Built to Spill : secrets d'Histoire

Built to Spill

Ninkasi Gerland

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Indie Rock / Groupe essentiel des années 90 à la discrétion assumée, Built to Spill a pourtant souvent joué dans la cour des grands de l'indie-rock. À l'image de l'indispensable "Keep it like a Secret" dont le groupe de Doug Martsch vient fêter les vingt ans sur la scène du Kao.

Si Built to Spill n'a jamais bénéficié de la postérité tapageuse de nombre de ses collègues de l'école indie rock post-grunge du milieu des années 90, c'est sans doute parce que son leader Doug Martsch, pourtant passé maître dans les joutes noisy à visée mélodique, s'est toujours livré à une interprétation littérale des commandements implicites liés à d'apocryphes tables de la loi de l'indépendance.

Exemples : charisme en demi-teinte baissant la tête et donc discrétion confinant au culte du mystère ; nom ad hoc, à coucher dehors et taillé pour l'indifférence tout à la fois malgré sa signification fumeuse (« construit pour répandre », la bonne parole ?) ; conception sacerdotale de son art mélodico-bruitiste digne d'un Neil Young et doublée d'un certain goût pour l'ermitage dans une contrée qui, à l'inverse de New York, San Francisco, Seattle, Boston, n'a jamais laissé filtrer le moindre éclat de glamour rock'n'roll, ni enfanté la moindre école de pensée : Boise, Idaho.

Dieu sait pourtant, lui qui aime tant le rock à guitares, combien important est Built to Spill au panthéon de ces années-là – et l'est d'ailleurs toujours puisqu'en dépit de quelques changements de roster, le groupe n'a jamais interrompu ses activités dans le sillage du grand Martsch.

Vingt ans après

Une série d'albums en attestent, comme le tortueux Perfect from Now, troisième essai se démarquant des deux premiers par sa complexité. Mais aussi et surtout son successeur, comme revenu aux bases initiales au moment même où la grâce frappait dans le mille. Keep it like a Secret, dont le titre proverbial semble encapsuler l'essence même de Built to Spill pour mieux la répandre, est l'un de ces albums rock aussi parfaits qu'un coup du destin, brillant justement par ses imperfections en une bancalité qui en fait toute la variété.

Où une rage laidback côtoie une douceur mélodique que la pudeur empêche d'assumer complètement, comme la combinaison parfaite d'une loterie à laquelle on aurait joué malgré soi, un coup de bonneteau qui ne réussit qu'une fois, un alignement d'étoiles miraculeux. Selon la manière dont on l'écoute la chose rappelle aussi bien Pavement que The Shins, Foo Fighters que Death Cab for Cutie, Mercury Rev que Pixies – la liste, dont les connaisseurs mesureront l'étendue du spectre, pourrait continuer longtemps.

Si Built to Spill a livré depuis nombre de disques souvent impeccables, c'est bien cet album pivot que le groupe de Boise, plutôt rare sous nos latitudes, vient de nouveau présenter sur scène pour fêter ses vingt ans. L'occasion pour les fans, qui auront eux-mêmes à nouveau vingt ans pour un soir, de transmettre à ceux qui l'ignoraient un secret trop lourdement gardé qui mérite d'être partagé dans les grandes largeurs.

Built to Spill
Au Kao le mercredi 29 mai

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