Sylak hisse le drapeau noir

Sylak Open Air / Terre d'accueil du rock dur et cinglant depuis bientôt une décennie, le Sylak Open Air accueille cette année un monument du punk hardcore californien, porte-drapeau des idéaux DIY et contestataires du genre : le très culte Black Flag.

En dépit de l'unanimité faite autour de la bonhomie intrinsèque du fan de hard-rock qui cache derrière ses longs poils, ses tatouages et ses t-shirts appelant à la déchéance du Christ et la démission de Dieu, un cœur de nounours rigolard qui aime son prochain et montrer ses fesses, il ne semblera étonnant à personne qu'au milieu des Severe Torture, Insanity Alert, Burn your Karma, Apocalyptica et Hate – non, la « bienveillance » macronienne n'a pas encore phagocyté l'onomastique des patronymes metalleux, c'est toujours ça de sauvé –, ne flotte pas soudainement un drapeau blanc.

C'est même un drapeau noir qui trônera au centre de la programmation 2019 de la messe sonique de Saint-Maurice-de-Gourdans, ce mini Hellfest aindinois. Noir comme l'anarchie, noir comme la piraterie, noir comme le souvenir. Noir comme la musique déchirante de Black Flag, jadis fief de l'icône Henry Rollins, ancien fan ayant mené une OPA hostile sur le micro du groupe en 1981. Entre une date au Jake's Sports Cafe de Lubbck, Texas, et une autre au Howlin' Wolf de la Nouvelle Orléans, Black Flag viendra en effet se planter au Stade Régis-Perrin du village de l'Ain, en bon symbole d'une démarche indé do it yourself qui ne se rend pas mais n'est pas plus encline à mourir pour autant.

Arc-en-ciel hardcore

Au moment de sa création, en 1977, Black Flag est peut-être de l'autre côté de l'Atlantique, ce qui se rapproche le plus des Sex Pistols – le marketing et la rouerie en moins – et son premier disque est immédiatement jugé immoral par sa maison de disques qui refuse de le publier et lui interdira un temps d'utiliser son propre nom. Le groupe passe ensuite, en dépit des critiques, par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel hardcore, ne tardant pas à expérimenter des influences free jazz – une hérésie.

Le groupe, culte s'il en est, est productif – à raison d'un album par an mais se sépare dès 1986. Il aura duré moins de dix ans dont cinq avec Rollins au micro. Les reformations seront toujours éphémères, parfois en ordre dispersé et toujours sans Rollins. Aucune chance donc de revoir ce poète punk sur scène avec ses anciens compères – Mike Vallely l'a remplacé au micro. De Black Flag il ne reste d'ailleurs que le fondateur et guitariste Greg Ginn, véritable génie de la lampe du groupe californien et gardien du temple ayant reformé le bousin pour de bon en 2013, toujours aussi agité qu'un drapeau noir un soir de révolte.

Black Flag
Au Stade Régis-Perrin de Saint-Maurice-de-Gourdans (Ain) le samedi 3 août

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mercredi 24 juin 2015 Déjà la cinquième édition du Sylak Open Air, et toujours aucune baisse de tension en vue. Le petit frère bressan du Hellfest, la grand-messe (noire) des (...)
Jeudi 26 juin 2014 A Saint-Maurice sur Gourdans, on ne badine pas avec les nuisances sonores. Preuve en est de la «règle de bon voisinage» suivante, lisible sur le site de (...)
Mardi 18 février 2014 3 RDV nocturnes à ne pas manquer cette semaine : l'apéro Jay Reatard de Teenage Hate Records, la soirée d'annonce du Sylak Open Air et lancement de la revue "Fiction". Benjamin Mialot
Mercredi 19 juin 2013 Si le désœuvrement et l'ennui sont, comme l'histoire des musiques amplifiées n'a cessé de le démontrer, à l'origine des initiatives sonores les plus bruyantes, (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X