Les Jeudis des Musiques du Monde fêtent leurs 20 ans

Sono Mondiale / Le CMTRA (Centre des Musiques Traditionnelles en Rhône-Alpes) est impliqué dans trois festivals cet été : le tout nouveau Charivari, la clôture des Nuits de Fourvière et bien entendu les Jeudis des Musiques du Monde. Tour d'horizon avec sa directrice, Yaël Epstein.

Les Jeudis des Musiques du Monde fêtent leurs 20 ans : pouvez-vous nous conter l’histoire de ce festival ?
Yaël Epstein : Les Jeudis sont nés d’une volonté partagée du CMTRA et de la Ville de Lyon, avant même que les fêtes d’été ne soient créées. Nous étions au milieu des années 1990 et l’idée était à la fois de faire découvrir aux Lyonnais les musiques du monde, cette très grande famille musicale en pleine éclosion qui ne disposait que de peu d’espaces de diffusion, et de proposer un espace convivial de rencontre interculturelle dans la ville.

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Sir Jean & Afrobeat Experience comme Kumbia Boruka font l’actualité ces derniers mois et sont à l’affiche de vos événéments : quel est votre regard sur leur éclosion ?
Ce sont deux groupes très représentatifs de ces nouvelles musiques du monde — que l’on appelle parfois sono-mondiale — qui réussissent à allier la singularité des musiques traditionnelles avec des sons et une énergie très actuels. C’est un véritable phénomène qui témoigne de la rapidité des échanges et des hybridations artistiques, qui ont encore une fois une longueur d’avance sur les politiques institutionnelles et qui galvanisent les publics, créent de la mixité sociale et participent à l’évolution des représentations.

Quels autres coups de cœur parmi les artistes locaux que vous suivez ?Plusieurs coups de cœur, aussi bien dans une veine plutôt fusion avec des groupes comme Le Projet Schinéar ou Sociedade Recreativa, que dans une esthétique plus traditionnelle comme Sahra Halgan que nous programmons aux Nuits de Fourvière.

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Le CMTRA fête lui ses 25 ans : quel est son rôle, quelles activités sont développées par le centre à Villeurbanne ?
Le CMTRA est à la fois animateur d’un vaste réseau régional et centre de recherche et de ressources en ethnomusicologie. La singularité de notre projet est d’allier des activités aussi diverses que la programmation artistique, l’accompagnement des acteurs des musiques du monde, l’action culturelle de proximité, le collectage musical et de créer des espaces de travail collaboratifs entre institutions culturelles, associations de terrain, chercheurs en sciences sociales et artistes.

Quelle est la situation des musiques traditionnelles à Lyon, quelles sont les particularités de la ville ?
La ville de Lyon ne prête pour le moment que peu d’attention à ce secteur artistique en plein renouvellement, qui ne cesse d’innover à la fois dans ses modalités de diffusion, de structuration et vis-à-vis du développement des territoires. Il est vraiment dommage qu’une grande ville comme Lyon, tournée vers l’extérieur, ne se saisisse pas davantage des enjeux politiques et culturels que recouvrent ces musiques : la diversité, la place des cultures de l’immigration ou encore la reconnaissance des droits culturels.

Il y a eu l’an dernier un travail d’ampleur sur les musiques maghrébines autour de la place du Pont, aboutissant à une exposition et un double CD : un projet similaire est-il à l’étude ?
Nous travaillons actuellement sur un projet similaire dans la ville de Saint-Étienne et nous espérons voir aboutir prochainement un projet du même type à Vaulx-en-Velin. Nous souhaitons également poursuivre cet important travail sur les musiques du Maghreb à Lyon à travers notamment un partenariat avec des salles de musiques actuelles.

Le CMTRA organise l’éclat final des Nuits de Fourvière, le 30 juillet : comment s’est articulé la programmation pour cet événément ?
Nous avons bien sûr souhaité allier une programmation d’envergure internationale, avec des artistes comme Danyèl Waro ou Celso Piña, qui n’a jamais eu l’occasion de se produire à Lyon mais qui rempli des stades en Amérique Latine, et des représentants de la scène régionale que nous suivons depuis de nombreuses années.

Vous allez aussi être présents sur deux événements du festival Charivari : pouvez-vous nous les présenter ?
Oui, avec le TNP et le CCO Jean-Pierre Lachaize, nous avons imaginé ces deux événements qui valorisent les langues et les musiques du monde, qui sont le reflet de la diversité des cultures présentes dans la ville. Il y aura un bal multiculturel avec le Bal à Bistan et une mise en scène polyglotte du Petit Prince, orchestrée par le TNP.

Les Jeudis des Musiques du Monde
Dans le jardin des Chartreux à Lyon du 7 juillet au 1er septembre

Éclat Final
Au Grand Théâtre de Fourvière le samedi 30 juillet dans le cadre des Nuits de Fourvière