À Chaplin, la pop inépuisable des Zombies

The Zombies

Centre culturel Charlie Chaplin

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Surgis des terres britanniques à l'aube du Summer of Love, les Zombies avaient tout pour être les égaux des Beatles et des Beach Boys... s'ils ne s'étaient pas décomposés en l'espace de cinq ans. Ils le sont devenus au début du siècle, leur pop mangeuse de cerveaux n'ayant entre temps rien perdu de sa voracité.

Au moment de se lancer dans l'écriture de The Walking Dead (la BD, pas sa trahison télévisuelle), le scénariste Robert Kirman ne faisait aucun mystère sur sa volonté d'en faire le «zombie movie that never ends». Depuis 2004, Rod Argent et Colin Blunstone semblent lancés dans une entreprise approchante : une tournée de reformation sans fin, celle des Zombies, mythe de la pop psychédélique que ces deux natifs de St Albans, respectivement claviériste et chanteur, animèrent au début des années 60.

Et elle est d'autant moins critiquable que, bien que leurs traits prosthétiques ne fassent aucun doute quant à la lourdeur des années qu'ils portent, les deux font montre sur scène d'une incontestable fraîcheur. Sans doute parce que leur musique, elle, n'a pas vieilli d'un iota. Du moins celle couchée sur Odessey & Oracle, deuxième album qui fit pour leur postérité autant que Pet Sounds et Sgt Pepper's pour celles des Beach Boys et des Beatles – en dépit de la faute d'orthographe éborgnant son titre, signe que les bols qui coiffaient les jeunes gens de l'époque ne devaient pas être remplis que de liquide cérébro-spinal.

L'odyssée du réel

Enregistré à Abbey Road et paru en 1968, Odessey & Oracle a en effet, à défaut d'enterrer la concurrence (il commencera à se vendre une fois le groupe séparé, l'année suivante), influencé des générations de songwriters aux taux de sérotonine fluctuants – à commencer par le formidable groupe lyonnais du même nom, qui ouvrira pour ses modèles à Charlie Chaplin.

Pas tant par son audace, même si certaines sophistications baroques y préfigurent les futurs délires formels du rock progressif (notamment les improvisations à l'orgue Hammond de Time of Season, récollection funky du Summer of Love) que par la perfection quasi fractale de ses mélodies, déjà entrevue sur Begin Here, premier effort plus directement british sur lequel figure LE tube des Zombies, She's Not There.

Portées par d'ahurissants lacis de chœurs azurés (Care of Cell 44, romance carcérale aux airs de doo-wop balnéaire) ou martelées par des stomps de clavier taillés pour les bœufs dominicaux entre soixante-huitards nostalgiques (Friends of Mine, où le groupe énumère les noms de ses amis en couple), elles sont autant de boulevards pour la voix de gendre tombé du ciel de Blunstone, sans conteste l'un des interprètes les plus délicats de sa génération.

Pour autant, chez les Zombies, la douceur, a priori anachronique – le rêve hippie ayant déjà commencé à virer au cauchemar à la sortie de ce chef-d’œuvre – est souvent le revers d'une forme de noirceur (comme sur Butcher's Tale, description graphic des horreurs la Première Guerre mondiale). Là aussi réside l'intemporalité de ce disque (en comparaison duquel les récentes productions du groupe passent pour de simples goodies), amer mais efficace remède au Winter of Hate qui se profile.

The Zombies [+ Odessey & Oracle]
Au Centre Culturel Charlie Chaplin mercredi 25 novembre

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