Bienvenue chez lui

Stromae

Halle Tony Garnier

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Stromae a donc au moins le mérite d'avoir donné aux Guignols l'occasion de modeler le personnage le plus désopilant de leur roster actuel, grand échalas accroché à son synthé comme une moule(-frites) à son rocher et fondamentalement incapable d'écrire un morceau positif. Au-delà du gag, sa marionnette a ceci de troublant qu'elle est si vraisemblable qu'on pourrait la confondre avec l'original : même teint cireux, même gestuelle à la fois raide et désarticulée – comme si le sprinteur Michael Johnson avait pris des cours de danse hip hop – même timbre de marin pas bien droit dans ses bottes en caoutchouc. Ce physique si particulier et la façon dont Stromae en joue, tour à tour imitateur pour MJC de Jacques Brel (guéridon à l'appui), figurant d'un clip cadavérique de Michael Jackson (notamment sur Papaoutai) et bonimenteur en costume d'Arlequin, constitue la première attraction de ses prestations scéniques.

Le terme "attraction" n'est pas choisi par hasard : une soirée avec Stromae, c'est une virée dans une fête foraine sur les traces d'un pote extraverti et un peu éméché. Il y a d'énormes néons colorés en forme de racines carrées, un palais des glaces – sur Humain à l'eau, Stromae calque ses pas sur ceux, imaginés par la chorégraphe Marion Motin, d'une armée de clones tribaux projetée en fond de scène – un train fantôme – saisissante vision que cette silhouette hurlante qui, à la fin de C'est quand ?, émerge d'une scène plongée dans l'obscurité par de tentaculaires métastases – un grand-huit (émotionnel) qui ne s'arrête qu'une fois les ressources énergétiques à disposition épuisées, des représentations non-approuvées par les ayant droits de personnages populaires – le concert s'ouvre sur un dessin animé à laKirikou – et, tout le long, des tubes simplistes et néanmoins addictifs balancés à plein volume par des enceintes bon marché.

Et il faut avouer que c'est assez réjouissant et captivant pour qu'on en sorte avec l'idée que ce show millimétré et tapageur aurait tout à fait sa place dans un festival à la Nuits Sonores. En tout cas celui auquel nous avons assisté au Transbordeur en novembre dernier : il paraît que depuis, le tout a évolué pour se conformer aux salles de grande capacité. Mais «t'inquiètes pas, tu vas danser».

Benjamin Mialot

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