Freddie Gibbs est-il le nouveau Tupac ? S'il suffit d'être noir et chauve, d'aimer à se produire sur scène pectoraux nus et d'avoir le lever de majeur aussi facile que la gâchette pour être comparé au martyr du rap West Coast, alors oui, Freddie Gibbs est le nouveau Tupac.
Il est surtout un Géronimo du rap hardcore, l'un des rares thugs encore dignes de crainte dans un milieu aux apparences de plus en plus trompeuses. Au même titre que Schoolboy Q, par exemple, dont il partage le parcours : né à Gary, une banlieue de Chicago connue pour avoir la plus forte concentration de population afro-américaine des États-Unis, il est passé comme lui par la case dealer, avant de raffiner ce passé poudreux en carburant à punchlines. Gibbs les débite avec l'honnêteté des repentis et l'aplomb des conquérants, le long de diatribes anti-système et d'anecdotes criminelles larger-than-life mais pile à la taille d'écrans de ciné. Du moins lorsqu'il choisit son entourage autrement que comme un recruteur de gang.
Faisant suite à trois mixtapes fracassantes, son premier album, ESGN, déroulait un tel générique qu'il finissait par ressembler à une succession de clichés. Son successeur en revanche, Piñata, est, avec ses instrus certifiées "great black music" et ses featurings triés sur le volet (Raekwon, Scarface, Earl Sweatshirt...), un petit bijou de gangsta rap classieux, dont le grain évoque celui des grandes bandes blaxploitation des 70's. Normal : il est entièrement produit par Madlib, le beatmaker le plus fouineur de sa génération.
Benjamin Mialot
Stones Throw Night : Freddie Gibbs [+ Robse]
Au Club Transbo, mardi 23 septembre
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