Piers Faccini & Vincent Segal, les compagnons de la chanson

PB live - Piers Faccini et Vincent Segal

Temple Lanterne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

En 25 ans d'une belle amitié musicale, Piers Faccini et Vincent Segal n'ont jamais cessé, dans leurs chambres ou sur scène, de revisiter les chansons des autres - mais aussi les leurs. Et viennent enfin d'en tirer un très beau disque, "Songs of Time Lost". Le violoncelliste de Bumcello se confie sur ce projet qui le lie au barde anglo-italien.

Vous connaissez Piers Faccini depuis 25 ans et n'avez jamais cessé de vous produire avec lui. Vous avez même réalisé son premier album Leave No Trace. Pourtant, Songs of Time Lost est votre premier vrai disque ensemble. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
Vincent Segal :
Pour moi Leave no Trace a été tout aussi important. Je me suis tellement investi, en termes de composition, au niveau des idées, que même si ce n'était pas mon album, il a été très important dans ma vie de musicien. Songs of Time Lost est né d'une proposition de Laurent Bizot du label No Format. Ca faisait des années qu'il nous entendait jouer ensemble. Il venait nous voir régulièrement aux Bouffes du Nord et nous demandait sans cesse pourquoi on n'enregistrait pas un album en mode violoncelle-guitare-voix. Ca ne nous était même pas venu à l'idée tellement jouer ensemble nous était naturel, que ce soit sur une scène ou à la maison.

Comment vous êtes-vous retrouvés sur le choix de ce répertoire entre anciennes compositions revisitées, chansons du patrimoine napolitain et reprises de Townes Van Zandt, Mississippi John Hurt ou Marlene Dietrich, dont vous tirez une matière si cohérente qu'on pourrait tout à fait croire à un album de compositions originales ?
Là encore, c'est très naturel. On choisit des choses qui révèlent une certaine beauté, mais qui donnent aussi du sens au plaisir de jouer. Lorsque Piers chante des chansons napolitaines, on sent bien que c'est quelque chose qui le touche réellement, que ça a une résonance en lui. Parce que sa femme est napolitaine et parce que c'est quelqu'un qui, parce qu'il a grandi entre plusieurs cultures, a toujours passé son temps à essayer de comprendre les langues via la musique. S'il y a une virtuosité chez Piers, ce n'est pas dans sa guitare qu'il faut la chercher, c'est dans sa manière d'entrer dans les chansons de n'importe quel pays avec sa voix et son timbre.

Ce timbre très particulier, entre folk anglais intemporel et une certaine africanité, semble s'accorder tout particulièrement avec le violoncelle. En tant que violoncelliste trouvez-vous un plaisir particulier à travailler avec ce type de chanteurs ?
Pour moi, ça dépasse la question du violoncelle. Il y a chez Piers cette espèce de pudeur, de réserve propre au folk anglais. Or c'est quelque chose que l'on a pour partie en commun du fait de nos éducations respectives, dans des milieux très cultivés, où l'on... cultivait aussi la distance. D'où cette tendance à privilégier la ligne minimaliste, sans exubérance. Mais Piers a effectivement aussi son côté "Faccini" qui le rapproche davantage de ce qui nous a frappé dans le blues, l'Afrique : la force de l'irrationnel, l'abandon. Ce qui nous permet d'aller vers des choses comme Alain Péters [illustre chanteur réunionnais de maloya, NdlR], parce que ce mystère nous attire aussi. On sait qu'on ne sera jamais Alain Péters mais on arrive à se l'approprier.

Vous venez au départ du classique, Piers du rock, du folk et du blues. Vous êtes-vous bâtis tout au long de ces années une culture musicale commune ?
Oui, mais on s'est connu et apprécié tout de suite parce qu'on avait déjà des proximités artistiques. On était à une fête où on s'ennuyait, il a cité deux noms de bluesmen que personne ne connaissait à part moi, on s'est rendu compte qu'on écoutait tous les deux du hip-hop, ce qui était impensable à l'époque dans nos catégories sociales à Paris. On s'échangeait des disques, parfois on les jouait, parfois pas. Je lui ai fait découvrir Caetano Veloso, il m'a fait découvrir Skip James...

Vous avez présenté cet album comme le disque de retrouvailles de deux amis qui ne se seraient jamais séparés... C'est la signification de ce titre, Songs of Time Lost ?
Piers a son idée par rapport à ça, moi j'ai la mienne, mais il y a un rapport avec toutes ces heures qu'on passe quand on est jeune – ou pas – à écouter de la musique. Quand les parents ont l'impression qu'on perd notre temps alors que c'est le truc le plus merveilleux du monde. Avec Piers on a "perdu" beaucoup de temps de cette manière, et je pense qu'avoir attendu aussi longtemps pour fixer ces moments sur disque est une excellente chose. Tout ce "temps perdu" est justement ce qui fait que les choses fonctionnent si bien entre nous. Quand quelque chose de magique se passe, il se bonifie avec le temps.

Il y a le disque comme objet fini, mais quand vous jouez chaque soir, tout est différent. Quelle est la part d'improvisation et d'aléatoire dans vos prestations ?
C'est forcément d'autant plus différent qu'on travaille une ligne claire, comme on dirait en dessin. La voix de Piers va sortir chaque fois différemment en fonction du lieu et de plein d'autres choses. Entre aussi en ligne de compte notre état d'esprit du moment, celui du public. Mais le jeu entre nous varie dans la limite de ce que l'on connaît l'un de l'autre depuis 25 ans. On sait où partir et où se trouvent les frontières du terrain sur lequel on peut évoluer.

Vous connaissez le Temple Lanterne où vous allez vous produire le 28 novembre ?
Oui, c'est drôle parce qu'à l'époque où j'étais au Conservatoire à Lyon, qui se trouvait alors rue de l'Angile, je passais devant presque tous les jours. Mais bien sûr, je n'y suis jamais entré, ce sera la première fois. Ce que j'aime dans les lieux religieux, c'est la pudeur et l'humilité qu'ils nous imposent. Il y a des lieux qui inspirent une qualité de silence merveilleuse. En tout cas, un degré d'acuité plus développé. Et c'est exactement ce qu'on cherche avec Piers.

Vincent Segal et Piers Faccini
Au Temple Lanterne jeudi 10 décembre

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