PNL / Odezenne : les nouveaux princes de la ville

Odezenne

Le Kao

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Le Kao accueille, le même soir et à guichets fermés, les deux révélations rap françaises de l'année : d'abord les rimeurs en laisse d'Odezenne, ensuite les poètes de cage d'escalier de PNL. Attention toutefois, l'une des deux est une imposture.

Tout au long du XIXe siècle et jusqu'au début du XXe, les pays européens ont rivalisé de démesure dans l'organisation d'expositions coloniales, ces zoos humains où les gens bien nés s'amusaient à se faire peur au contact de peuplades dites exotiques. De nos jours, ces reconstitutions odieusement récréatives n'ont heureusement plus cours – sauf au World Showcase du Walt Disney World Resort. Mais la fascination pour le "sauvage ", elle, demeure.

La différence, c'est que ce dernier a depuis renversé à son avantage monétaire ce rapport de domination – good for him. Comment ? En faisant du rap hardcore, ce sous-genre du hip-hop qui aime à entretenir le flou entre introspection et nombrilisme avec un langage aussi fleuri qu'un nom de cité dortoir. C'est le cas en France, par exemple, de Booba, Kaaris et Graadur, dont les frasques auto-caricaturales mettent d'accord les "grands reporters" des news culturels comme les kids des quartiers dits sensibles.

C'est aussi et plus encore celui de PNL, duo des Tarterêts dont les atermoiements catogan au vent sur la vie à l'ombre des tours mortes-vivantes ensorcellent tout ce que le pays compte de whiteys qui "résistent" au fondamentalisme en levant le coude plutôt que le poing – le clip de Le Monde ou rien a été visionné plus de 14 millions de fois. Au point, c'est la définition même de la fascination, de les empêcher de voir le groupe pour ce qu'il est vraiment : une paire de mannequins H&M marketée comme un Fauve des banlieues (premier concert au Palais de Tokyo, pas d'interviews, rimes aussi riches que celles de Frédéric Lefebvre), à peine plus représentative d'elles que le Bondy Blog et qui produit un R'n'B formaté à coups de logiciels correcteurs de tonalité pour les cakes qui roulent fenêtres ouvertes.

La maîtresse en maillot de bain

Jusqu'à la sortie (le jour même des attentats de Paris, aw shit) de son troisième album, Dolziger Str. 2, Odezenne était la coqueluche d'une poignée d'obsédés des figures de style homophoniques. Depuis, le trio bordelais, nommé en "hommage" à une institutrice tyrannique, fait lui aussi l’unanimité.

La comparaison avec PNL pourrait s'arrêter là : Odezenne ne prétend asséner aucune vérité urbaine et sa musique n'a dans le fond de hip-hop que quelques beats qui clopinent et phrasés tête baissée – pourtant des freestylers d'exception, ses membres se réclament plus volontiers des grands songwriters indie des années 90 à la Grandaddy et Smog.

Si ce n'est qu'il est lui aussi le porte-parole d'un certain désœuvrement générationnel, certes moins matérialiste que celui chevillé aux trapèzes sur-développés de ses confrères, qu'il exprime dans des chansons forcément pop où, sur fond de boucles de guitares mélancoliques et de nappes de synthé antidatées, le culot syllabique le dispute au romantisme premier degré. Pas besoin d'attirail pour exceller dans le rap, nous expliquait la semaine dernière L'Animalerie. CQFD.

Odezenne
Au Ninkasi Kao vendredi 4 décembre

PNL
Au Ninkasi Kao vendredi 4 décembre

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