Passer chez Andy Shauf

Andy Shauf + Molly Sarlé

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Pop Folk / Retour en ville (enfin à Feyzin) de l'orfèvre pop canadien Andy Shauf dont "The Neon Skyline" joue la carte de l'épure comme pour surligner en creux la puissance d'évocation d'une écriture subtile portée par un regard perçant.

Toujours surprenant, c'est en abandonnant les pluies de violons qui, sur The Party (2016) avaient contribué à l'élever sur l'échelle des songwriters nord-américains, qu'Andy Shauf trouve, dans l'épure – toute relative – de The Neon Skyline, nouvelle matière à sophistication. Ne résumant jamais la simplicité au simplisme, mais au lieu de cela, la livrant à cette paradoxale complexité, qui une fois de plus le rapproche d'un cousin de cœur : Elliott Smith.

Reste que la mélancolie à l'œuvre chez Shauf est bien plus primesautière, pour ne pas dire malicieuse, dans une expression parfois tongue-in-cheek qui rappelle le grand enfant que pouvait être John Lennon quand il quittait cinq minutes son costume de messie pacificateur alité. Ou même Paul Simon qui aurait pu sans mal signer le morceau titre qui ouvre l'album ou ce Try Again au phrasé si proche du sien.

Surtout, en dépouillant ces compositions de leurs possibles fanfreluches Shauf laisse son art consommé de la narration prendre toute la lumière – aptitude qui le place dans le sillage d'autres grands conteurs de l'instant : Randy Newman et bien sûr le noveliste ultime, Raymond Carver.

Derrière le comptoir

Comme sur The Party, il s'agit encore une fois de dérouler le temps d'un disque une tranche de vie, chaque morceau faisant office de nouvelle intertextuelle. Et, une fois encore, de faire le récit d'une soirée alcoolisée, les rencontres qu'on y fait, les discussions qui la ponctuent, les visions fugaces auxquelles on accède comme autant de moments de grâce ou de mini-effondrements (lorsqu'une ex débarque).

À ceci près que sur The Party – dont on retrouve ici certains des personnages –, chaque chanson adoptait le point de vue d'un convive quand ici Shauf se met dans cette position d'observation participante propre à tout un pan de la sociologie moderne : derrière le comptoir du bar qui donne son titre à l'album.

Car il y a bien quelque chose chez Shauf qui touche délicatement à la sociologie. Mais une sociologie des sentiments qui nous rend ces histoires immédiatement familières, tant elles parlent un peu – beaucoup – de chacun de nous. Comme si nous étions présents, acteurs de ces/ses histoires. Comme s'il allumait la lumière nous invitant à entrer chez lui alors même qu'on passait là par hasard. Éclairant cette idée que les meilleurs soirées – et les meilleurs instants de vie – sont parfois celles et ceux qu'on n'avait pas prévus de vivre.

Andy Shauf + Molly Sarlé
À l'Épicerie Moderne le vendredi 13 mars

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