88 Mills à l'heure

Hypnotik

Eurexpo

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Toujours localisé à Eurexpo et scindé en salles thématiques, le festival Hypnotik reçoit cette année une sommité : Jeff Mills, figure clef de la techno de Detroit, dont il a défini les frontières sans jamais cesser de les repousser. Benjamin Mialot

L'événement de l'année 2013, ce n'est ni la renonciation du pape Benoit XVI, ni l'alerte d'Edward Snowden, encore moins la reconnaissance par l'OMS des effets cancérigènes de la pollution atmosphérique. C'est l'ouverture de cette mystérieuse et vraisemblablement très économique liaison aérienne entre Detroit et Lyon qui nous a permis de voir se produire, de Juan Atkins à Kevin Saunderson en passant par Derrick May, Robert Hood ou Octave One, la plupart des grandes figures de la techno originelle. Une rétrospective qui se poursuit cette semaine avec la venue, dans le cadre du festival Hypnotik, de Jeff Mills, DJ tentaculaire et producteur en perpétuelle émancipation qui personnifie depuis plus de vingt ans la "deuxième vague de la techno".

L'homme-orchestre

Pour Mills comme pour Atkins, May et Saunderson, tout a débuté à la faveur d'une émission de radio. Sauf qu'à la différence des trois "pères fondateurs", qui trouvèrent au début des années 80 de quoi alimenter leurs premiers synthétiseurs à l'écoute des playlists défricheuses de The Electrifying Mojo, Mills ne s'est pas contenté d'être un auditeur : il a d'emblée officié de l'autre côté de la console, sous le surnom de Wizard.

Ses débuts de producteur, il les fera une décennie plus tard en co-fondant avec Mike Banks et Robert Hood le label Underground Resistance, fer de lance d'une techno punitive (son premier track s'intitulera logiquement The Punisher), auto-suffisante et débarrassée des oripeaux égocentriques qui finiront par dévoyer le genre. Mills, qui aspire autant à faire danser la planète qu'à être reconnu comme un véritable compositeur, se sent toutefois rapidement à l'étroit.

Dès 1992, il quitte UR pour fonder coup sur coup Axis, qui accueillera ses travaux les plus atmosphériques - à l'image d'Humana, mini-odyssée sidérale dont les rafales de bleeps mettent en lumière (amplifiée) sa passion pour la science-fiction -, puis la division Purpose Maker, à laquelle il réservera les plus frontaux - dont l'incontournable The Bells. A l'exception de ceux publiés via le bras discographique du club berlinois Tresor, peut-être les plus emblématiques de cette dichotomie – en tête l'indépassable premier volume de Waveform Transmission.

Par la suite, Mills gagnera ses ultimes galons de légende vivante en adaptant son sens de l'ostinato industriel à des arts réputés plus nobles, comme le cinéma, pour lequel il a conçu, entre autres, une nouvelle BO du Metropolis de Fritz Lang en 2000, ou la musique classique, le temps, notamment, d'un discutable et néanmoins glorieux concert avec l'Orchestre Philharmonique de Montpellier en 2005.

Mais c'est bien pour l'un des DJ sets virtuoses dont il a le secret - il utilise simultanément trois voire quatre decks - qu'il sera à l'affiche d'Hypnotik. Au risque d'éclipser Maceo Plex, Miss Kittin ou Sasha, autres invités remarquables de l'édition 2014.

Hypnotik 2014
A Eurexpo, samedi 15 février

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