Un non-festival pour Superspectives

Musique Contemporaine / À peine embarqué dans sa deuxième édition que paf !, le coronavirus oblige le festival de musique contemporaine Superspectives à revoir ses plans et son programme, sous la forme, du 27 juin au 11 juillet, d'un non festival qui ressemble quand même sacrément à un oui festival. On démêle tout ça.

C'est qu'il faut en avoir de l'imagination ces temps-ci, quand on tient une petite entreprise de lives musicaux, fut-elle ponctuelle. Car alors que théâtres et cinémas rouvrent dans une ambiance mi-exaltée, mi-chien de faïence (allez donc reconnaître avec un masque le cinéphile immunisé ou le théâtreux asymptomatique du quidam infecté (et inversement)). Mais comme dans la culture l'imagination, montée à l'huile de coude, c'est pas ça qui manque eh bien on continue de s'adapter. Exemple : après (ou plutôt pendant) Jazz à Vienne et son "édition limitée", voici le non-festival Superspectives.

Festival de musique contemporaine tout ce qu'il y a de plus classique, si l'on peut dire, face à la super perspective d'une cinglante annulation de cette deuxième édition seulement, c'est donc bien un non événement, pourtant bien riche, qui s'annonce à La Maison de Lorette, propriété des Œuvres Pontificales Missionnaires qui abrita Pauline Jaricot (en passe d'être béatifiée, c'est dire si l'été sera chaud) et s'est mué en lieu d'ouverture au monde.

La chose a débuté comme prévu le 27 juin mais a pris une forme différente en matière de programmation. Entièrement en plein air, Superspectives a proposé en deux parties, le samedi 27 juin et le lendemain, les Vexations d'Erik Satie telles que créées par John Cage en 1963 – 70 ans après sa composition – autour de la répétition (840 fois) du même motif musical. Un marathon autour de la notion d'immobilité (ben ouais, forcément) assurée en relais par plus d'une dizaine de pianistes.

Vinyle Club

La suite se poursuivra à partir du mercredi 1er juillet tous les jours, sauf les lundi et mardi, jusqu'au samedi 11. Avec un immuable Superspectives Vinyle Club de 15h à 18h qui déclinera chaque jour des thématiques oscillant entre un sujet de philo du bac option musique et la blague pour initiés, tels que "Musique intime", "J'ai creusé en Afrique et j'ai trouvé de l'or", "L'improvisation. Exploration de tous les sens possibles de l'art – ô combien noble – d'enregistrer l'imprévu sur disque", "Easy listening, vraiment ? Que peut-il y avoir de si coupable dans un disque qui "s'écoute bien" ? La musique d'ascenseur n'est peut-être pas celle qu'on croit !", ou encore "Minimalisme. Promis, on essaiera de ne pas se répéter !" (quand on connaît le genre, celle-ci est bien bonne, soit dit en passant.

Chaque jour, sauf le dimanche, le Vinyle Club sera suivi dans la soirée d'un événement : visite de la Maison Lorette avec l'architecte Didier Repellin (le 1er et 3 juillet) ; performance de danse contemporaine (le 2) ; concert (Le Köln Concert de Keith Jarrett interprêté par le pianiste François Madirossian, le 4 jullet) ; mystérieuse Session Phoenix ; récital (Piano-Flûte autour de d'oeuvre de Glass, Pärt, Connesson...) et même un hommage à Thelonious Monk le 11 juillet, où un set de DJ Tom sonnera le non glas des non festivités.

À noter également à 22h les deux jeudis, une séance de ciné sous les étoiles et sous le signe de l'Espagne des années pré-Movida avec Los Santos Innocentes de Mario Camus (1984) et El Sur de Victor Erice (1983). Le programme reste à compléter mais il est permis de réserver dès à présent, histoire de remettre en (su)perspective l'empêcheur d'écouter de la musique en rond en live et en travers (ou sous d'autres formes) qu'est devenu le coronavirus.

Superspectives
À la Maison de Lorette du 27 juin au 11 juillet

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