pip.

Bizarre, vous avez dit bizarre ?

Vingt ans, c'est l'âge, à un près, de Bizarre Ride, le premier album de The Pharcyde, pierre angulaire de ce que l'on n'appelait pas encore le hip hop alternatif. A l'époque (l'automne 1992), les États-Unis sont en proie à leur deuxième guerre de Sécession : celle qui opposa les rappeurs de la côte ouest, imprégnés de funk, bagarreurs et guidés par Tupac, à ceux de la côte est, influencés par le jazz et la soul, lettrés et menés par Notorious B.I.G..

Une rivalité dont Slimkid3, Fatlip, Imani et Bootie Brown, les quatre potes de lycée qui composent le groupe – seuls les deux premiers et le producteur J-Swift sont encore de la partie –, prennent l'audacieux parti de s'affranchir : bien qu'enregistré à Los Angeles, Bizarre Ride puise son urgence dans le jazz (qu'il sample avec une inventivité sans cesse renouvelée) et baigne dans une ambiance potache (sur Ya Mama, son premier single, la bande s'échange des insultes maternelles) tranchant nettement avec le ton menaçant des gangsters du micro qui règnent alors. A l'arrivée, le disque sera l'un des plus vendus de la côte ouest et une intarissable source d'inspiration pour les ghetto boys qui suivront – Kanye West l'a un jour présenté comme son «album préféré de tous les temps».

Un exploit que ne renouvellera jamais The Pharcyde : Labcabincalifornia, son successeur, mettra trois ans à se faire et pêchera par excès de sérieux. Tout le contraire de ses prestations scéniques.

Bizarre Ride II : The Pharcyde
À l'Épicerie Moderne, mercredi 15 juillet

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