Le Doolittle des Pixies est grand

Pixies

Radiant-Bellevue

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Indie Rock / S'ils viennent promouvoir au Radiant leur troisième album post-reformation, toujours amputé de la bassiste Kim Deal, les Pixies fêtent surtout cette année les trente ans de leur chef d'œuvre Doolittle, mètre-étalon immortel de rock foutraque qui a enterré jusqu'à ses émules.

Il est des monuments qui jettent des ombres indélébiles jusqu'à l'infini, des disques dont le ballet des modes ne suffit pas à raboter la pertinence sans cesse renouvelée. Doolittle, troisième album des Pixies est de ceux-là, qui fête ses trente ans cette année sans la moindre ride.

Lorsqu'il paraît en 1989, les Pixies menés par un certain Black Francis et une bassiste qui se fait appeler Mrs John Murphy ont déjà fait paraître deux joyaux bruts dont le fracas proto-grunge peine à masquer le potentiel tubesque (s'y bousculent comme on pogotte Caribou, The Holiday Song, Gigantic et le futur hymne de l'Apocalypse selon Saint-Fincher Where's my Mind ?).

Mais là, comme par enchantement, comme si la foudre pouvait faire jaillir la grâce, le post-ado obèse à l'inimitable timbre de goret traqué et l'amazone hululante de l'Ohio semblent aligner leurs planètes au cordeau à mesure qu'ils désaxent leurs humeurs. Car s'ils ne coécrivent que l'ultime titre du disque, l'apport de Deal est primordial, qui donne souplesse et élasticité à la rage frontale de son acolyte-Nemesis – et parce qu'il est entendu que les grands disques de rock naissent des plus vigoureuses frictions.

Ratatouille

Des éclats de ce silex relationnel jaillit une invraisemblable ratatouille où les cavalcades épileptiques des premiers temps (Crackity Jones) partagent l'affiche de ritournelles pop qui semblent séquestrer les Beach Boys dans un garage avec obligation de s'accoupler à des mariachis (Here Comes the Man) ; où le débord d'énergie quasi mortifère (Wave of Mutilation) a pour contrepoint une tendance à la narcolepsie somnambule (Hey, Silver) ou la désinvolture la plus sincèrement avachie (La La Love You).

Où les saillies surréalistes (Debaser qui ouvre le disque comme on éventre) jouent des coudes avec les références bibliques (Dead, Gouge Away) ; la chronique des oubliés de la fortune (Mr. Grieves, Tame) côtoie la prophétie d'une catastrophe écologique (l'immense Monkey Gone to Heaven, assorti d'un subliminal quatuor à cordes).

Aussi cryptique en son propos qu'évident dans sa facture, Doolittle est tout et son contraire : une célébration abracadabrantesque, un hymne à l'enjoy et une fête des morts (mais mexicaine), une œuvre terre-à-terre et un trip haut perché, un climax et le chant du cygne qui l'accompagne. Et résonne encore aujourd'hui de sa folâtre mélancolie.

Pixies
Au Radiant-Bellevue le dimanche 20 octobre

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