Du beau, du bon, du Le Bon

Cate Le Bon

Grrrnd Zero Vaulx

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Pop / C'est dans le sillage de son complice Bradford Cox (Deerhunter) que Cate Le Bon débarque à Lyon, Reward sous le bras et solitude en bandoulière, dont cet album est le sublime fruit cathartique.

C'est à croire que ces deux là ne se quittent plus : une semaine après que Bradford Cox est venu, avec Deerhunter, chavirer le cœur de l'Épicerie Moderne, voici qu'arrive en ville sa complice Cate Le Bon. Celle-là même qui apparaît sur le dernier disque de la bande à Cox qui lui-même vient s'inviter sur un EP à deux voix composé par la Le Bon et paru à l'aube de novembre : Myths 04, produit d'une résidence au festival texan Martha Myth.

C'est en réalité à cette occasion que ces deux étranges tourtereaux se sont apprivoisés entre complaintes tortueuses et cabinet de curiosités. Là que Cox a réalisé ce que pouvait apporter à son Why hasn't everything already disappeared ?, cette égérie pro-active de la pop d'avant-garde, dame du lac indie radicalement inspirante mais à complet rebours des muses évanescentes du temps jadis dont la beauté et le charisme singulier venaient éclairer les élans créatifs des mâles alpha du cirque pop – les femmes productrices ne se comptent pas en dizaines.

Ce qui fascine chez la Galloise, outre sa capacité à patiner le talent des autres, c'est sans doute ce pouvoir de réinvention, cette propension à déposer les armes entre chaque album pour repartir au combat en tenue d'Eve, à filer dans le zig quand on la pense dans le zag, bref, à surprendre toujours, à commencer par elle-même.

Claviers et design mobilier

Ainsi sur son dernier album, Reward, véritable contre-pied (de nez) pour ne pas dire sublime grand pont (suspendu), à l'excellent Crab Day. Un disque du renouveau bâti en retraite dans le comté de Cumbria, à même la lande, comme excroissance d'une soudaine passion pour... le design mobilier, élément structurant d'un disque intégralement composé aux claviers.

Si son enregistrement californien a vu passer quelques figures illustres (Kurt Vile, subliminal, Stella Mozgawa (Warpaint), Josh Klinghoffer (Red Hot Chili Peppers)), Reward est un disque de louve solitaire, une œuvre de réclusion qui convoque esprit DIY néo-folk et préciosité baroque-pop, élans contemporains et saillies jazz, manières arty et gestes premiers.

Et l'on s'étonnerait presque d'y voir se dessiner une parentèle si riche – à situer entre la gravité ténébreuse de Nico, l'inquiétante excentricité d'une Kate Bush et la versatilité berlinoise d'un Bowie – tant Reward est la récompense d'une plongée en soi-même. Qui semble nous rappeler combien précieuse peut être la solitude – cette irréfragable malédiction existentielle – dans la sublimation paradoxale de notre rapport au monde.

Cate Le Bon
À Grrrnd Zero le mercredi 20 novembre

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