Grand bain musical

Musilac / Vieilles gloires, valeurs sûres, piliers de festoches, jeunes pousses, smoothies de genres, et autres étrangetés à découvrir, le festival lacustre baigne l'été musical d'un éclectisme qui attire les foules comme les amateurs éclairés, jusqu'à les confondre.

Jeudi : old wave

D'une certaine manière, s'il fallait un hymne en ouverture de cette édition 2018 de Musilac, il pourrait consister en trois bouts de refrains se répondant depuis le fin fond des âges 80, quand les uns martèleraient : « I Just can get enough », les autres répondraient « Don't you forget about me » ou « Always the sun ». Car on l'aura compris c'est une soirée très marquée "ressac de la new-wave" que celle-ci, avec Depeche Mode, Simple Minds et The Stranglers – quand bien même les carrières de chacun n'auraient pas résisté d'égale manière au passage du temps. Pour le reste, on notera que J. Bernardt, transfuge des Belges de Balthazar, remplacera numériquement son collègue Warhaus, présent l'an dernier ce même soir, que le rock indé répondra présent avec le Stroke Albert Hammond Jr. (le meilleur d'entre-eux, sans doute), Findlay, et The Mistery Lights et que les amateurs de bizarrerie en auront pour leur compte avec le black metal-gospel-blues de Zeal & Ardor.


Vendredi : thermostars

« Simple, basique » comme dirait Orelsan ? Pas vraiment : dès le deuxième soir, l'éclectisme à tout crin de Musilac s'accentue et s'étire entre scène lac et scène montagne (sans oublier le Korner). Tous azimuts, on retrouvera là, en fonction de ses goûts ou de l'endroit où on se trouve aussi bien le suscité et parfois sulfureux Orelsan que Deep Purple (mettront-ils le feu au lac ?) ; l'incandescent belge (si ça existe !) Oscar & the Wolf et la brûlante diva de l'Arkansas Beth Ditto ; les tièdes Cats on Trees et la très hot Hollysiz ; les volcaniques Fufanu (genre de Joy Division islandais), le blues ardent et abrasif de The Temperance Movement, le crépitant Foa ou encore le bouillant rappeur rouennais Rilès. Bref, un deuxième soir qui derrière l'éclectisme précité ne sera qu'une simple affaire de thermostat.


Samedi : indochinoiseries

Pop (You me at six, Teeers, Charlotte Cardin), hip-hop à spectre large (Nova Twins, Romeo Elvis et l'ancêtre MC Solaar) et électro (les poids lourds Rone et Chloe) viennent teinter cette troisième soirée. Laquelle n'en portera pas moins la marque indélébile de ces increvables Indochine. Indochine dont le tour de force 2018 aura consisté en la transformation capillaire de son chanteur Nicola "Forever Young" Sirkis, passant de sa légendaire toison robertsmithienne à reflets corbeaux à une peroxydation qui le rapproche davantage d'Alex Lutz dans Catherine et Liliane. Une révolution capillaire quasi historique – quel mauvais exemple pour la jeunesse gothique – qui n'aura pas suffi à entamer l'aura d'un groupe – on a vu des fans se braquer pour moins que ça – dont le 13e album, 13 donc, aura littéralement roulé des pelles au sommet des charts. Au point qu'un député LREM cita récemment le compte Twitter du groupe dans sa volonté de rendre hommage aux victimes de la guerre du même nom. En 2021, Indochine aura 40 ans et il est convenu que ce groupe nous aura à l'usure.


Dimanche : attention, ascension

Par dessus une soirée relativement fourre-tout laissant la part belle aux découvertes, de Raqoons à Skinny Lister, de Miles Sanko à Témé Tan en passant par L'Impératrice, on dénombrera quatre poids lourds dont certains sont parmi les meilleurs clients de cette cuvée 2018 de festivals d'été : à commencer par la néo-soul de Her qui risque de résonner avec intensité particulière. Voilà en effet un an que Simon Carpentier l'un des deux membres du duo originel est décédé. Entre temps, l'album de Her est sorti et son compère Victor Solf a décidé de tenir la promesse faite de mener le projet à bien.

Ensuite avec IAM et les pénibles Shaka Ponk deux mastodontes dont le premier viendra comme il le fait depuis un moment fêter les 25 ans de son École du Micro d'Argent. Exception confirmant la règle, un dernier poids lourd, Franz Ferdinand, qui lui, noblesse oblige, n'écumera guère les festivals et mérite donc tout spécialement le déplacement. D'autant que la version live de leur Always Ascending, régénérant dernier album, entrecoupée de tubes maison, constitue un show digne d'une élévation, tant physique que spirituelle. Une sorte d'antidote à Shaka Ponk en somme.


Musilac
À Aix-Les-Bains du 12 au 15 Juillet

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