Terry Riley, retour à l'underground

Terry Riley & Gyan Riley

Amphithéâtre de l'Opéra

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Contemporain / Terry Riley investit l'amphi de l'Opéra Underground pour une date rare et cruciale, à la mesure de l'importance de celui qui acta la naissance de la musique répétitive avec "In C" avant de nouer une relation fructueuse avec le Kronos Quartet.

Vous connaissez tous Terry Riley. Ne serait-ce que pour avoir traînassé un dimanche soir sur votre canapé en matant un épisode des Experts : Manhattan... Baba O'Riley, le générique signé The Who, est un hommage au compositeur de In C, dont les expérimentations ont durablement influé sur la scène rock et plus tard électronique.

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La révélation, au sens spirituel, date de 1964, impulsant l'acte fondateur de la musique répétitive avec la partition de In C, aussi courte - une seule page - qu'influente : elle fera le tour du monde et encore récemment, en 2016, les Nuits de Fourvière accueillaient la version africaine concoctée par Damon Albarn et Africa Express de cette pièce devenue un classique absolu du XXe siècle. Parmi les membres initiaux de l'orchestre l'ayant joué, on note la présence de Steve Reich, son ami, et de Jon Hassell...

Olivier Conan et l'Opéra convient ce compositeur autrefois underground, branché contre-culture, désormais reconnu de toutes les sphères, et cette fois en chair et en os, accompagné de son fils Gyan avec lequel il se produit en duo depuis quelques années : c'est un événement, pas une date anodine, car peu ont été aussi influents au fil de leur carrière que Terry Riley.

Sur la route de l'Inde

Car In C n'est qu'une étape dans sa prolifique carrière, qui le vit débuter aux côté de La Monte Young, œuvrant à la conception de musiques accompagnant les chorégraphies de Anna Halprin et du San Francisco Dancer's Workshop, dont ils sont tous deux les co-directeurs musicaux en 1959 et 1960.

The Four-legged Stool, en 1962, fera scandale : à Rome, se battront même les spectateurs assistant aux tâches de la vie quotidienne empilées sur scène comme des boucles, comme celles de la musique de Riley, dont le Mescalin mix à base de bandes magnétiques fusionne avec la chorégraphie.

« Dans l'âge électronique, la musique rompt ses attaches avec l'écriture linéaire et les représentations visuelles, elle jette par-dessus bord les obsessions de structuration, reconquiert toute l'étendue du domaine sonore, fluide et grouillant » écrit Jean-Pierre Lentin, le critique rock d'Actuel, dans le numéro de mai 1973. Terry Riley est de ceux qui ont largué les amarres, s'inspirant aussi bien des expériences électroniques de John Cage sur Imaginary Landscape, que du jazz - on pouvait dans les sixties croiser Riley à Pigalle, reprenant des standards avec le futur Soft Machine, David Aellen.

Relation fusionnelle

En 1970, il enregistre avec le fraîchement débarqué du Velvet, John Cale, un disque baptisé Church of Anthrax, croisant rock et minimalisme. Avant de partir en Inde étudier avec Pandit Pran Nath (comme plus tard Charlemagne Palestine), ce qui entraînera à son retour des concerts pouvant durer toute la nuit, inspirés de ces virtuoses Indiens jouant un raga non-stop. Il composera ensuite plus d'une vingtaine d'œuvres pour le Kronos Quartet, basé comme lui à San Francisco, qu'il rencontre au Mills College où il enseigne. Et reprend le piano - sa formation initiale, en 1982, instrument qui lui permet plus de nuances et de variétés de rythmes que le magnétophone. Désormais moins radical et plus mélodique, très spirituel et fortement inspiré par l'Inde, Terry Riley continue de s'exercer chaque jour avec des ragas.

Gyan, lui, n'est pas que le fils : c'est un guitariste accompli qui a croisé la route de John Zorn et du percussionniste indien Zakir Hussain. Improvisateur hors-pair, il a noué une relation que l'on nous annonce fusionnelle avec son père, 83 ans, sur scène : vous devriez déjà avoir réservé votre place pour ce récital où l'improvisation devrait avoir autant de place que l'interprétation des compositions récentes du maître.

Terry & Gyan Riley
À l'Opéra Underground le jeudi 27 septembre à 20h

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