À la découverte du funk soudanais

Ils ont fui le Soudan dans les années 80, d'où cinq d'entre eux sont originaires, pour se réfugier à Londres, loin des fondamentalistes musulmans qui agitaient ce pays dont le dictateur Omar al-Bachir, qui dirigeait le pays depuis 1989, a fini part tomber en ce début d'année, victime à son tour d'un coup d'État militaire après trois mois de manifestations populaires visant à protester contre le coût de la vie - et non parce qu'il fût le premier chef d’État en exercice à faire l'objet d'un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide... Et dans la capitale du fog, loin de ce conflit autrement plus violent que le Brexit, les futurs membres de The Scorpios ont poursuivi leur quête d'un funk mêlant percussions soudanaises traditionnelles et riffs de guitare calorifère à la JB's.

Vintage

Le septet formé avec le guitariste anglais Adam Bulewski a publié en 2017 un premier album éponyme sur le label Afro7, où la revitalisation de sons ancestraux a fait vibrer les amateurs de global groove tel un Gilles Peterson qui en a aussitôt fait l'un de ces coups de cœur : incandescent et mélodique, parfois rêche et hypnotique comme sur Gamar Alsebou, le son de The Scorpios sonne souvent 70's, vintage, et l'on ne sera pas étonné d'apprendre que la chanteuse Regia Ishag avait un papa lui-même musicien dans un groupe de cette époque du swinging Khartoum nommé... The Scorpions.

Incroyable machine à danser, le plus récent single Mashena, enregistré en 2018 dans les studios Abbey Road et cover d'un vieux classique soudanais signé Al-Balabil en est l'illustration, porté par la voix grave de Regia faisant contrepoint à la mélodie aérienne de la flûte. On peut s'attendre ce samedi à de longues tourneries enivrantes et funky dans un sous-sol de l'Opéra qui accueille désormais ces sessions live des Black Atlantic Club du DJ James Stewart : revitalisant.

The Scorpios
À l'Opéra Underground le samedi 28 septembre