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Working class hérauts

Sleaford Mods + Massicot

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Punk Rap / Groupe le plus énervé d'Angleterre, le duo Sleaford Mods mené par l'inimitable Jason Williamson fracasse le quotidien d'une Angleterre en perdition sur des disques qui oscillent entre rap et punk, désillusion et dérision, minimalisme musical et gueule grande comme ça.

La légende raconte qu'à un concert donné par The Redskins, groupe post-punk trostkiste de York particulièrement versé dans l'antifascisme et l'antithatchérisme et auteur de l'emblématique UnionizeSyndiquez-vous »), le chanteur Chris Dean, sans doute un peu exalté, lança à la foule un vibrant : « mettez-vous en grève ! ». Ce à quoi un membre de l'assistance rétorqua : « Abruti ! Pour se mettre en grève, il faut déjà avoir du travail ! »

Ce type ç'aurait pu être Jason Williamson, de Sleaford Mods, qui chante, c'est lui qui le dit « comme tous les types dans la rue qui se mettent à hurler dans le vide ». Qualifié par The Guardian d'homme « le plus en colère d'Angleterre », Williamson concocte depuis 2013 avec son compère Andrew Fearn – date de la sortie du premier album de cette mouture de Sleaford Mods, un drôle de stew musical pour lequel les tâches sont bien réparties : Fearn fournit les boucles composées de beats et d'une basse bien épaisse qui vous chignolent le bulbe – sur scène, il boit de la bière, une main dans la poche, entre deux clics sur son ordi – tandis que Williamson vocifère un mélange de slam et d'incantations punk.

Apocalypse sociale

À la manière d'un hybride du Mark E. Smith de The Fall et du John Lydon de PIL, projeté dans un territoire musical pelé métaphorisant l'apocalypse sociale, cet ancien ouvrier d'une usine de poulets mâche et remâche son dégoût sur un accent des Midlands à couper au cran d'arrêt.

Sa cible : le quotidien d'une Angleterre gangrenée par le pauvreté et qui a plongé dans le piège du Brexit comme on se réfugie dans l'alcool. Sur English Tapas, il fait ainsi rimer Angleterre HS et B.H.S. dans un parallèle clair comme une pinte de lager avec le sort de l'entreprise British Home Stores, rachetée, déglinguée puis abandonnée par un milliardaire laissant des milliers de travailleurs sans pension tandis qu'il se prélassait sur son yacht (B.H.S.).

Ailleurs, il se moque de l'un des artisans du Brexit, le tartuffe Boris Johnson (Moptop). Reprenant le flambeau politique de groupes comme The Specials ou The Redskins – dont la fin de la grève des mineurs anglais en 1985 brisa l'élan – les Sleaford Mods sont, sur le fond comme sur la forme – énervés et rassérénants, graves et hilarants – le meilleur antidote au néo-thatchérisme rampant de notre époque. Pour Williamson, une sorte d'atavisme à l'envers : il est né à Grantham, comme Miss Maggie.

Sleaford Mods + Massicot
À l'Épicerie Moderne le mardi 24 avril

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